Récrimination et dissolution israéliennes

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Récrimination et dissolution israéliennes

Il est assez intéressant de noter qu’au moment où Netanyahou détaille pour la nième fois sa menace d’attaque contre l’Iran avant que l’Iran ne soit en possession d’une arme nucléaire destinée à “rayer Israël de la carte”, son chef d’état-major, le général Benny Gantz, détaille, lui, les raisons pour lesquelles l’Iran n’essaiera même pas d’avoir une arme nucléaire, ce qui conduit à penser que ce pays n’aura pas les moyens de “rayer Israël de la carte”. Ouf… C’est un peu long à dire mais c’est pourtant vrai.

La sensation, c’est bien sûr l’interview du général Gantz au journal Haaretz. (On peut noter, dans le même interview, la mention d’un autre argument des “négationnistes”, qui a en général le don de rendre absolument furieux les partisans d’une attaque, qui est l’affirmation de la rationalité des dirigeants iraniens : «I think the Iranian leadership is composed of very rational people.» Cet argument renforce sans aucun doute l’affirmation générale selon laquelle l’Iran n’aura pas l’arme nucléaire ou/et n'attaquera pas Israël.) Antiwar.com fait un rapport de l'interview et des à-côtés divers dans une courte synthèse, ce 25 avril 2012, en insistant également sur l’avertissement du chef d’état-major qu’il faut éviter de céder à toute “hystérie” à propos de la “menace” iranienne. Bibi, nominalement autorité sans appel du général Gantz, appréciera…

«Adding to the hope that the constant threats of war are empty ones, Israeli military chief Lt. Gen. Benny Gantz today expressed confidence of a diplomatic solution with Iran, adding that he didn’t think Iran would attempt to develop nuclear weapons. The comments, made in a high profile interview with Israeli newspaper Haaretz on the occasion of Israeli Independence Day, also include an admonishment to avoid “hysteria” about Iran’s program. This probably won’t sit well with the nation’s civilian leadership, which is constantly claiming Iran is “close” to nuclear weapons capability.

»The interview in the Israeli press was in stark contrast to Prime Minister Benjamin Netanyahu’s interview with US media outlet CNN, in which he insisted that there were no questions about Iran’s nuclear weapons program and that the international sanctions had “better work soon.”»

Ces étranges interférences à l’intérieur du sommet d’une hiérarchie israélienne qui nous avait accoutumé à plus de rigueur nous ramènent à des commentaires obtenues de source européenne, portant sur la situation structurelle de l’autorité, considérée d'une façon très générale. Selon ces sources, il apparaît de plus en plus difficile de trouver à la fois les “vrais interlocuteurs” comptables du “véritable pouvoir” dans tous les pays avec lesquels ces services (de l’Union européenne) doivent traiter, et d’identifier les acteurs qui évoluent dans un tel désordre. Cela vaut en général comme une remarque générale, témoignant de l’effondrement des structures du pouvoir, cela pris comme un phénomène global (globalisation, certes). L’UE elle-même, d’ailleurs, n’échappe pas au phénomène.

Dans le même état d’esprit et selon le même domaine de jugement, on observera combien ces contradictions, qui sont, de la part du général Gantz, une mise en cause indirecte mais très forte du pouvoir civil, apparaissent comme une illustration des propos de l’ancien directeur du Mossad, Meir Dagan, lui-même fameux initiateur de l’“école des négationnistes“ israéliens de la menace iranienne. Cette intervention, rapportée par PressTV.com, le 10 avril 2012 (à partir d’une interview dans le Jerusalem Post), développait une vision très pessimiste de Dagan de la situation des structures du pouvoir politique et économique, et de l’autorité en Israël, et de l’avenir du pays et de son régime du point de vue strictement intérieur.

«The former director of the Israeli Mossad spy agency, Meir Dagan, says Israel faces a “very bad prognosis,” cautioning against the corrupt dominant political trend within the Israeli regime.

»“I believe our system is reaching a point where the government is almost incapable of running the country,” Dagan said in an interview with the Jerusalem Post. “We are on the edge of – I would not say a disaster because that is a bit exaggerated – but we are facing a very bad prognosis of what will happen in the future,” the former Mossad chief added. “Anyone who is working and paying taxes and serves in the military is not receiving any support from the government, while everyone who is not working, not paying taxes and not serving in the military is receiving everything,” he said.»

C’est en effet de cette façon qu’on peut apprécier l’intervention du général Gantz, comme une illustration saisissante de cet état extrêmement inquiétant des structures du pouvoir en Israël comme ailleurs. (On pourrait penser également, puisque l’occasion nous en est donnée, que cela s’accorte aussi bien avec le commentaire sur “la G4G de Ron Paul”, ce 25 avril 2012 ; alors, pensons-le.) Il est assez remarquable d’observer combien cette “fronde“ de divers hauts fonctionnaires et officiers généraux des différents services de sécurité nationale en Israël se marque de plus en plus par une critique parallèle, avec ce curieux phénomène que la première fait la démonstration, comme on dirait par l’absurde, de la seconde : la première critique, ponctuelle, concerne l’évaluation “hystérique” (par le pouvoir civil) de la “menace” iranienne tandis que la seconde dénonce la déliquescence des structures de la société israélienne autant que des structures du pouvoir, cela impliquant notamment que l’autorité ne parvient plus à s’imposer et n’empêche plus les différents centres de pouvoir d’exprimer des avis contradictoires sur des problèmes essentiels. De cette façon, on peut donc dire que le comportement de type “négationniste” de ces dirigeants et anciens dirigeants de la sécurité nationale, dans le premier cas, est une illustration in vivo de la situation qu’il dénonce dans le second cas.


Mis en ligne le 25 avril 2012 à 12H22