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538Il est des périodes de l'histoire humaine au cours desquelles se joue, bien plus que dans d'autres, le destin de l'humanité. Elles sont appelées époques charnières par certains, changements de cycles par d'autres, mais ont toutes en commun l'obligation de franchir un pas supplémentaire de la longue marche de l'humanité. Ces périodes, pouvant s'étaler sur un ou plusieurs siècles, voient se succéder une multitude de conflits au travers desquels l'homme accède à une conscience plus grande, génératrice d'un nouveau progrès social adapté aux conditions générales de l'époque. C'est hélas bien par le fer et par le feu que l'humanité peut espérer progresser ; Il en a toujours été ainsi. Dans chacune de ces périodes hautement convulsives, le genre humain a ainsi frôlé la catastrophe qui aurait pu se traduire par sa disparition partielle ou totale, ou par un recul conséquent, et par là même insupportable, de ses conditions d'existence. Mais à chaque fois, les chances de pouvoir s'extraire d'un destin fatal avaient été suffisamment nombreuses pour tenir tête, et finir par contraindre les forces contraires à une défaite toute provisoire, ces forces n'ayant de cesse de se reconstituer et de se régénérer pour repasser à l'offensive plus tard. Mais, même à partir d'un socle fragile, les dividendes des longs combats avaient été obtenus, permettant un progrès social et humain indéniable.
Ce n'est malheureusement plus le cas. Ce n'est malheureusement plus le cas à cause de l'énorme écart qui n'a cessé de grandir entre le progrès technologique atteint par la civilisation occidentale, et le niveau moral de l'humanité qui, lui, n'a cessé de baisser, au point que celui-ci ne peut plus prétendre avoir surpassé celui du siècle ayant précédé l'incarnation de Jésus-Christ. Normalement, tout progrès scientifique doit s'accompagner d'un progrès moral correspondant. Nous en sommes loin et, comme on peut le voir, même très loin. Plus que jamais auparavant, la civilisation occidentale, mais plus particulièrement le centre de gravité de celle-ci, à savoir l'Europe chrétienne, se trouve dans une impasse apparemment insurmontable. Car nous nous trouvons bien, depuis la fin du second conflit mondial, dans une de ces époques charnières durant lesquelles se joue l'avenir de l'humanité. Au fil des analyses que l'on peut faire, apparaît désormais une évidence : les chances de vaincre les forces contraires sont, cette fois ci, à peu près inexistantes. En réalité, nous nous trouvons confrontés à un véritable déficit de qualité humaine qui ne pourra plus être comblé dans les contingences actuelles. Dans le précédent article « Sur l'historicité de Jésus-Christ, pourquoi tant de haine ? », a été évoqué le profond déséquilibre numérique que nous avons laissé s'installer entre 'les forces du Bien' et les 'forces du Mal', définitions simplistes et commodes qui correspondent presque entièrement à la réalité sur laquelle il nous faudra revenir ; c'est donc en raison d'un mauvais usage de notre libre-arbitre, par manque de volonté, de courage, d'abandon progressif du logiciel chrétien qui nous a animés durant vingt siècles, que nous avons créé les conditions de ce grave déséquilibre, nous confrontant sans aucune défense aux forces mortifères. Vu selon l'angle strictement traditionnel, le Mal, tel qu'il a été voulu par le Créateur, a pour mission d'aiguillonner l'homme sur la voie de son progrès spirituel ; progrès spirituel, se traduisant, in fine, par une amélioration de ses conditions d'existence qui ne sauraient se réduire à un plus grand bien-être économique, à un meilleur pouvoir d'achat permettant d'acheter plus de choses, à un ancrage encore plus poussé et illusoire dans la matérialité du monde d'aujourd'hui. Non, les assauts incessants du Mal sur l'homme, ont pour premier objectif de le tenir suffisamment éveillé afin que, au fil du temps, il puisse commencer tout doucement à entrevoir l'absurdité d'une société construite sur le mensonge et l'illusion, et, par là même, discerner les contours d'un autre monde dans lequel n'existent plus ni ce mensonge, ni cette illusion. Nous sommes donc en présence d'un Mal nécessaire, mais seulement si celui-ci reste contenu dans une proportion relativement équilibrée par rapport au Bien.
