Retour à 9/11, le désarroi et la déroute en plus

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On perçoit aujourd’hui la montée d’un sentiment général de déroute de l’esprit, dans un conflit qui, dès l’origine, fut pourtant sans le moindre esprit sinon celui d’une construction grotesque de mensonges et de tromperies. La guerre en Irak, la catastrophe irakienne est d’abord un tribut rendu à une époque qui a décidé, — appelez cela virtualisme si vous voulez, — de soumettre la réalité à sa propre volonté. Aussi est-il bien difficile d’accepter comme réel un débat sur la “volonté de vaincre” que l’Amérique serait en train de perdre puisqu’il n’y eut que la volonté du faussaire. Peut-on parler de “volonté de vaincre” à propos d'une guerre qu’on fabriqua de bout en bout, avec la maladresse et l’inefficacité qu’on sait, avec l’horreur et le désarroi comme effets principaux? Peut-on parler de “volonté de vaincre” à propos d'une guerre qu’on fabriqua en la présentant comme gagnée avant d’être faite, faisant ainsi montre d'un incroyable mépris pour l'adversaire, allant presque jusqu'à lui daigner son existence en tant que tel?

Le Sunday Times (le Times du dimanche) publie aujourd’hui un très long article où il décrit le désarroi qui est en train de balayer l’Amérique et de faire vaciller Washington. «Bush says he is waiting for the verdict of history, but historians might conclude that this was the week Americans lost the will to win», écrivent Sarah Baxter et David Cracknell. Nous serions plutôt d'avis d’écrire que cette semaine fut celle où la réalité de l’histoire s’est définitivement rappelée à l’Amérique et que l’Amérique ne s’en relèvera peut-être pas (les braves Allemands, pourtant si attentifs avec leurs amis américanistes, en sont à s’interroger sur une seule chose à propos de l’Amérique : la vitesse de son déclin, la réalité de ce déclin leur paraissant acquise).

Ce retour à la réalité, n’est-ce pas ce que nous annonce cet article, d’un journal pro-US et pro-guerre, un article à la fois désolé, désespéré et avec un certain mépris sous-jacent pour cette énorme puissance qui ne semble plus capable, — qui n’a jamais vraiment paru capable de se servir avec efficacité de son énorme puissance ? La conclusion de l’article, qui nous dit que les USA sont, comme on dit, “de retour à la case départ” (l’attaque 9/11), finalement ne dit pas autre chose : retour à la réalité, mais avec le déclin accéléré en plus, avec le désarroi et le sentiment de la déroute découverts, — avec la punition que la réalité vous inflige lorsque vous avez eu la vanité de l’ignorer. Un retour à 9/11, avec l’hostilité du monde à la place de la compassion du monde, avec le désarroi de la déroute à la place du désir de revanche. Somme toute, l’aventure américaniste fut brève.

«Whatever the manner and timetable of troop reductions in Iraq, and the consequences for civilians there, another factor plays on the American mood. At the American Enterprise Institute, the neoconservative think tank where so many hopeful plans for the war were hatched, a recent meeting discussed the dangers of abandoning the “surge” prematurely.

»But as the meeting drew to a close, Danielle Pletka, a leading hawk, glumly noted that the panel and audience had spent two hours discussing the war with barely a mention of Al-Qaeda or the threat of terrorism. The focus was almost entirely on America’s diminishing will to win.

»Days later the contents of a new US intelligence report were leaked to the Associated Press. Al-Qaeda, an official revealed, was “considerably operationally stronger than a year ago” and has “regrouped to an extent not seen before 2001”. Michael Chertoff, the homeland security chief, said he had a “gut feeling” that terrorists were planning to attack the United States this summer.

»After billions of dollars and thousands of lives expended, America, it seems, is back where it started on the eve of September 11, 2001.»


Mis en ligne le 15 juillet 2007 à 05H31