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291025-08-2024 (15H30) – L’accueil fait au ralliement de Robert Kennedy à Trump, – qui prend l’allure d’une “alliance”, voire d’une “dream team », – est enthousiaste dans les milieux concernés, les mieux informés en théorie et les plus avertis d’un tel rapprochement en principe. On se convaincra de la ferveur extraordinaire de cet accueil en écoutant le très fameux show de Jimmy Dore qui est toujours d’une haute qualité de commentaire, sur la présentation du ralliement de RFK au public d’un meeting de Trump en Arizona :
« La foule devient dingue pour RFK Jr à ce rallye de Trump !
» C’est un environnementaliste et la foule des républicains l’acclament avec cet enthousiasme... C’est un adversaire du Big Business et la foule des républicains l’acclament avec ce même enthousiasme... Avec lui, Trump se trouve à la gauche de Kamala Harris ! »
Pourtant, je sais comme bien des gens le savent, qu’un tel rapprochement est possible depuis l’entrée en piste du fils du sénateur Robert Kennedy, assassiné en juin 1968. Pour rappel, on en parlait ici même depuis plus d’un an, même avec l’hypothèse d’un “ticket” Trump-Kennedy, avec quelques textes précisément – le 4 mai 2023, le 8 mai 2023, le 14 septembre 2023, le 29 mai 2024, jusqu’au 21 août 2024. Ainsi est-on parfois étonné, – suis-je souvent étonné de voir des gens pourtant qui se classent comme dissident, jugeant cet événement aussi attendu comme « inattendu ».
Mais faut-il vraiment leur jeter la pierre ? Non, après tout. Il s’agit vraiment du choc de la réalité par rapport à la l’irréalité de la prévision : l’idée d’une alliance entre RFK et Trump semblait tellement séduisante à nombre de partisans de l’un et de l’autre qu’elle était également jugée complètement utopique et illusoire :
« Si nous parlons de “choc” pour une nouvelle qui était quasiment connue les cinq ou six derniers jours, c’est parce que nous mesurons la distance entre la spéculation et la réalité, entre la possibilité de l’acte et l’acte posé. Soudain, l’irruption attendu de Robert Kennedy Junior dans la campagne, par le biais paradoxal de l’arrêt de sa propre campagne mais justement à cause de son ralliement à Trump, électrise la campagne et la relance une nième fois après le simulacre-bouffe de Chicago. »
D’un autre côté, – du côté purement politique des classements anciens, – il paraissait si improbable qu’un homme de très forte tradition libérale (social-progressiste modéré), héritier d’une famille qui conduit cette tendance depuis des générations, puisse envisager une alliance avec un homme classé à droite (Dieu sait s’il est difficile de classer Trump), et désigné comme un nouveau Hitler par des néo-progressistes totalement fascinés par la perspective de terreur.
Note du PhG-Bis : « Écoutez quelques secondes, – une vingtaine, cela suffit – d’une intervention de Robert De Niro qui excelle dans le cinéma et dans rien d’autre, surtout rien d’autre. Il est absolument pathétique d’ignorance et d’inculture sur ce que furent Hitler et le NSDAP, sa puissance d’influence, sa puissance idéologique, sa puissance paramilitaire (les SA avec tout ce qu’ils apportaient), sans même parler des conceptions et des psychologies, – pour en faire une analogie avec Trump !. Tout cela explique bien des événements, en constatant que les élites-zombies sont les premières à être enivrées par leur propre grotesque simulacre-bouffe. »
Mais l’interprétation fut instantanément différente dès que l’alliance fut scellée et Robert Kennedy applaudi triomphalement par une foule républicaine : c’était l’alliance du populisme de gauche avec le populisme de droite. Moi-même, oubliant les deux personnalités, je fus surpris par l’évidence de cette analyse tranchante et si simple, qui renvoyait les notions de “droite” et de “gauche” dans les musées de l’histoire passée et dépassée.
Il y a de très nombreux domaines où RFK peut apporter quelque chose à Trump, outre la sécurité nationale qui ouvre pourtant des perspectives goûteuses. Trump a aussitôt annoncé que Kennedy serait le président d’une commission spéciale sur l’assassinat au moins de son oncle, avec déclassification de l’intégralité des documents encore sous statut du secret... Mais aussi : Kennedy excelle dans les questions de santé, anti-Covid affirmé et expérimenté comme l’on sait, mais aussi dans celles de la restructuration économique et environnementale pour bloquer le saccage des structures traditionnelles par les grands conglomérats et la globalisation.
Un exemple intéressant, détaillé par Taylor Durden, de ‘ZeroHedge.com’, est la lutte de Kennedy contre la destruction des petites fermes et des petits propriétaires par les grands conglomérats alimentaires. C’est un vrai travail de populiste : rendre à la population le contrôle de sa nourriture.
« RFK Jr. a tout à fait raison à propos de la guerre contre les petites exploitations agricoles. Plus que jamais, le gouvernement corrompu et l’industrie agroalimentaire ont contribué à l’effondrement récent des petites exploitations agricoles.