Reprendre la main, est-ce encore possible ? Si on se contente, comme par le passé, de faire appel aux lumières des grands « spécialistes » couverts de diplômes, habitués des plateaux télé, la réponse est non. Il n'est pas concevable que, pour apporter des solutions à la situation calamiteuse que connaît la civilisation chrétienne européenne aujourd'hui, qu'il puisse encore être fait appel à ceux-là mêmes qui l'ont précipitée dans les crises. Encore une fois non, le monde savant contemporain s'enorgueillissant d'une « pensée globale » inféodée aux trusts internationaux et à leurs devantures humanitaires, ne saurait représenter l'avant-garde que nous souhaitons pour répondre aux attentes des peuples. Afin de montrer à quel point nos élites se trouvent irrémédiablement enferrées dans l'intellectualisme correct, il est tout de même étonnant de constater qu'aucun « think tank », concept pourtant si à la mode, et dont la prospective est pourtant le métier, n'émette, à ce jour, le moindre avis laissant supposer qu'une remise à plat totale des bases sur lesquelles s'élaborent toutes nos stratégies fumeuses serait souhaitable. Ce constat, bon pour les « penseurs » stipendiés du système, est désespérant quand il s'agit d'officines se targuant de lutter contre celui-ci ! Les obstacles sont nombreux : d'abord un orgueil scientifique démesuré, fruit de l'hyper-spécialisation des universitaires seulement aptes à ne traiter que les problèmes qui relèvent de leur branche, alors que, justement, ceux-ci réclament un autre regard pouvant embrasser simultanément plusieurs perspectives. Sans parler des pressions politiques énormes que subissent les chercheurs dont les résultats doivent être conformes à l'idéologie dominante sous peine de sanctions professionnelles. Les exemples en sont innombrables, au premier rang desquels peut être citée la nébuleuse de ceux qui se penchent sur le climat, nébuleuse à ce point gigantesque qu'elle risque fort de se transformer en dictature ou, tout au moins, d'appuyer celle-ci bien au-delà de ce que devrait être sa mission. Ne parlons pas non plus de la classe politique, formée selon le même moule et qui suit un agenda de destruction alors que, justement, les temps réclament une reconstruction ; il devient donc dramatiquement urgent de la remplacer. Sans compter la misère culturelle de l'homme de la rue qui confond allègrement l'intellectualisme avec les choses de l'Esprit, voulant faire endosser à celles-ci les travers du premier. Il ne faut pas se le cacher plus longtemps : la pente est quasiment impossible à remonter.
Vouloir approcher la nature des problèmes majeurs que rencontre de nos jours l'Europe chrétienne, ne saurait se faire sans, au préalable, avoir une notion aussi exacte que possible du poids réel du Christianisme dans notre aire civilisationnelle. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n'est pas un religieux qui en parle le mieux puisque, encore une fois, nous faut-il faire appel à Carl Gustav Jung qui paraît être le plus compétent pour décrire celui-ci, comme il le fait dans son recueil d'articles « L'Ame et la Vie » :
« Nous nous figurons toujours que le christianisme consiste dans une certaine profession de foi et dans l'appartenance à une Église. En réalité le christianisme est notre monde. Tout ce que nous pensons est le fruit du Moyen Age et singulièrement du Moyen Age chrétien. Notre science elle-même et, en bref, tout ce qui se meut dans nos cerveaux est nécessairement façonné par cette ère historique, qui vit en nous, dont nous sommes à jamais imprégnés et qui constituera, jusque dans les époques les plus lointaines, une couche de notre psyché, de même que notre corps porte les traces de son développement phylogénétique. Notre mentalité tout entière, nos conceptions des choses sont nées du Moyen Age chrétien, qu'on le veuille ou non. Le « siècle des Lumières » n'a rien effacé ; l'empreinte du christianisme se retrouve jusque dans la façon dont l'homme voulut rationaliser le monde. La vision chrétienne du monde est, par suite, une donnée psychologique qui échappe aux explications intellectuelles. C'est un passé qui, dans ses traces et ses conséquences, sera comme tout passé, un éternel présent. Nous sommes une fois pour toutes marqués au coin du christianisme.
