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193710 novembre 2024 (20H40) – On est sonné, complètement au tapis. Un silence assourdissant suivit l’élection, moment politique exceptionnel dans les annales politiques de la Grande République. On le répète ici, nous référant à PhG : en écartant les différences de chacun des contextes et les circonstances politiques elles-mêmes, donc en jugeant de matière brute la valeur de l’“événement”, l’élection de Trump-2024 se place au plus haut de l’époque moderne, avec comme seule équivalence l’action [psychologique et communicationnelle] durant quelques semaines de FDR-1933 immédiatement après sa prestation de serment du 5 mars 1933.
Note de PhGBis : « Roosevelt donna sa première instruction [je crois que c’est l’ordre de la fermeture des banques] à son secrétaire au trésor alors qu’il se trouvait encore sur la plate-forme où il avait prêté serment devant le président de la Cour Suprême, et avant son fameux discours “Ce dont vous devez avoir le plus peur, c’est de la peur elle-même”. »
... Puis on a commencé à se remettre debout : « Con-ti-nu-ons le com-bat », ou ‘Résistance 2.0’ à la mode woke-hollywoodienne. La première manif’ sérieuse à New York, convoquée par l’ultragauche-woke se fait essentiellement sur le thème du refus de la déportation d’immigrants illégaux promise par Trump, mais aussi à propos de la légitimité de Trump-II. (Évidemment, la majorité du vote populaire en plus de celle des Grands Électeurs, c’est extrêmement suspect dans la logique-woke.)
Cela dit, comme hors d’œuvre de circonstance, apparaît un épisode interne qui a une forte dimension externe (globale) et qui est d’un bien plus grand intérêt. On résume cela sous la question : “Où nous emmène le ‘Blame Game’ ?”.
Une fois étendus à terre, peu aptes à la réflexion conceptuelle sous la vigueur du coup asséné par la métahistoire, les victimes de cette attaque déloyale ne surent que penser d’une manière coordonnée. On en voulut à Kamala de ses éclats de rire en guise de réflexion géopolitique et idéologique, mais également à Joe Biden qui avait préparé le champ de la défaite en insistant jusqu’à la catastrophe à propos de cette folie d’un second mandat. On eut bien sûr quelques tirades concernant le racisme, le fascisme, le trumpisme, le ‘Russiagate’, – mais rien de décisif... De fil en aiguille, on en vint à invectiver les seuls coupables dont le crime était avéré : ceux qui avaient voté pour Trump.
... Aussitôt alors, l’on se releva, et tout aussitôt l’on se mit à exploiter la veine, le filon ainsi mis à jour : les coupables étaient bien ceux qui avaient lardé le corps sublime de la Vertu ‘Black, Brown & Beige’ de millions de piqures rageuses, autant que de bulletins de vote. L’on découvrit à cette occasion combien une catégorie de grands esprits déposés en comptes bancaires avaient le don d’utiliser l’argument : le cinoche, l’ ‘entertainment’, le show-biz, les barons de la bulle-Hollywood (‘Hollywood-Bubble’), les acteurs à grande conscience et contrats avec des $millions à deux chiffres pour chaque apparition dans un film.
Un grand nom s’est révélé, comme porte-parole et inspirateur, ‘Hollywood-Bubble’ devenue idéologie pure et façonneuse de révolution-sérieuse : l’acteur George Clooney. Le site ‘MikeZeroh’, un des nombreux sites engendrés par ‘Hollywood-Bubble’ donne, parmi les diverses cibles qu’il suit, une bonne description de Clooney au milieu de son royaume du Woke-Hollywood, – Cloown-Woke installé sur le trône de Woke-Hollywood, bien mis au milieu de sa puissante forteresse de ‘Hollywood-Bubble’. Armé de la compagnie de sa femme, Amal Alamuddin, née britannique et avocate fameuse des ONG et structures droitdel’hommistes, – les deux sont plutôt de tendance MI6 et ‘Russiagate’, – Cloown-Woke a été ces derniers temps honoré de visites remarquables, non pas notamment de Soros George désormais vraiment trop vieux, mais de son fils Alex qui a repris le flambeau.