» Si l’on prend un peu de recul, dans les années 1800, environ 90 % de la population américaine vivait dans des fermes. Il était alors inouï de voir des personnes souffrant d’obésité morbide. Le nombre de propriétaires de petites exploitations agricoles a commencé à décliner à mesure que les gens s’installaient dans les villes. Les petites exploitations agricoles ne représentent désormais plus qu’un pour cent de la population américaine. Et la classe des milliardaires comme Bill Gates, qui veut interdire les pets de vache, a racheté des petites exploitations dans tout le pays dans le cadre d’une opération de consolidation massive. »
Ces perspectives sont très intéressantes, – mais aussi, si Trump est élu sans anicroche majeure entre lui et RFK, celle d’une formidable bataille entre leurs équipes et la bureaucratie du Système retranchée dans le parti démocrate investi par le diable depuis le temps des Kennedy. Je dois dire que je m’attendrais plutôt à ça qu’à des lendemains réformistes qui chanteraient aussitôt.
Peu importe : seules comptent les voies et moyens pour venir à bout du Système, et celle de rassembler deux hommes qui paraissent si dissemblables, – en priant pour que les foucades et les emportements de l’un ne heurtent pas trop la rigueur et le sérieux de l’autre, – est de fort belle allure. Dans tous les cas, c’est une bonne réponse au scandaleux montage qui fabrique ce simulacre aussi convaincant qu’un McDo recevant ses quatre étoiles d’un néo-Michelin imposé par les neocon. Il est probable que la rencontre Trump-RFK a déclenché dans le camp démocrate une fiévreuse activité pour élaborer une riposte qui sauve la dignité nouvelle de la poupée de son destinée à devenir présidente.
Qui est-elle exactement, elle ? Je laisse la plume à un collaborateur américain de RT.com, le journaliste, commentateur et auteur (‘Midnight in the American Empire, How Corporations and Their Political Servants are Destroying the American Dream’) Robert Bridge. Il présente son texte (écrit avant l’épisode RFK-Trump, me semble-t-il) de cette façon :
« Pourquoi Kamala Harris refuse de donner une interview
» Comment les médias ont-ils pu faire de l’actuelle vice-présidente une héroïne nationale, alors qu’elle n’a jamais accordé une seule interview en tant que candidate ? »
Notre titre, – mon titre (j’assume la responsabilité), – est moins respectueux quoiqu’il tente de rester dans le grand courant du jugement libre et objectif de la presseSystème bien française, selon cette formule dans l’esprit d’Audiard remise au goût de la situation (Gabin-commissaire Joss parlant à son indécollable ami et subalterne Dalban-Albert Gouvion, dans ‘Le Pacha’ immortalisé par le ‘Requiem pour un con’ de Gainsbourg) : “Si les cons étaient mis en orbite, ô France de Macron, t’aurais pas fini de tourner”.
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Les médias américains ont une fois pour toutes prouvé qu’ils étaient dans la poche du Parti démocrate. Ils continuent de flatter Kamala Harris, une candidate aux multiples défauts, alors que celle-ci refuse obstinément de donner des interviews ou des conférences de presse depuis des semaines.
Le magazine Time est à l’origine de ce coup d’État soutenu par les médias. Son dernier numéro présente un portrait puissant de Kamala Harris sur la couverture avec la légende élogieuse « Son moment ». Malheureusement, ce n’était pas « son moment » pour une petite discussion avec les médias, même si c’était certainement l’occasion rêvée.
Dans l’une des seules lignes de critique contre Harris dans l’article de 3 000 mots, la journaliste du Time Charlotte Alter a admis que « Harris n’a pas encore accordé une seule interview de fond ni expliqué ses changements de politique ». Étonnamment, Harris a même refusé un seul commentaire au Time, malgré une promotion gratuite de la vice-présidente. Cela en dit long sur Harris, qui refuse de parler à une publication qui s’est absolument engagée à offrir un traitement de faveur aux démocrates.
La description de Kamala Harris par Alter n’a pas fourni beaucoup de détails sur le parcours de la vice-présidente et des océans d’encre ont coulé sur des allusions creuses à l’atmosphère carnavalesque qui accompagne désormais les meetings politiques de Kamala Harris. Beaucoup ont suggéré que c’était la seule façon pour elle de remplir les stades et d’injecter un sentiment d’enthousiasme.
« La bande-son évoquait un concert de Beyoncé », a commencé Alter dans le tout premier paragraphe de son article intitulé « La Réapparition de Kamala Harris ».