Bien que CG Jung n'ait pas pu développer, dans son analyse, la part cachée du potentiel métaphysique réel du Christianisme, le lecteur attentif en sait désormais assez pour comprendre qu'il ne saurait être question d'éradiquer la réalité chrétienne d'un simple trait de plume comme s'efforce de le faire, mais sans réel succès, un ensemble de forces coalisées au niveau mondial, conséquence de la situation de déséquilibre numérique évoquée plus haut, ensemble de forces qui, finissant par comprendre l'impossibilité de la tâche, semble malheureusement avoir choisi de supprimer le chrétien lui-même au lieu du Christianisme.
Il vaudrait mieux ne pas trop rêver. Certes il existe de nombreux chantiers à entreprendre ; mais en aurons nous le temps ? Car, pour le moment, le temps travaille contre cette partie des peuples que l'on peut encore qualifier de normale. Mais faisons tout de même comme si la situation n'était pas aussi dramatique. Au niveau de la politique et des relations internationales, il deviendrait urgent d'inclure dans les analyses qui sont faites, de nouveaux paramètres jusqu'ici peu ou pas du tout utilisés, comme, par exemple, développer de nouveaux outils permettant de déterminer, par pays, l'ampleur réelle des facteurs de ponérogenèse (facteurs de diffusion de l'influence négative d'une population d'anti-sociaux, sociopathes et autres psychopathes occupant des postes clé dans l'administration et la politique). De remarquables études ont été développées sur tous ces sujets, notamment celle du Dr Hervey Cleckey psychiatre et psychanalyste dont je recommande vivement la lecture de son livre The Mask of Sanity dont la première édition date de 1941 (nous en sommes à la 5ème) ; curieusement, à part au sein de quelques cercles très spécialisés, on n'en parle plus. Pourtant Cleckley avait surtout fait ressortir la quasi-impossibilité de détection d'un psychopathe « qui a réussi », c'est-à-dire qui n'est pas tombé entre les mains de la justice... Son estimation, d'après les seuls cas cliniques qui lui sont passés entre les mains, variait entre 3 et 6 % de la population ce qui est déjà énorme. On y apprend que ce n'est qu'au terme d'une très longue analyse qu'il est possible, à un spécialiste, de détecter si l'individu qui est en face de lui est réellement un sociopathe ou pas, et encore ne peut-il s'agir d'une certitude. L'invisibilité des sociopathes est quasi-totale, mais les dégâts qu'ils provoquent autour d'eux, sont hélas bien visibles ; ceux qu'ils provoquent à partir d'un poste à responsabilité étant proportionnels à l'importance du poste occupé. Une autre étude de Paul Babiak et Robert D. Hare, Snakes in Suits s'attache à démontrer l'habileté démoniaque dont font preuve les sociopathes pour gravir à toute vitesse les échelons d'une entreprise, en marchant sur la tête des autres pour, finalement, se retrouver aux postes clé si ce n'est dans le fauteuil de direction de celle-ci. On ne peut s'empêcher, alors, de transposer les observations trouvées dans ce livre, au monde politique, démarche qui permet d'éclairer bien des choses. En outre, d'autres estimations tout aussi sérieuses avancent des chiffres allant jusqu'à 30 % de la population. Il ne faut surtout pas oublier un ouvrage majeur que devraient lire et étudier tous ceux qui ambitionnent d'autres combats pour la politique de demain, La Ponérologie Politique (étude de la genèse du mal, appliquée à des fins politiques) du polonais Andrew M. Lobaczewski (éd. La Pilule Rouge) qui, lui, ne parle pratiquement plus de pourcentages, mais de pays entiers touchés quasi intégralement par le mal sociopathe et dont les conflits qui naissent avec d'autres nations ne résultent