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891C’est un signe important, une situation sans précédent à Washington. Nous sommes à peine passés dix jours depuis les élections du 2 novembre, et l’on devrait être, surtout chez les vainqueurs, en train de s’organiser, de se structurer pour le prochain Congrès. On devrait en être pas plus loin qu'à l’organisation du dispositif de la future législation et à la célébration de la victoire ; au lieu de quoi, on se trouve déjà plongés dans une polémique et un affrontement féroces, – y compris une “guerre civile” au sein du parti victorieux ! – sur un dossier qui n’a rien à voir avec les élections, qui concerne la politique la plus fondamentale de Washington… Signe des temps, signe de la vitesse des choses, et que les événements de la crise n’attendent pas. Il n'est pas sûr que quiconque aura le temps de s'organiser, et les divisions, le désordre en d'autres mots, apparaîtront sans qu'on n'ait rien pu faire pour les contenir et les neutraliser. D'ailleurs, divisions et désordre sont déjà là, non pas reliquat des élections mais bien plutôt signe des temps à venir...
Par conséquent, et sur ce point, le titre est bon, – «GOP civil war on défense», ce 12 novembre 2010, sur Politico.com, repris en manchette par Antiwar.com. Il s’agit bien d’une guerre civile à l’intérieur du parti républicain, d’une extraordinaire complexité, avec un nombre infini de tendances, entre interventionnistes de l’establishment qui veulent toujours plus de $milliards pour le Pentagone, deficit hawks qui veulent réduire les dépenses publiques, teapartiers tendance dure (type-Sarah Palin) qui écoutent les neocons, teapartiers tendance néo-isolationnistes comme Rand Paul, qui veulent réduire les dépenses du Pentagone… Ajoutez-y les intérêts particuliers, comme les républicains (dont le nouveau Speaker de la Chambre Boehner) qui veulent un deuxième moteur pour le JSF et le secrétaire à la défense (républicain et plus pour longtemps au Pentagone) Robert Gates qui s’y oppose, appuyé sur une menace de veto du président… Ajoutez-y les divisions au sein même du Pentagone, entre ceux qui veulent maintenir le budget selon la folle tendance actuelle et ceux qui acceptent des réductions dès maintenant pour contrôler le processus, avant d’être obligé à des réductions catastrophiques en désordre à cause du déficit…
«…But sources inside the [Pentagon] say it's better to trim the budget now than to suffer the catastrophic damage that runaway deficit spending would someday bring. “Deficit Hawks want to drive down debt and interest, which ultimately could KILL defense, so they are right to want to solve the problem,” one senior Pentagon official said via e-mail. “The tea party folks are neo-isolationist, and they want a smaller and cheaper government, so they will echo the Deficit Hawks.” But “re-shaping” the defense budget will occur over the decade, the official wrote, and no time soon.»
Là-dessus, en effet, pour mettre de l’huile sur ce feu déjà grondant, est venue la conclusion, il y a trois jours, de l’étude d’une commission présidentielle pour la réduction du déficit, menée par le sénateur Tom Coburn, de l’Oklahoma, préconisant une réduction de $100 milliards sur cinq ans du budget du Pentagone… Ambiance.
«A proposal to slash $100 billion from the Pentagon budget threatens to spark a civil war within the GOP — pitting hard-core deficit hawks against some members who view military spending as sacrosanct and others who represent districts reliant on defense-related jobs.
»The chairmen of President Barack Obama's bipartisan deficit reduction commission Wednesday proposed cutting several major weapons programs, from the Marine Corps’ Expeditionary Fighting Vehicle to the Navy’s Future Maritime Prepositioning Force.
»Some of the cuts will be non-starters. But the proposal exacerbates the tension already roiling Republicans who rode to victory last week on promises of smaller government. “Peace through strength can’t be accomplished through a waste of money,” Oklahoma Sen. Tom Coburn told POLITICO earlier this week. “We’re buying stuff we don’t need.”
»Coburn has proposed freezing Pentagon spending, which has nearly doubled since 2002. He'd then conduct a major audit, to be followed by $50 billion in cuts. Coburn has the support of some tea party favorites such as Sen.-elect Rand Paul from Kentucky, who said Sunday on ABC’s “This Week” that he also would seek cuts at the Pentagon.
»It runs in the family. His father, Rep. Ron Paul (R-Texas), appeared on MSNBC’s “The Dylan Ratigan Show” Wednesday decrying Republicans afraid or unwilling to cut defense spending. “That bothers me that freshmen are coming in with that attitude,” Paul said. “You know conservatives are going to argue you don’t cut a nickel out of military, I say that’s not defense, that’s military, and we should look at it.”
»And the tea party is by no means in harmony on this issue: Sarah Palin is among those conservatives who draw the line at defense spending…»
En bref et en un mot, qui n’est ni “réforme”, ni “révolution”… le désordre, auquel Tea Party apporte une contribution remarquée et remarquable, conformément à son véritable rôle historique, sinon métahistorique, – sans nul rapport avec le “populisme” dont les commentateurs européens, un peu faciles du neurone et paresseux du jugement, lui collent l’étiquette un peu vite. Le cas du budget du Pentagone, monstrueuse chose pourrie jusqu’à l’os de gaspillage, d’inefficacité, de corruption, dont tout le monde admet la nécessité de la réforme, – sorte de monstre du Loch Ness (la réforme du Pentagone) derrière lequel on court depuis un demi-siècle, – est le ferment le plus parfait pour une “guerre civile” à Washington, à commencer par l'intérieur du parti républicain. Cela, d’autant plus que nous sommes proches de l’impasse, à cause du déficit public qui menace toute l’architecture washingtonienne, et qu’il est impossible de résorber sérieusement ce déficit sans toucher aux plus de $1.000 milliards annuels (montant réel) qui vont au Pentagone.
Tous les monstres sacrés tremblent dans leur superbe habillage technologique, dont l’inévitable JSF, bien entendu, nommément visé dans le rapport Coburn pour des réductions substantielles. Bien malin qui pourrait dire qui l’emportera, à moins que le coming crash du Pentagone ne vienne mettre tout le monde d’accord. En attendant, un seul mot d’ordre, qui claque comme un étendard washingtonien, redit et répété : le désordre…
Mis en ligne le 13 novembre 2010 à 11H14
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