« Les bracelets lumineux évoquaient la tournée Eras. Et la foule exubérante – plus de 14 000 personnes, faisant la queue sous la pluie – rappelait les premiers jours de Barack Obama. »
Le nom de Taylor Swift, qui n’est certainement pas une politologue, est apparu plusieurs paragraphes plus loin : « Plus de 38 000 personnes se sont inscrites sur Vote.org dans les 48 heures qui ont suivi son accession à la présidence, éclipsant la vague d’inscriptions sur les listes électorales encouragée par Taylor Swift l’année dernière. » Et comme si cela ne suffisait pas, Alter a inventé cette allusion ridicule aux starlettes d’Hollywood pour tenter d’expliquer l’ascension inexplicable de Harris : « L’enthousiasme des masses pour une femme n’a rien de nouveau : la carrière de Harris intervient juste un an après l’été à succès de Barbie, Beyoncé et Swift. »
Enfin, Time a reproduit une citation absurde du sénateur Cory Booker, qui a invoqué l’imagerie de Star Wars pour affirmer que Harris est « passée maître dans l’art de la ‘torsion de bras’ nécessaire pour faire passer des lois importantes » pour les démocrates. « Elle est passée », a-t-il déclaré, « du statut de Padawan à celui de maître Jedi. » Dommage que la Force n’ait pas été du côté de Harris lorsqu’il s’est agi de sécuriser la frontière sud ou d’aider la classe ouvrière américaine à survivre à l’une des pires inflations que les États-Unis aient connues depuis des décennies.
Comparez toutes ces déclarations insensées à celles de Donald Trump, que Time a interviewé pour un article de couverture en avril qui a duré 83 minutes de lecture, tandis que la vérification minutieuse des faits qui a suivi l’article a pris plus de 20 minutes à digérer. Eric Cortellessa, le journaliste qui a mené l’interview, a posé à Trump une douzaine de questions sur les poursuites judiciaires contre Trump, cinq questions sur “l’insurrection” du 6 janvier, quatre sur la lutte contre “l’État profond”, trois sur sa blague sur le « dictateur d’un jour », deux sur la possibilité de violences de droite si Trump perd les élections, et quatre sur la question de savoir s’il chercherait à renverser le 22e amendement pour effectuer un troisième mandat.
Il semble que la seule raison pour laquelle Trump accepte de subir cette inquisition progressiste tortueuse soit d’avoir la possibilité de dire qu’il fait ce que Kamala Harris refuse visiblement de faire – parler aux médias. La question de savoir si cette stratégie fonctionnera en sa faveur est très discutable étant donné le soutien écrasant que Kamala Harris reçoit, quoi qu’elle fasse ou ne fasse pas. Mais même les démocrates doivent comprendre que les médias sont les gardiens de nos futurs politiciens. Sans la possibilité pour les journalistes de s’asseoir et d’interroger les responsables sur des questions politiques, le peuple américain restera dans l’ignorance.
De plus, s’asseoir sur la sellette des médias permet au public de déterminer si une personne a le courage nécessaire pour diriger. Beaucoup pensent que Harris, qui a démontré son incapacité à transmettre des idées complexes – ses “salades de mots”, comme on les appelle – sans l’aide d’un prompteur, est parfaitement consciente de ses défauts personnels, et c’est pourquoi elle se contente de rester dans l’ombre pendant que les médias la gonflent pour qu’elle réalise un tour de force politique.
Cela pourrait également expliquer pourquoi les démocrates ont attendu la dernière minute pour remplacer Joe Biden, un débile, par Harris sur le ticket présidentiel – moins le peuple américain aura de temps pour écouter les arguments alambiqués (et les rires grinçants) de Harris, mieux ce sera.
L’ascension de Kamala Harris, qui était au plus bas de sa popularité il y a seulement quatre ans, jusqu’à devenir une sorte de génie politique, prouve le pouvoir indéniable des médias d’entreprise [de la presseSystème] de transformer la plus grande médiocrité en qui ils veulent.
« La façon dont les médias d’entreprise américains ont transformé Kamala Harris, qui était une honte nationale, en une pionnière transformatrice du jour au lendemain – sans même prétendre se soucier de ce qu’elle pense ou croit – est un puissant témoignage de la puissance de la science de la propagande », a écrit le journaliste Glenn Greenwald sur twitterX.
La même chose pourrait être dite lorsque les médias ont soutenu d’une seule voix homogène que Biden était « aussi vif qu’un clou » après son débat désastreux contre Trump. Mais ce qui est plus choquant, c’est que tant d’Américains ont été trompés par cette évaluation de la performance de Biden en raison de la propagande médiatique. Cela montre que même les personnes les plus intelligentes sont susceptibles de devenir des jouets malléables entre les mains [de la presseSystème], dont le but premier n’est pas d’informer leurs auditeurs, mais simplement de leur faire un lavage de cerveau. Après tout, ce n’est pas pour rien qu’on appelle ça de la “programmation”.
Trump et Harris doivent débattre sur ABC le 10 septembre, un événement que l’ancien président, sauf catastrophe imprévue, a déjà remporté. Le résultat final dépendra cependant de la capacité du public à se ranger du côté des médias charlatans et à « croire leurs oreilles menteuses », ou à penser au-delà de leurs contrôleurs menteurs médiatiques et à porter un jugement honnête sur la performance de Harris. L’avenir des États-Unis dépend de cette question.