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12375 août 2002 — L'article de Stanley Kruntz, sur le site National Review, en date du 2 août, est d'un particulier intérêt. Kruntz est Research Fellow à la Hoover Institution de Stanford University, et collaborateur régulier de National Review. Dans cet article, il revient sur une thèse fondamentale, qui concerne les limites des capacités militaires américaines. (On a vu déjà cette question sur ce site, notamment dans notre analyse du 25 mai.)
Kruntz estime que le débat militaires-civils qui se déroule au Pentagone sur la question d'une attaque en Irak (voir Notre “Faits et Commentaires” du 4 août ) n'aborde pas la question centrale, qui est celle des possibilités militaires d'une telle attaque.
« Even counting what the military is asking for in the way of insurance, total troop strength for the proposed operation would still be far below the number of troops deployed for the [1990-91] Gulf War. Yet even this relatively small number is considered to be too large an invasion force by the civilians at the Pentagon. In fact, the unspoken implication of the [2 August] report in the Post is that neither side in the debate thinks that we can invade Iraq if the troop requirements reach the high-end estimates of two, or two-hundred-and-fifty-thousand.
» Why is that? Why would a force substantially smaller than we deployed during the Gulf War be considered prohibitive by both sides in this debate? Doesn't this simply confirm earlier reports that our radically downsized military is already stretched to the limit? Don't the very terms of this debate reveal that our greatly reduced military forces have narrowed the president's options to the point where the invasion of Iraq itself may actually be called off? And why is no one even raising the issue of the need for more troops? »
Kruntz a déjà beaucoup écrit sur cette question, notamment dans National Review : deux articles, coup sur coup, l'un le 20 juin, intitulé « New World Realities », l'autre le 24 juin, intitulé « Our readiness problem, 24 juin 2002 ». Cette abondance d'écrits sur la même question, que personne n'aborde par ailleurs dans la presse US, est une indication sûre que Kruntz, expert réputé très sérieux, travaille sur des sources elles-mêmes très sérieuses, sur cette question que tout le monde veut laisser de côté, — sauf quelques chefs militaires.
Kruntz a une explication pour ce silence observé au niveau intérieur, qui nous semble tout à fait acceptable : la conscription. Seul un rétablissement de la conscription peut résoudre la crise d'effectif qui touche les forces armées US, à l'intérieur de la crise générale de capacité que subissent ces forces.
« As I argued in “Our Readiness Problem,” the reason is political. A draft would divide the country and drive the Republicans from power. But even increasing the size of the all-volunteer army makes for deep political problems. For one thing, simply admitting that we have too few troops raises the specter of a draft. That is politically unacceptable. But even paying for a much larger all-volunteer force is a political nightmare. Especially with the expanded pay and benefit packages that the military now gets, a significantly larger all-volunteer force would break the budget. »
Hors des USA, cette crise est également quasi-unanimement ignorée. Les Américains se gardent de l'ébruiter parce qu'elle va directement contre l'image de leur toute-puissance militaire qui est un des principaux arguments de leur politique de force, exercée avec quel succès. Du côté non-américain, et notamment du côté européen, on trouve très rarement une simple allusion à la possibilité que la puissance américaine ne soit pas exactement ce qu'on en dit ; il s'agit d'un cas presque parfait d'une évaluation faite “sous influence”, entretenue par la répétition ad nauseam de formules qui sont de purs slogans de propagande (par exemple le technological gap).
La réelle puissance américaine se situe au niveau de l'influence et de la capacité virtualiste de projection d'une image de puissance. La Force Projection, désormais neutralisée par la Force Protection (crainte de pertes, “zéro-mort”, etc), est remplacée dans l'arsenal américaine par l'Image Projection.