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5404Ceux qui jugent justement que l’élection de Trump orienterait les USA vers un apaisement de ses interventions extérieures, doivent pousser la logique d’‘America First’ jusqu’au bout. Cela signifie un activisme maximal pour défendre le dollar qui mettra les USA en confrontation monétaire et commerciale directe avec les pays qu’elle tendrait à dégager du joug militaire et de l’influence politique et culturelle souvent intrusive de ces mêmes USA. L’hegemon géopolitique serait remplacé par une tentative d’hégémon monétaire au nom d’un isolationnisme offensif ; ce serait une application monétaire de la nouvelle stratégie universellement appliquée (notamment sous l’impulsion créatrice des Russes contre l’OTAN) désormais de la ‘défensive agressive’.
Trump attaque Biden sur ce terrain, mais paradoxalement en justifiant son soutien final accordé aux lois votées par le Congrès (notamment les $61 milliards pour l’Ukraine). Sa vision est alors totalement économique et monétaire tandis qu’on considère en général ces lois d’un point de vue géopolitique (outre les apports habituels à l’industrie d’armement US, dans le genre commission pour services rendus). C’est d’ailleurs la raison qui l’a fait réclamer des prêts plus que des dons, dans la mesure où les prêts obligent les pays concernés à rester dans la zone dollar pour rembourser l’argent qui leur est prêté (le fait d’être dans la dollarisation étant beaucoup plus important que le remboursement des prêts). Il s’agit d’une attitude paradoxale à tous les niveaux par rapport aux positions diverses concernant cette aide militaire US à l’Ukraine ; ainsi et notamment, Trump s’oppose à la loi dite ‘REPO’ autorisant la saisie de 5 $milliards d’avoirs russes aux USA parce que cette mesure accélèrera la dédollarisation en décourageant les investissements aux USA.
RT.com reprend différentes interventions liées à cette question, puis les projets d’une possible administration Trump à partir de Bloomberg.
« La tendance mondiale à utiliser les monnaies nationales dans les échanges commerciaux au lieu du dollar s’est considérablement accélérée après que la Russie a été coupée du système financier occidental et que ses réserves de change ont été gelées en 2022, dans le cadre des sanctions liées à l’Ukraine.
» Un projet de loi contenant des dispositions autorisant les États-Unis à confisquer les avoirs russes gelés, que Biden a signé mercredi, pourrait stimuler davantage la dédollarisation, ont prévenu les experts financiers. La loi dite REPO, qui a été incorporée dans le programme d'aide militaire de 61 milliards de dollars à Kiev, autorisé par le président américain à saisir les actifs de l'État russe détenus dans les banques américaines. »
C’est à partir de cette critique qui embrasse toute la politique commerciale chaotique de l’administration Biden, que Trump se place en guerrier dont la tâche principale sera la défense du dollar et la guerre sans pitié cintre la dédollarisation poursuivie par les BRICS.
« Comme cité par Bloomberg, Trump a averti jeudi qu’avec le président américain Joe Biden, “vous allez perdre le dollar comme étalon. Ce sera comme perdre la plus grande guerre que nous ayons jamais perdue”.
» Trump a répété à plusieurs reprises qu’il souhaitait que le dollar reste la monnaie de réserve mondiale.
» “Je déteste quand les pays abandonnent le dollar”, a déclaré Trump à CNBC en mars. “Je ne permettrai pas aux pays de s’écarter du dollar parce que lorsque nous perdrons ce standard, ce sera comme perdre une guerre révolutionnaire”, a-t-il déclaré, ajoutant que ce serait un « coup dur » pour les États-Unis. »
D’ores et déjà, l’équipe Trump prépare tout un arsenal de sanctions contre les pays qui poursuivraient leur entreprise de dédollarisation. Bloomberg cite notamment des contrôles à l’exportation, des frais de manipulation monétaire et des droits de douane, c’est-à-dire les instruments habituels d’un hyper-protectionnisme.
Cette prise de position de Trump n’est ni nouvelle ni étonnante. Simplement, dans un contexte explosif, elle prend toute sa dimension et sa puissance et permet d’avoir une meilleure appréciation de ce que serait la “bonne nouvelle” d’une victoire de Trump sur Biden.