Pourquoi parler du cinoche ? Parce que son rôle dans la communication idéologique, c’est-à-dire la communication sur la forme, est devenu considérable dès lors que le fond s’est évaporé sous le poids conjugué du ridicule et des bulletins de vote. L’argument des Cloowne-Woke devient rapidement primaire comme l’on dit “les Arts premiers”, et s’installe sur une sorte de suprémacisme du simulacre artistico-financier, un suprémacisme woke-hollywoodien : “Il faut nous écouter parce que c’est nous ; nous sommes comme vous tous, des êtres humains, à part que nous sommes les meilleurs, les bons-gentils, les célèbres, les mieux-payés”.
Ricky Gervais, autre mouche du coche de ce nouveau troupeau idéologique, s’est fait une spécialité de les clouer méchamment au pilori, qui plus est sans contrat d’exclusivité ni respect des droits d’auteur :
« “Salut les gars, je suis une célébrité, je sais tout sur des sujets comme la science et la politique – alors faites-moi confiance quand je vous dis pour qui voter”.
» “Si vous ne votez pas comme moi, c'est comme un crime de haine, et cela m’attriste.”
» Le toujours brillant Ricky Gervais se moque de la foule corrompue des célébrités du Hollywood Diddy Party qui sont toutes sorties de manière coordonnée pour soutenir Kamala Harris. »
Tout cela, Hollywood et les woke, Clooney déguisé en Cloown-Woke, les $millions et les $milliards, ne fait pas très sérieux. Ca l’est pourtant, et plus qu’on ne croit.
La critique développée par Clooney et poursuivie par d’autres avec plus ou moins de brio, n’est pas un simple réflexe un peu infantile d’adolescents trop vite monté en pousse. Ou bien alors, disons que, dans ce monde infantile, les “adolescents trop vite monté en pousse” triomphent tout naturellement et chronologiquement. Ils deviennent des modèles pour les ministres, les généraux, les ambassadeurs et les révolutionnaires. Cela signifie que l’argument consistant à rendre coupables de la situation catastrophique du retour de Trump ceux qui ont voté pour lui, n’est pas si primaire (là, au mauvais sens), ni si déplacé. “Au contraire, diraient certains”, comme dit l’autre, il est possible de distinguer une petite musique tout à fait classique et sublime, et sérieuse dans tous les cas, presque du Bach dirait-on...
Nous prendrons ici, pour plaider le sérieux de notre cause, une longue digression d’un commentateur qui nous est très cher, qui est d’un sérieux imperturbable, d’une prudence extrême pour parler des choses les plus invraisemblables qui abondent dans cette époque, tendant ainsi à faire de cette invraisemblance une simple maladresse de vision.
Il s’agit d’Alexander Mercouris qui, dans son programme du 7 novembre consacre six à huit minutes au début de son intervention (voir surtout le passage 06’00”-09’00”) à conduire une critique sévère quoique dite avec infiniment de prudence de son fleuret moucheté, sur les commentaires tendant à rendre responsables les électeurs eux-mêmes, d’un choix jugé inadmissible selon les canons de la morale démocratique et laïque fabriquée par le simulacre de service. Mercouris y distingue une logique qui peut conduire aux pires excès, un peu comme ceux qui disent que l’existence de la crise palestinienne est due à l’existence des Palestiniens.
Voici quelques extraits, pour goûter la qualité de la chose :
« … Avant de poursuivre, il y a une dernière chose à dire sur l’élection elle-même, ou plutôt sur la réaction à celle-ci aux États-Unis et en Europe de la part des opposants et des détracteurs de Donald Trump.
» C’est que, sans surprise, ses détracteurs, ses adversaires du parti démocrate dans les médias européens ont accueilli sa réélection avec horreur et consternation. Mais il y a eu une tendance dans cette réaction, que je trouve troublante, à développer un blâme furieux contre le peuple américain pour le résultat, à critiquer le peuple américain pour avoir eu l’aplomb de voter pour Donald Trump et à insulter ce peuple bel et bien. Je ne pense pas que ce soit une exagération de penser que j’ai lu certains articles aux États-Unis, en Grande-Bretagne et plus particulièrement en Allemagne, qui disaient cette sorte de choses concernant les millions de personnes qui ont voté pour Donald Trump. Personnellement, je trouve cette attitude extrêmement troublante. [...]
