Retour à la normale, style “Entente Cordiale”

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Retour à la normale, style “Entente Cordiale”


23 novembre 2003 — Après la visite de GW Bush à Londres, dont nous avons beaucoup parlé, voici un “retour à la normale”, c’est-à-dire aux choses sérieuses. Il s’agit du sommet franco-britannique de Londres, où l’on devait parler de choses sérieuses par contraste avec la vacuité de la visite US. Dans son commentaire publié la veille du sommet, The Independent nous donne une phrase qui nous dit tout.


«  In contrast to the state visit by George Bush, the meeting between the two European leaders will involve a great deal of detailed negotiation, with a minimum of ceremony and no street demonstrations. »


Parmi les divers sujets qui devaient être abordés, le gros dossier de la défense européenne où il reste des matières importantes pour des discussions éventuellement tendues ; divers autres sujets européens, dont notamment la question de la querelle du commerce entre les USA et l’Europe (Blair n’a rien obtenu des Américains sur ce sujet). Il y a aussi la tâche importante de remettre en place les relations franco-britanniques après les tensions d’il y a neuf et douze mois. L’anniversaire (centenaire), l’année prochaine, de l’“Entente Cordiale” y contribuera (on prévoit notamment un voyage de la Reine à Paris). Ce qu’écrit The Independent :


«  President Chirac will also try to avoid embarrassing his host by not reminding him publicly of France's pre-invasion warnings about the dangers of occupying Iraq.

» Instead, the two leaders hope to push forward the discussions on how to celebrate the 100th anniversary of the Anglo-French Entente Cordiale next spring. A royal visit to Paris and a couple of unusual sporting events, to symbolise the integration of French sports stars into the British way of life, are under consideration. »


Le plus impressionnant dans cet événement (Blair-Chirac) suivant l’autre (Blair-Bush), c’est effectivement la différence de style que nous signalions plus haut avec la citation de The Independent. Entre Britanniques et Français, des sujets à foison, entre Britanniques et Américains, rien de sérieux, — c’est-à-dire, rien qui permette d’espérer de déboucher sur des avancées, des décisions, des changements, etc. Ce contraste symbolise bien la paralysie presque complète de la diplomatie américaine, marquée d’ailleurs par l’activité des plus réduites de Colin Powell. Les États-Unis fonctionnent aujourd’hui par ukases, plus ou moins militarisés, plus ou moins dissimulés, à l’encontre de leurs partenaires, particulièrement leurs meilleurs alliés, particulièrement les Britanniques.

L’activité de GW Bush se réduit à des discours de plus en plus idéologisés (le discours du 20 novembre à Londres, après celui du 6 novembre), annonçant des projets que les Américains n’ont plus aucun moyen militaire d’accomplir ni même de susciter. L’Amérique vit donc paralysée, choisissant de plus en plus son affirmation virtualiste, faisant peser son poids pour empêcher que quoi que ce soit ne vienne entamer ses positions, d’ailleurs sans plus réfléchir à l’intérêt ou à la justification de ces positions.

Par contre, au niveau européen l’activité est intense. Des structures et des orientations fondamentales sont en train d’être développées, mises en place, etc. A côté des Américains, les Européens sont en pleine activité et en pleine créativité. Ce contraste résume les situations et les ambitions respectives, pour ce qui est bien sûr du domaine du possible.