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562014 octobre 2023 (19H20) – L’attaque du Hamas et la guerre Hamas-Israël datent d’une semaine et, dèjà, deux évènements fondamentaux se sont passés, dans tous les cas tels que je les perçois et les propose à votre jugement. Il s’agit moins de ces événements provenant d’une action directe et directement identifiables que des facteurs qu’il faut découvrir dans un registre d’effets et de conséquences des premiers.
Il faut aller dans l’essence des effets & conséquences de la communication pour y trouver la hauteur que nous cherchons, qui soit à la mesure de l’ampleur et de la puissance de la GrandeCrise.
Le premier de ces “évènements fondamentaux” est l’extraordinaire étouffement de l’incendie ukrainien dans la communication, avec ses folles étincelles zélenskistes et la totale fascination de l’Occident-compulsif qui allait avec. L’opération s’est faite, – cela doit être compris précisément car la crise et la guerre continuent par ailleurs, peut-être décisivement, – dans le champ de la communication uniquement, qui était jusqu’alors l’essentiel de l’affrontement du monde d’ ‘Ukrisis’.
Ce qui avait quasi-totalement enflammé le jugement de nos esprits par le biais de l’infamie de l’affectivisme, – sauf ceux des ‘happy few’ de la dissidence, – s’est brusquement éteint, comme bougie soufflée. Ce fut l’effet phénoménologique d’un très puissant contrefeu allumé devant un incendie en marche, et le contrefeu se nommant Hamas-Israël. Aujourd’hui, les hordes des serviteurs et stipendiés empressés ne savent plus que faire de Zelenski et sa bande.
La crise Hamas-Israël est, dans son domaine et dans son histoire, d’une puissance jamais égalée. L’incendie redémarre périodiquement depuis au moins 1967 et même bien en-deça ; mais cette fois, il est effectivement d’une puissance inégalé alors qu’il est justement ce contrefeu qu’on décrit, comme si cette fonction décuplait cette puissance. La différence de cette crise avec ‘Ukrisis’ est que, si elle est farcie d’invectives, de dissimulations, de narrative contraires, elle ne nous emprisonne pas dans un simulacre qui met une partie du monde hors de la réalité du monde.
Dans cette crise, tous les acteurs potentiels et concernés sont impliqués et ainsi les simulacres des uns et des autres sont-ils contestés, perdant toute faculté de totalitarisme du jugement. Il existe en même temps une fronde générale dans les pays arabes du ‘Sud Global’ contre les États-Unis et leur impuissance sénile à rechercher une issue acceptable pour tous. La semaine écoulée a d’ailleurs montré qu’à la première réaction d’indignation a succédé une période plus nuancée, où les uns et les autres ne se précipitent plus vers l’irréparable du fait de l’existence de deux parties affirmées depuis des décennies.
D’ores et déjà, certains commentateurs israéliens appréhendent cela et s’y préparent, comme Aviv Buchinski, ancien conseiller de presse et chef de cabinet de Netanyahou, expliquant la nécessité de la formation d’une coalition d’unité nationale telle qu’elle a été décidée :
« Mais [à mesure que l'opération israélienne se poursuivra], les gens du monde entier demanderont de plus en plus : “D'accord, vous savez, comparons les chiffres. Vous avez tué trop de monde par rapport aux 1 300 personnes [israéliennes] qui ont été tuées de votre côté. Et donc, vous savez, il y a une crise humanitaire là-bas, et vous devez en tenir compte. [...] Nous savons donc malheureusement, d'après mon expérience et lorsque je servais dans le gouvernement, que cela se produit après plusieurs jours de sympathie. Soudain, tout le monde se retourne et dit : “Écoutez, les gars, il faut en finir, trop c'est trop”, etc. Je sais donc que ce jour viendra malheureusement, et que les gens seront indifférents au fait que le monde occidental définit le Hamas et le Jihad [islamique palestinien] comme des organisations terroristes. »
C’est le début de cette pseudo-accalmie où le bruit et la fureur sont moins assourdissants, qui nous invite à une réflexion, à une observation métahistorique immédiate pour identifier la puissance des choses en train de se faire. Je tiens cela pour une tâche essentielle, je dirais presque un réflexe de vie.