Note de PhG-Bis : « Mais notre position, rappelle PhG, a toujours été qu’il fallait attendre, comme ‘meilleure nouvelle’ possible de cette élection, le plus grand désordre possible. Quiconque veut du bien à l’avenir du monde doit souhaiter la destruction désintégratrice des USA en tant qu’entité de puissance. Avec une chance moyenne et une logique normale, nous l’aurons aussi bien avec Trump qu’avec Biden. »
De cette réflexion de PhG-Bis, on peut déduire paradoxalement que les deux hommes, quels que soient leur environnement, leurs manipulateurs, leurs stratégie, leurs idéologies, leurs morales ou leur immoralité, leurs qualités ou leurs monstruosités, etc., ont le même but : maintenir la puissance et l’hégémon de l’Amérique. Ce que pensent Biden et sa bande, le DeepState et les neocon, ne nous intéressent pas : ils sont le produit du “déchaînement de la Matière” et de la modernité, donc enfant ou fausse couche, – selon le résultat final, – du Système, donc entièrement le produit brut et simple de l’“idéal de puissance” atteint par l’Amérique telle qu’elle s’est développée. Pour eux, le ‘job’ est fait, il faut se battre à mort pour en préserver les acquis.
Trump, c’est autre chose : c’est finalement le même but mais la connaissance d’un seul moyen qui écrase tout le reste : l’argent, le Dieu-dollar. Pour cette raison que la puissance est en continuelle expansion, les premiers sont en continuelle expansion ; pour cette raison que Dieu règne sur un monde qui Lui est tout entier acquis et dont l’Amérique est la matrice, l’Amérique se confond avec son Dieu et peut vivre en un total isolationnisme, le reste du monde s’agglutinant nécessairement en elle.
Ainsi, Trump n’a-t-il aucune notion réelle de géopolitique et d’expansionnisme par inutilité évidente, sinon inexistence pour lui de ces concepts. Par contre, dollar et “dollarisation” sont l’essence même de son dogme. Or, il constate que la politique de l’expansionnisme aboutit au contraire de son but essentiel : elle entraîne par diverses voies, notamment indirecte par regroupements (les BRICS), une très inquiétante érosion du dollar en tant qu’instrument de dollarisation. Il ne peut comprendre que les deux sont liés, que sans expansion, le dollar va s’effondrer, – parce que Dieu, c’est bien connu, ne s’effondre pas. Donc, qu’il arrive n’importe quoi à l’Ukraine lui importe peu, ce qu’il faut c’est récupérer les dollars et tenter de maintenir ce qui peut l’être, – dont l’Ukraine d’ailleurs, au travers d’arrangements qu’on doit pouvoir passer avec n’importe quoi, Kremlin-Poutine compris, – dans la dollarisation. Il se fait à cet égard d’immenses illusions dues à son absence complète de culture extérieure aux USA et son désintérêt pour la psychologie.
Mais nous n’avons fait là que décrire notre perception des fondements des conceptions des deux camps (Biden n’étant mentionné que comme étiquette de convenance pour le DeepState). Or, ce qui compte, ce sont les pulsions qui vont être animées, déchaînées, par le système de la communication.
Les mots de “haine”, d’“hystérie”, de néantisation (ou ‘cancellation’) etc., reviennent sans cesse. Dans ce cas, les domaines essentiels sont alors la culture, les pathologies de la psychologie, le comportement et ses errements sans fin, et ils produisent désordre et chaos. Cela signifie que les deux camps, malgré des intérêts objectivement communs (la puissance des USA), jetteront toutes leurs forces dans un affrontement sans pitié qui ne peut se résoudre que par des bouleversements majeurs. C’est la meilleure perspective qu’on puisse attendre car elle est naturellement déconstructurante et met en cause le socle entier de cette formidable puissance que représentent les États-Unis, et par conséquent le principal élément de blocage de l’actuelle dynamique d’autodestruction nihiliste de notre situation générale, qui s’accomplit dans une sorte de paralysie frénétique, d’impuissance absolument généralisée. Il est préférable de chercher une autre porte de sortie qu’une impasse située directement dans un cul-de-sac ;
Mis en ligne le 27 avril 2024 à 13H55
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