» Je pense qu'agir ainsi montre un échec fondamental à comprendre ce qu'est la démocratie ou peut-être plus exactement un manque de croyance sincère et authentique en elle. Je préférerais donc que ce genre de choses cesse.
» Plus cela va continuer, plus je vais douter de la mesure dans laquelle les gens qui écrivent ces articles et qui insultent les gens qui ont voté pour Donald Trump, en disant en même temps qu'ils croient vraiment en la démocratie et aux valeurs démocratiques et toutes ces choses qu'ils prétendent faire. Je dis qu'après tout, il s'agit d'une élection au cours de laquelle ces mêmes personnes nous ont répété sans cesse qu'elles voulaient voter pour un candidat plutôt qu'un autre parce qu'elles croient en la démocratie et veulent la voir préservée de toute façon. »
Il est certain que le commentaire à la fois grave et pondéré de Mercouris nous permet de conduire le ‘Blame Game’ à son terme. Il est évident que la recherche désespéré d’un “coupable” de l’irréalité complète du simulacre qui ravissait les âmes de ‘Hollywood-Bubble’ peut conduire à des conclusion terribles, à l’image de nombre de scénarios hollywoodiens sur les zombies.
Note de PhGBis : « Quels éléments de scénarios ? Kamala semble paraître pas tout à fait noire mais certainement vide comme un trou noir désaffecté du fait d’une malédiction évidemment raciste ; Trump-II qui paraît si acceptable à tant de gens n’est rien d’autre que le simulacre d’un diable fasciste absolument irréparable ; ces foules qui se sont laissées prendre à un simulacre aussi monstrueux sont elles-mêmes monstrueuses et doivent être traitées comme telles... Pourquoi une riposte, une “Résistance 2.0” type-Hollywood répondrait-elle selon une logique autre que celle de ses scénarios, pour nous dicter le simulacre de la réalité, jusqu’à devenir la réalité elle-même ? »
Pour cette sorte de raison, on comprend la logique de Mercouris qui nous avertit que cette sorte de critique, sorti des cerveaux et des plumes chauffés à blanc depuis quatre-huit ans, doit enfanter naturellement un développement génocidaire dont on distingue partout la mention ou l’évocation comme un simple élément d’information qu’on ne peut écarter par simple invocation morale à partir d’une logique religieuse (partout présente, y compris sinon surtout chez les athées et les laïcs). Ainsi peut-on observer que nombre de théories génocidaires élaborées sur des idées de conceptions, que d’autres nommeraient “complots”, peuvent parfaitement se développer non comme causes mais comme conséquences des événements que nos passions nous forcent à transformer sans cesse en simulacres d’eux-mêmes.
S’il faut terminer ce ‘Blame Game’ par une conclusion (“Qui est le responsable de cette débâcle du simulacre ?”), on peut gager que cette conclusion sera soutenue par les combattants de ‘Hollywood-Bubble’, ou inspirée d’elle, avec une passion hallucinatoire dont on voit mal qui pourrait la contrôler. La seule véritable chance de vaincre à ce stade est de s’en moquer, de la ridiculiser, d’utiliser l’arme de l’ironie contre le simulacre montée de façon à ce qu’elle en arrive à se sentir insupportable à elle-même.
Ce serait une façon d’appliquer le précepte du vieux stratège chinois de retourner l’arme de l’ennemi contre lui-même ; nous voulons parler ici de l’ironie entendue comme une sorte de persiflage que nous considérons comme une des voies de la déconstructuration de la modernité ; dès lors, nous dirions qu’à ce moment, agissant comme nous le proposons, nous aurions retourné le persiflage qui nous a dévastés au XVIIIème siècle, contre les ravages de la modernité qui sont le produit de ce persiflage du XVIIIème siècle.