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2517Une question se pose aujourd’hui, rarement abordée et pourtant si importante : si l’on compare avec la victoire de Trump de 2016, la différence est considérable dans les réactions de l’opposition, pourtant chauffée à blanc durant huit ans : pourquoi cette retenue ou cette absence ? Qui plus est, l’on observera que c’est plutôt une surprise : on attendait en général, en cas de victoire de Trump, une réaction violente immédiate de ses adversaires, comme en 2016 mais plus violente qu’en 2016.
Il y a plusieurs réponses possibles, dont celles de la lassitude ou du changement d’attitude des opposants. Ces deux cas sont plutôt de nature “apaisée”, et c’est pourquoi nous les avançons en premier, – pour les écarter, parce que notre hypothèse est qu’une telle tension des huit dernières années ne peut s’apaiser sur la simple vertu d’un vote, fut-il remarquable. Si cela est la vraie démocratie, tant mieux, et alors disons aussitôt que la vraie démocratie est du domaine du rêve, de la ‘Fantasy’ et rien d’autre.
Notre hypothèse est plutôt, et avec quelle force, que la gauche progressiste-globaliste était certaine de l’emporter, – ce segment du monde politique vit dans une narrative/un simulacre d’une puissance consécutive à la faiblesse des psychologies, – puissance à ne pas croire ! Elle a par conséquent subi un choc d’une violence extrême dont le premier effet est le désarroi et l’battement dans les actes. Des rancœurs et des désaccord internes se sont exprimés, notamment à Hollywood où l’on est si sensible à l’image, au simulacre et aux paillettes pour des millions de dollars. Ce qui commence à se dessiner, par contre, serait la préparation, donc la possibilité d’une action sur un terme plus long et beaucoup plus en profondeur, sur des matières politiques qui dépassent largement, d’un point de vue structurel, la rage et la haine qui furent notre menu..
Nous prenons un cas exemplaire qui vient d’apparaître : une idée de sécession assez originale.
Une élue au Sénat de la législature de l’État de New York, la sénatrice d'État Liz Krueger, démocrate et Afro-Américaine de la ville de New York, bien entendu farouchement antitrumpiste, propose une sécession de quatre États (New York, Connecticut, Massachusetts et Vermont) et un rattachement au Canada. En septembre, elle écrivait ceci :
« Je sais que le Canada a essentiellement dit : “Oui, nous ne vous laisserons pas tomber s’il gagne [le monstrueux personnage à la coiffure orange].” Pour ce qui concerne les individus, ils l’ont essentiellement fait savoir clairement. C’est pourquoi je me suis dit : “Oh, pourquoi dois-je quitter ce pays ? J’aime ce pays, et si Trump remporte un deuxième mandat, ce n’est pas vraiment ma faute ou celle des habitants de New York”. J’ai donc pensé que je suggérerais au Canada qu’au lieu que nous essayions tous de traverser illégalement la frontière la nuit sans qu’ils s’en rendent compte, ce qui est assez difficile parce que nous sommes nombreux, ils devraient plutôt accepter de nous laisser devenir la province du sud-est, une nouvelle province du Canada, et j’ai proposé, même si je n’avais pas encore obtenu l’accord des autres États, que je pensais que New York, le Connecticut, le Massachusetts et le Vermont fusionneraient et formeraient une nouvelle grande province en tant que province du sud-est du Canada. »
Krueger propose également une saisie pour les sécessionnistes des 300 $milliards d’impôts fédéraux (elle est présidente de la commission des finances au Sénat de l’État de New York.). « Il n'est pas déraisonnable de sortir des sentiers battus » (« to think out of the box »), a expliqué Krueger lors d’une interview avec ‘Politico’, admettant ainsi que son projet était original : on a souvent parlé de sécession ces dernières années, mais assez peu vers le Nord (plutôt vers le Sud), et encore moins dans cette configuration avec rattachement au Canada.
Voici quelques extraits de ses déclarations faites à ‘Politico’, qui permettent de comprendre que son projet est pour l’instant en attente mais qu’elle a manifestement conclu qu’elle ne perdait pas son temps en attendant.
« “En gros, tous les habitants de ces États sont des démocrates progressistes, ... ils s’intégreraient assez bien à la philosophie politique d’au moins la plupart des élus canadiens”.
