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129029 janvier 2025 (17H00) – On l’a entendu à l’arrivée de Pete Heghest au Pentagone, lors de ses premières déclarations : la première priorité opérationnelle du Pentagone est le “Front-Sud”, sur la frontière, sur (contre) le Mexique, c’est-à-dire en bonne partie aux États-Unis et pour protéger les États-Unis. Entretemps, Trump avait ordonné le déploiement des premières unités de l’US Army.
En un mot, la crise de la frontière-Sud est l’un des rares domaines, l’une des très rares promesses où Trump ne peut pas en rester à la rhétorique du show dans laquelle il excelle. Il faut vraiment faire quelque chose, et le fait que Heghest ait expédié l’Ukraine et le Moyen-Orient au profit de la frontière-Sud est bien une marque de cette nécessité.
Bien entendu, là où la rhétorique a son mot à dire, c’est lorsqu’elle affirme que cette opération a pour but de bloquer l’immigration illégale. En soi, il s’agirait alors d’une simple (quoique massive) opération de police des frontières. Ce n’est pas le cas. Le but essentiel est d’entrer sérieusement dans une guerre, contre les cartels de la drogue. Ces cartels manipulent et renforcent l’immigration dont ils tirent d’énormes revenus tout en introduisant leurs propres agents incognito dans les foules immigrantes ; parallèlement, ils en font le principal moyen d’introduire leurs drogues aux USA, essentiellement le Fentanyl et ses dérivés qui tuent directement ou (à peine) indirectement une centaine de milliers de citoyens US par an, et qui en envoient bien plus dans les enfers de la misère postmoderne des sans-abris et des zombies perdus dans les rues des grandes villes horriblement gangrenées.
Là encore, on comprend encore mieux que Trump ne pourra pas se sortir de cette promesse par quelques superbes interventions d’estrade ou un clin d’œil annonçant que l’on renvoie la solution du problème à la décennie prochaine. Selon nous, et malgré la cascade d’autres crises et de promesses à mesure, la guerre du front-Sud est pour le président l’enjeu principal de son mandat, celui qui fait de ce mandat un succès ou un échec cuisant et mortel
Or, comment cela débute-t-il ? Par des coups de feu qui nous ont tout l’air d’être des coups de semonce... Ce n’est pas la première fois que l’on tire des coups de feu par-dessus le fleuve mais ceux-ci nous avaient bien l’air d’avoir la force d’un symbole, avec ce message des cartels : “Nous sommes là et nous vous attendons”. (L’on sait que les cartels sont formidablement armés, souvent mieux que les détachements US qu’ils peuvent affronter et qu’ils ont avec divers groupes terroristes des accords latents de coopération.)
« Des agents de la police des frontières américaine auraient essuyé des tirs de membres présumés d'un cartel mexicain dans le sud du Texas lors d'une tentative de traversée illégale de la frontière.
» Le président américain Donald Trump a déclaré l'état d'urgence national à la frontière avec le Mexique la semaine dernière et a déployé l'armée à plusieurs postes-frontières, tout en cherchant à expulser potentiellement des millions de personnes qui se trouvent illégalement dans le pays.
» “Des agents de la police des frontières près de Fronton, [au Texas], ont été la cible de tirs depuis [le Mexique] de la part de tireurs présumés d'un cartel alors qu'un groupe d'immigrés illégaux traversait le fleuve”, a rapporté lundi après-midi Bill Melugin, correspondant de Fox News, citant des sources policières.
» “On m'a dit que [la police des frontières] avait riposté, que personne n'avait été touché de chaque côté et que les immigrés illégaux n'avaient pas réussi à traverser”, a ajouté Melugin. »
Quelques précisions qui se veulent rassurantes ont été données sur le contexte opérationnel mais aussi politique de l’accrochage. Il est vrai que, privé de ce conteste, l’incident est banal ; mais la fonction centrale d’un contexte est son existence et l’influence qu’il exerce sur l’événement dont l’on traite.
Voici donc quelques mots sur ce contexte, dont la revue des divers cartels “déployés” au Mexique dans cette zone.
« Selon le porte-parole du Département de la sécurité publique du Texas (DPS), le lieutenant Chris Olivarez, l'armée mexicaine a déployé des véhicules blindés de l'autre côté du Rio Grande, selon des photos de surveillance par drone. De telles réponses sont courantes, selon Melugin, qui a déclaré que l'armée mexicaine “arrive parfois en tirant si les hommes armés sont toujours là”.
