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1909• Quelques chiffres vertigineux sur les opinions des citoyens américains sur leurs institutions centralisatrices, et l’interprétation qui en résulte d’une dynamique centrifuge qui menace évidemment la cohésion, sinon l’existence de l’‘Empire’, ou du “Blob” selon la dernière expression trouvée. • Le sentiment général est celui d’un souhait d’un retour en arrière, vers l’Amérique que décrivit Tocqueville en 1835, avant que le ‘Progrès’ n’engendrât l’hubris impérialiste jusqu’aux folies impériales et mortelles d’aujourd’hui.
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Un auteur chevronné, Jeffrey Tucker, publie dans ‘Epoch Times’ (repris complet par ‘ZeroHedge.com’) un article ambitieux sur l’évolution de l’état d’esprit des Américains à la lumière de leurs jugements sur les institutions de la République, déterminés par une enquête statistique que Gallup vient de publier. Il s’attache particulièrement au sort de cet ex-“Quatrième Pouvoir” qu’est la presse, devenue presseSystème pour nous. Pourquoi ce choix ? Parce que la presse est bonne dernière dans ce catalogue alors qu’elle était première en 1972-74 (époque du Watergate), et que ce résultat, avec d’autres qui le renforcent, permet effectivement d’apprécier un réel changement dans l’attitude des citoyens.
Il est bien entendu naturel que Tucker commence par le phénomène qui met en évidence l’effondrement de la presseSystème : le succès phénoménal de journalistes-vedettes qui ont choisi leur indépendance et créé leur propre chaîne d’information. Il s’agit bien sûr de Tucker Carlson, mais aussi de Megyn Kelly, tout aussi conservatrice que Carlson, totalement indépendante après être passée à Fox News et à NBC, et qui s’impose actuellement avec un brio exceptionnel sur sa propre chaîne.
« En écoutant une interview de la journaliste Megyn Kelly, j’ai été surpris d’apprendre que sa société de médias privée bat les réseaux traditionnels en termes de trafic et d’influence. Elle compte six employés. Lorsqu’elle a été licenciée par NBC en 2018, elle a cru que c’était la fin de sa carrière. Elle a été tentée de s’enfermer dans des replis sombres de son esprit. Mais elle a rebondi avec sa propre société de radiodiffusion et n’a jamais été aussi heureuse ni aussi influente.
» Le même parcours a été suivi par Tucker Carlson, dont le réseau est gigantesque et dont l’influence dépasse de loin les sommets qu’il a obtenus chez Fox à l’époque. Je n’ai aucune connaissance directe du nombre de personnes qui travaillent pour sa chaîne personnelle, mais il est raisonnable de supposer qu’il n’y en a pas plus d’une douzaine.
» Tout le monde connaît le succès et la portée de l’émission de Joe Rogan. En dehors de cela, il y en a plusieurs milliers d’autres qui ont de l’influence dans leurs propres secteurs de travail. La part d’influence dominée par les réseaux traditionnels semble chuter de façon spectaculaire. Vous pouvez détecter leur influence dans cette saison électorale où les candidats travaillent sur le circuit des podcasts.
» On pourrait attribuer cela à la technologie : tout le monde a désormais la capacité de créer du contenu et de le distribuer. Par conséquent, bien sûr, les gens le font.
» La réalité est cependant plus compliquée.
» Une nouvelle enquête de Gallup offre un aperçu intrigant.
» Les derniers sondages montrent que la confiance dans les principaux médias est au plus bas. Elle est passée d’un sommet de 72% après le Watergate en 1976 à 31% aujourd’hui. Il s’agit d’une chute énorme, impossible à rejeter comme un simple changement technologique. Parallèlement à cela, le sondage fait état de pertes dramatiques de confiance dans le gouvernement et essentiellement dans toutes les institutions officielles.