Ce qui s’est passé est certainement unique à ce point, avec cette puissance et cette rapidité : la libération de l’emprisonnement où le simulacre absolu d’‘Ukrisis’ tenait les esprits des hordes déjà identifiées. Ce que j’ai écrit pour la Russie vaut, sur le fond, pour tous les pays qui se définissaient dans la crise :
« Pour ‘Ukrisis’, la crise ukrainienne, c’est la première fois depuis le 24 février 2022 que les Russes sont complètement libérés, – temporairement, en principe, – de la main de fer de la communication antirusse qui s’est déchaînée contre eux. Cela ne signifie pas que l’on ne parle plus de l’Ukraine mais que l’Ukraine n’est plus l’épicentre de la GrandeCrise. Pour la Russie, c’est une opportunité, voire une victoire stratégique inespérée et nous verrons ce qu’ils en font et en feront, – ce pourquoi l’on dit ce que l’on dit à propos de leur poussée sur le front. »
Or, ce qui est le plus important pour ce propos ici, c’est que cette libération de l’esprit réalisé du fait d’une crise nouvelle, qu’on jugeait absolue et terrible dans un déferlement de simulacre, s’est faite par le fait de l’embrasement encore bien plus terrible de la plus vieille crise non résolue sans doute que nous connaissions, une crise “du temps d’avant” si vous voulez ; comme un vieux volcan qui laissait entendre épisodiquement des grognements de colère, soudain explose dans la plus terrible éruption... Vous savez, pendant que l’autre ahuri nous dfisait il y a une quinzaine de jours :
« La région du Moyen-Orient est plus calme aujourd'hui qu'elle ne l'a été depuis deux décennies. »
... Tout cela n’est pas rien, pour nous situer dans ce formidable tremblement du monde. Ce n’est même rien de moins que l’essentiel, – et je veux dire, pour mon cas, sans aucun doute l’essentiel de mon propos et l’achèvement du second des “évènements fondamentaux” venant compléter le premier pour hausser le tout à la hauteur de la GrandeCrise.
Ce que je veux dire ici, c’est que l’histoire désormais interprétée en métahistoire d’une façon irrésistible a fait un progrès sans équivalent avec un bond en arrière vers cette crise ancienne et interminable qui fut la marque même des errements de la modernité. Ainsi, le progrès tel que je l’entends à l’imitation des auteurs cités ci-dessous est-il, non pas le “retour” sur le passé, mais la découverte, la création même d’un passé qui n’existe pas encore, car l’avenir est notre passé recomposé désormais.
Il s’agit pour l’heure de cette tâche urgente de noyer le ferment de la modernité, littéralement “dans l’œuf” de l’imposteur qu’est ce simulacre de passé dont on nous abreuve... “Se tourner vers le passé”, c’est embrasser l’avenir en “retrouvant l’Unité perdue”.
« ...[“Se] se tourner vers le passé”, c’est-à-dire faire cela à la façon que définissait excellemment Evola, déjà cité, lorsqu’il parlait de la pensée traditionnelle ; et nous préciserions, selon notre propos, avec une traduction différente d’un des mots, indiquée entre crochets, au risque du pléonasme : « C’est une pensée “originelle”, elle ne [recule] pas en arrière dans le temps, elle s’élève verticalement hors du temps en direction du noyau transcendant… ». (Cette idée est générale lorsqu’il s’agit de ces antimodernes dont l’accointance de toutes les façons avec la Tradition est la raison d’être, et elle impose de considérer tous les termes employés à cette aune. Daniel Vouga, analysant l’influence essentielle de Joseph de Maistre chez Charles Baudelaire dans ‘Baudelaire et Joseph de Maistre’ (Corti, 1957), observait l’emploi laudatif du concept de “progrès” chez Maistre et chez Baudelaire, qui semblait une contradiction impossible pour ces deux penseurs antimodernes par excellence, et il commentait : “[P]rogresser, pour eux, ce n’est pas avancer, ni conquérir, mais revenir et retrouver... [...] Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l’Unité perdue... ”) » [Extrait de ‘La Grâce de l’Histoire’, Tome II]