» Fronton est une communauté de moins de 200 habitants près de la rivière qui sépare les États-Unis du Mexique. De l'autre côté se trouve l'État mexicain de Tamaulipas, qui abrite plusieurs cartels connus pour le trafic de drogue et d'êtres humains. Le Gulf Cartel (CDG) basé à Matamoros et ses ramifications comme Los Zetas ont été les plus tristement célèbres, bien que les cartels de Jalisco New Generation (CJNG) et de Sinaloa aient empiété sur leur territoire ces dernières années. »
Une façon de présenter cette crise, – puisque “crise” il y a, comme tout dans notre époque, – est évidemment la phrase fameuse d’un président mexicain. Elle était encore récemment citée dans un texte de Roger D. Harris, avec quelques commentaires présentant la situation du Mexique, – dont la malédiction originelle remonte à la guerre USA-Mexique de 1848, à propos de laquelle et pour expliquer vertueusement les rapines incroyables de territoires mexicains par les USA, fut prononcée la phrase fameuse qui absout de tout pêché (d’où l’inculpabilité de la psychologie US) la Grande République, – « the Manifest Destiny » :
« La citation intégrale de Porfirio Díaz est : “Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des Etats-Unis”. Le président mexicain Díaz (1876-1880 et 1884-1911) avait au moins à moitié raison. Le Mexique a souffert dans l’ombre du Colosse du Nord, mais le Mexique n’est pas pauvre. Le Mexique est riche à bien des égards, mais il s’est aussi appauvri. Et le Mexique a été grandement sous-estimé par les Nord-Américains. »
Bref, si l’on peut dire, une tension, sourde ou vive selon les époques, n’a jamais cessé entre les deux pays depuis cette guerre , selon une activité extrêmement pratiquée par les USA et au gré des multipoles “révolutions” et autres troubles mexicains. Mais, depuis les années 1980 si l’on peut dire, la méfiance, ou la tension, ou les relations soupçonneuses, sont passées du classique USA-Mexique au nouveau USA-cartels mexicains. Le passage des années1980 fut très difficile pour le Mexique et les USA conçurent réellement la possibilité d’une intervention militaire. Des briefings discrets à l’OTAN, donnés par des envoyés étoilés du Pentagone, prévenaient les alliés de l’OTAN que les USA auraient besoin de 400 000 hommes pour une telle opération et qu’il y aurait ainsi des retraits importants, – quoique temporaires, vous assurait-on, – de forces militaires US d’Europe (jusqu’à 150 000-200 000 hommes).
Depuis le phénomène cartels s’est exponentiellement amplifié après l’échec retentissant de la guerre contre la drogue de l’administration Reagan, tonnant et frappant d’une main, alimentant les cartels de l’autre, celle de la CIA. Depuis, chaque président inscrit à son programme la lutte contre les cartels de la drogue, se plaignant continuellement de l’absence de coopération des Mexicains.
Alors, pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi parler d’un enjeu vital ? Parce que les cartels ont contribué notablement, par souci de bénéfices (ils imposent des tarifs imposants pour faire passer les illégaux) et, souvent, de recrutements pour leurs troupes, à une augmentation exponentielle de l’immigration illégale jusqu’à en faire une crise nationale qui s’inscrit totalement dans l’affrontement entre globalistes et anti-globalistes (populistes, souverainistes, nationalistes, etc.).
Il y a une poussée constante pour faire des cartels des organisations terroristes pour internationaliser et “légaliser” la lutte contre eux : les américanistes croient toujours que la légalité qu’ils inventent pour leurs intérêts l’emportera à tous les coups. Nous pensons un peu différemment, sans doute par goût de la contradiction et dégoût de la référence. Le Lexique, donc les cartels sont trop près, et très méchants... Une telle attitude (en faire des terroristes) imposerait assez vite la nécessité pour les forces de sécurité US de se lancer dans une véritable “guerre”, notamment avec des incursions au Mexique, – et non pas s’en tenir à des opérations financières contre les comptes bancaires, comme l’estime ‘ZeroHedge.com’ :
« Pendant ce temps, les médias d’extrême gauche, les élites hollywoodiennes, les groupes de réflexion progressistes et les politiciens de gauche radicale s’effondrent à cause de l’expulsion par Trump d’immigrés clandestins criminels. Ces gens sont déconnectés de la réalité et ne reconnaissent pas que le rétablissement de la sécurité nationale et frontalière était un mandat très clair donné à Trump par une majorité d’électeurs.
» Nous pensons que la désignation des cartels de la drogue mexicains comme organisations terroristes étrangères ouvre la voie aux enquêteurs fédéraux américains pour suivre la piste de l’argent et perturber les opérations des cartels en sanctionnant les banques mexicaines qui blanchissent leur argent sale. Les banques mexicaines risquent de souffrir. »
Cette bataille contre l’immigration illégale et les cartels constitue donc un étendard poeté au plus haut pour Trump, quasiment l’une des missions de défense de la civilisation chrétienne, version ‘American Dream’. C’est un domaine sur lequel quasiment aucun trumpiste, de telle ou telle obédience et d’une allégeance complète ou de simple opportunisme, ne transigera, et qui coûtera à Trump sa couronne prestigieuse de Grand Homme officiel s’il n’arrive pas à améliorer décisivement la situation.
C’est un des principes absolus, aujourd’hui, d’‘America First’. Paradoxalement pour cette puissance qui se prétend MAGA (‘Make America Great Again’), c’est aussi un domaine où elle se sent complètement en état d’infériorité, de faiblesse et d’impotence, – où littéralement sa puissance est productrice d’impuissance.
Les électeurs US n’ont pas pardonné à Biden et sa bande de préférer la frontière ukrainienne à la frontière américaine. Cette idée-là ne doit pas quitter la tête de Trump, sous peine de passer de l’aigle du music-hall clinquant à la linotte des forêts en deuil.