» La perte de confiance a touché toutes les tranches d’âge, mais affecte plus profondément les personnes de moins de 40 ans. Ce sont des personnes qui ont grandi avec des alternatives et ont développé une compréhension sophistiquée des flux d’informations et se méfient profondément de toute institution qui cherche à contrôler la culture publique.
» Commentaire de Gallup : “Les médias d’information sont le groupe le moins digne de confiance parmi les 10 institutions civiques et politiques américaines impliquées dans le processus démocratique. Le pouvoir législatif du gouvernement fédéral, constitué du Sénat et de la Chambre des représentants des États-Unis, est aussi mal noté que les médias, avec 34% de personnes qui lui font confiance.”
» En revanche, “la majorité des adultes américains expriment au moins une assez grande confiance dans leur gouvernement local pour gérer les problèmes locaux (67%), dans leur gouvernement d’État pour résoudre les problèmes de l’État (55%) et dans le peuple américain dans son ensemble lorsqu’il s’agit de porter un jugement dans le cadre de notre système démocratique sur les problèmes auxquels le pays est confronté (54%)”. »
Cette évolution centrifuge des citoyens US vers les pouvoirs régionaux et locaux constitue un tribut rendu à ces pouvoirs, et une condamnation sans appel de l’approche “impériale” et de la politiqueSystème du centre washingtonien. Il s’agit, dans les faits d’une délégitimation du centre détaché des intérêts de ses mandants et de plus en plus tournés vers la globalisation. Cette tendance renforce objectivement le courant de la multipolarité ramené à la dimension de l’énorme pays que sont les USA.
Par rapport à l’histoire des USA, il s’agit d’un mouvement de retour à l’Amérique originelle, celle au moins d’avant la guerre de Sécession et de l’‘industrialisation’ à outrance du pays ; un retour au démocratisme localiste que prônait Jefferson. Cela nous vaut ce commentaire de Tucker :
« Il semble, d’après ce sondage, que, dans le cœur et l’esprit des gens, nous revenions par défaut à l’Amérique d’Alexis de Tocqueville, un réseau de communautés autonomes d’amis et de voisins plutôt qu’un monolithe géré et contrôlé de manière centralisée. Plus les institutions s’éloignent de l’expérience directe des gens, moins on leur fait confiance. C’est ainsi que cela devrait être, même en faisant abstraction d’autres considérations. »
...Mais les « autres considérations » jouent néanmoins un rôle considérable, correspondant à l’importance que le facteur de la communication de l’information a pris dans la détermination de la politique jusqu’à être la politique même. Cette situation a une valeur exemplaire pour le reste du monde, qui se détermine par rapport à la culture américaniste/américain, – qui pour se soumettre à elle, qui pour la défier à mort...
Pour s’en expliquer, Tucker revient à la question de l’effondrement de la presseSystème et nous donne quelques précisions très intéressantes montrant qu’un facteur politique essentiel a joué un rôle-moteur dans l’orientation générale de l’information et de la communication. Ce facteur politique a permis au besoin de distanciation et de réorientation du sentiment du public de trouver de quoi réaliser cette sorte de sécession de la communication qui permet d’envisager une sorte de “retour à Tocqueville”.
« Dans ce cas, les facteurs causaux ne sont pas seulement la distance ni la technologie qui permet des alternatives. Les médias traditionnels sont si agressivement partisans depuis au moins neuf ans qu’ils ont aliéné de vastes pans du public. Les dirigeants sont au courant de ce problème depuis très longtemps et ont travaillé pour le résoudre, mais ils subissent une énorme pression de l’intérieur, de la part de journalistes et de techniciens diplômés d’Ivy League et dévoués à l’idéologie woke.
» Le New York Times (NYT) a tenté après 2016 de réparer les dégâts causés par une gestion et une élection si maladroites. Il a embauché de nouveaux rédacteurs et auteurs, mais ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne soient chassés, rappelant ainsi à ses dirigeants qu’une révolution culturelle était en cours et que le personnel définissait la politique du journal.