que de cette différence d'état. Un autre intérêt de ce livre réside dans sa description minutieuse des modes de propagation du mal psychopathe qui, de proche en proche, par l'entremise de l'idéologie, finit par affecter l'ensemble de la population. Mais, curieusement encore, cet ouvrage n'a été récompensé par aucun jury... C'est ainsi, qu'après toutes ces lectures, trouvons-nous moins farfelue la thèse, – véritable serpent de mer qui ressort à intervalles réguliers –, dérivée des premiers versets de la Genèse, thèse selon laquelle deux humanités totalement différentes coexisteraient sur la planète, se retrouvant, chacune, parmi tous les groupes humains, classes sociales et couleurs de peau, l'homme du 6 ème jour sans âme individuelle, mais qui répond instinctivement à une âme collective, et l'Homme Adamique qui possède une âme vivante et individuelle, chacun de ces deux groupes représentant, dans l'état idéal, environ la moitié de la population du globe, l'homme du 6ème jour surpassant actuellement de loin en nombre le second. Boris Mouravieff, historien et spécialiste de la Tradition chrétienne orientale a, sans nul doute, produit l'étude la plus sérieuse sur ce sujet (Gnôsis) et, déjà dans les années 60, dénonçait-il le très grave danger représenté par l'apparition d'un déséquilibre qui, hélas, s'est confirmé et amplifié depuis. Le troisième tome de son étude, s'attache tout particulièrement à faire ressortir les conséquences métapolitiques et géopolitiques à long terme qu'une telle disproportion entre ces deux groupes humains pourrait entraîner, et celles ci ne sont pas réjouissantes. Boris Mouravieff a également commis un autre livre majeur Le Problème de l'Autorité super-étatique, proposant une grille de lecture particulièrement attractive sur les relations internationales qui, bien que paru il y a déjà plus d'un demi siècle, est parfaitement adapté à la situation actuelle. Voilà, ce me semble, les chantiers qui devraient être entrepris dans l'urgence par ceux et celles qui sont persuadés que nous sommes depuis trop longtemps en train de tourner en rond, véritablement prisonniers de structures intellectuelles définies par le Système, et dont l'argument légal, comme l'a très bien vu Lobaczewski, en est la pièce maîtresse. Le Christianisme étant, dans sa partie visible, et comme l'affirme Jung, un gigantesque système psychologique qui nous protège de la barbarie, ne saurait n'être qu'un acteur plus ou moins passif dans le travail de reconstruction. Sa partie purement métaphysique, plus spécialement dédiée à ceux à qui il est donné de connaître les profonds mystères de la création et qui sont chaque jour plus nombreux parmi nous, offre un champ d'action dont l'efficacité est à la mesure de l'urgence du moment. C'est donc par l'analyse psychopathologique agissant conjointement et en collaboration avec les capacités de la Gnose, que l'on pourrait espérer démasquer l'ennemi de toujours et l'obliger à réintégrer une proportion démographique plus raisonnable, étant entendu que sa présence sera toujours aussi nécessaire au genre humain.
« Aspire à être comme le Mont Fuji avec une base si large et solide que le plus fort des tremblements de terre ne pourra t'ébranler, et si grand que la plus grande des entreprises des hommes ordinaires te paraîtra insignifiante du plus haut de ta perspective. Si ton esprit peut s'élever aussi haut que le Mont Fuji, tu verras toutes choses très clairement. Tu pourras percevoir toutes les forces qui mettent en place les événements, et pas seulement celles qui président à ce qui se passe près de toi. » (Miyamoto Musashi)
Pierre Audabram
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