» Krueger affirme que son projet a été entendu d’une oreille identifiée comme favorable et grande ouverte par des relations canadiennes : “Je propose que cela puisse être une option, et j’ai reçu des réponses officieuses et j’ai entendu dire que c’est probablement vendable à Ottawa, et regardez, si nous étions l’Europe, depuis le temps que nous sommes une nation, dans le cadre du Canada, comme des pays européens, nos frontières auraient bougé 20 fois maintenant, n’est-ce pas ? »
La proposition peut être tenue comme incongrue, comme “hors des sentiers battus”, mais qui niera que nous sommes dans une époque incongrue, l’une dont l’on peut dire « Il n'est pas déraisonnable de sortir des sentiers battus » ? Dans ce cas d’espèce, on peut exposer la forte possibilité d’une situation où les tensions pourraient monter si haut, entre New York et le pouvoir central de Washington D.C., qu’effectivement l’on pourrait être poussé « out of the box ».
• L’un des projets principaux et immédiats de Trump est de renvoyer dans leurs pays d’origine les migrants illégaux (déportation) entrés dans le pays durant l’administration Biden. Ce projet passe notamment par la levée du statut de “villes sanctuaires” institués par des maires démocrates dans de nombreuses grandes villes, c’est-à-dire un statut qui protège les migrants installés dans la ville. New York est l’une de ces villes.
• Trump a déjà déclaré qu’il entendait régler cette question des “villes-sanctuaires” par la négociation avec les maires. Il a dit que c’était le cas avec New York. Mais les maires des villes démocrates commencent à annoncer qu’ils pourraient s’opposer à l’opération de déportation en utilisant leurs polices. Les cas de Denver et de Tucson viennent d’être annoncés (suivi d’un rétropédalage de Denver), et il est probable que New York sera confronté à de semblables difficultés...
« Le maire de Denver, Mike Johnston, suggère d'utiliser la police de Denver pour bloquer les déportations massives sous Trump, qualifiant cela de “Moment Tiananmen”. Il revient maintenant sur ces commentaires après quelques réactions négatives... »
« ...La maire de Tucson, en Arizona, s'engage désormais à travailler avec la police locale pour résister aux projets d'expulsions massives de Trump. »
Comme on le voit, on est passé du problème du seul New York à celui de nombre de villes démocrates. Nous retrouvons là notre sujet initial (sécession) mais en trouvant d’autres qui peuvent également dégénérer d’une manière constitutionnellement très sérieuse à l’occasion de l’opération de déportation.
On comprend, notamment avec l’exemple de New York qui a la forme concrète que l’on a vue, qu’il existe une multitude de cas dans le pays où le lancement de l’action de déportation de l’administration Trump va se heurter à des tensions, voire à des troubles dont certains peuvent être très graves. On le comprend d’autant mieux que, naturellement, les administrations urbaines républicaines soutiennent activement l’initiative de Trump, notamment les sheriffs républicains.
C’est dans une telle occurrence que le projet de sécession qui semble incongru au départ, peut acquérir une autre dimension beaucoup plus concrète. On comprend que de telles phases de tension (et il y aura d’autres causes) vont exacerber les oppositions. Comme on le voit, la bataille ne se cantonnera pas au seul Washington D.C. où l’on peut imaginer que tous les arrangements sont possibles dans cette capitale ultra-corrompue, mais vont embraser tous les États-Unis, avec des ripostes à attendre de la multitude de groupes activistes, – des ‘Woke’ aux ‘Antifas’, – qui sont eux-mêmes déjà visés par l’activisme à venir de l’administration Trump. Une fois encore, comme c’est le cas depuis 2016, les problèmes structurels et constitutionnels ont tendance à passer de la dimension centripète (Washington D.C.) à la dimension centrifuge (USA, composés d’États qui ont de plus en plus leur mot à dire).
Au reste, il y a déjà un rendez-vous de la contestation, sinon de l’insurrection : la prestation de serment de Trump, le 20 janvier 2025. Le rendez-vous est déjà pris. Michael Snyder, spécialiste des catastrophes, nous annonce la Bonne Nouvelle pour la Nouvelle Année :
« Le jour de l’investiture, le 20 janvier, des citoyens se rassembleront à Washington D.C. et dans des villes et villages de tout le pays dans le cadre d’une mobilisation nationale contre le programme d’extrême droite et de milliardaires de Trump. [...]
» Il y aura beaucoup de partisans de Trump à Washington D.C. le 20 janvier, mais il y aura aussi beaucoup de radicaux.
» En 2016, des radicaux ont brisé des vitrines et incendié des véhicules pour protester contre l’investiture de Trump.
» Je m’attends à bien pire cette fois-ci.
» Malheureusement, les violences du 20 janvier ne seront qu’un avant-goût du chaos immense qui finira par envahir les rues d’Amérique.
» Il y a littéralement des centaines de groupes qui commencent à organiser une “résistance” à Trump, et ils ne plaisantent pas. »
Mis en ligne le 30 novembre 2024 à 15H55