» Le NYT est revenu par défaut à une partisanerie extrême, laissant les propriétaires et les dirigeants trouver d’autres moyens de maintenir leur rentabilité.
» En conséquence, il semble qu’une industrie entière soit en train de s’effondrer de manière prolongée sans solution disponible. Un large public s’en est détourné pour se tourner vers des alternatives qui ne sont pas nécessairement partisanes de l’autre côté, mais qui affichent simplement un dévouement à raconter des faits et des vérités qui intéressent réellement les lecteurs. »
Ce qui est singulièrement important dans ces observations, et qui apparaissaient déjà dans le récent article sur le New York ‘Times’ que nous avons publié, c’est la façon dont la direction du journal, – les hauts dirigeants et les propriétaires, – a complètement perdu toute autorité et toute capacité d’action sur l’orientation de sa politique éditoriale. La révolution culturelle des Woke avec ses diverses facettes (LGTBQ, Critical Race Theory[CRT]) s’est faite par le prolétariat de l’intellectualisme, par l’embrigadement universitaire, ce qui conduit tous les nouveaux journalistes évidemment péchés dans les universités, depuis les années 2010, à pratiquer un activisme de terreur qui leur donne un véritable pouvoir au sein des rédactions, sans alternative possible.
Ce ne sont donc pas les propriétaires des grands groupes qui ont initié la révolution culturelle, mais eux qui en sont les prisonniers après avoir pris le pouvoir dans leurs journaux depuis la révolution du “manifeste Powell” contre le gauchisme des années 1960, – pour en être dessaisi par les gauchistes-Woke nés du “gauchisme des années 1960”. Cette situation, outre l’énorme paradoxe qu’elle nous décrit, est de l’ordre de la rupture pour la presseSystème du fait du nombre d’ impasses constatées. Elle alimente par voie de conséquence les indépendants type Carlson-Kelly qui sont le plus souvent des adversaires de la centralisation et de la globalisation, et par conséquent des renforts constants pour le mouvement centrifuge qui nous est décrit.
Plus encore, les structures bureaucratiques du gouvernement ont elles-mêmes suivi la dynamique-CRT et l’ont projeté aussi bien dans les centres d’influence que comme sources privilégiées de journalistes sortis fraichement éduqué LGTB-CRT des universités américanistes. C’est donc un front commun puissant de transformation du “Blob”, qui implique toutes les structures gouvernementales (un ‘DeepState’ plus large que le ‘DeepState’ puisqu’il comporte une composante culturelle avec les universitaire-CRT, et bien entendu en décomposition beaucoup plus avancée).
Note de PhG-Bis : « J’avoue ne pas me souvenir de la première fois où j’ai entendu ou lu ce mot pour désigner cette énorme masse à la fois bureaucratique, idéologique et prédatrice qui forme l’ensemble de la direction-orientation de l’‘Empire’, – sorte de Système porté à l’extrême de son processus de décomposition vers l’autodestruction. Le terme ‘Blob’ est largement employé dans l’interview de Miranda Devine par Tucker Carlson. Pour plus de clarté, voici une définition officielle de la chose originelle, indiquant bien que le blob ne se forme que sur ce qui estr en décomposition : “C'est un organisme vivant d'aspect gélatineux ou compact. On peut en trouver sur les troncs d'arbres en décomposition, sous l'écorce ou les feuilles mortes de la litière comme c'est le cas pour Physarum polycephalum.” »
Au fond, l’on pourrait dire que ce qui est désormais le fort bien-nommé “Blob”, en devenant plus complètement embrouillé et ligoté dans ses divers mouvements déconstructifs et contradictoires en même temps, a fait faire un pas de géant au dégoût des citoyens courants et à l’impuissance exceptionnelles de leurs élites-zombie.
Mis en ligne le 19 octobre 2024 à (15H05)
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