Retour sur le “mois des fous”, M3 & IOB

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Retour sur le “mois des fous”, M3 & IOB


25 mars 2006 — Nos lecteurs ont suivi avec intérêt les informations diverses publiées autour de la question du dollar, de la bourse iranienne du pétrole (l’Iranian Oil Bourse, ou IOB), de l’abandon de la publication de l’indice M3 par la Federal Reserve. Tous ces thèmes sont repris dans une étude, très controversée depuis, qui les intègre dans une thèse générale dont nous avons reproduit l’essentiel. Nous avions nous-mêmes commenté cette situation dans un F&C qui se référait au mois de mars comme au “mois des fous”, — petite coquetterie de poète mal vue par certain(s).

Nous reprenons ci-dessous la réaction du groupe “Leap/E2020” en date du 24 mars à propos de deux sujets : l’événement de la cessation effective de la publication de l’indice M3 et la question (plutôt que l’événement ?) de l’IOB, qui aurait du être ouverte le 20 mars selon certaines annonces, et qui semble ne l’avoir pas été (confusion complète à cet égard). Nos lecteurs disposeront ainsi du “suivi” de cette affaire.

Pour notre part, nous ne pouvons que redire et répéter l’importance considérable que nous attachons à l’aspect psychologique, lequel engendre la perception, laquelle détermine les réactions, les actes, les décisions, lesquels déterminent les faits bruts. Les faits, comme on le voit, sont tout au bout de la chaîne, après plusieurs traitements, — notamment celui de la communication, facteur éminemment redoutable de notre époque, qui fait circuler l’information et détermine la perception

Les prédictions de “Leap/E2020” sont-elles démenties? L’annonce de la crise mondiale et la chute de l’Oncle Sam était-elle un bobard ? Un de nos lecteurs, désolé (voir “Fred”, sur le Forum du jour), nous signale un site, dit fameusement “tueur de bobards” dans la langue qui importe (hoaxbuster.com), qui nous annonçait dès le 9 mars que tout cela est un montage. L’auteur de l’article cité cite lui-même un autre auteur citant, argument définitif, l’analogie de 9/11 et du “bobard” de Thierry Meyssan concernant l’attaque-montage du 11 septembre 2001. Il faudra donc mettre Meyssan à l’asile, mais aussi Gore Vidal, l’acteur Charlie Sheen, l’ancien adjoint au secrétaire au trésor Paul Craig Roberts, le professeur Daniele Ganser et bien d’autres dingues en liberté. Et il faudra conserver, comme icônes de la santé mentale, GW, Dick Cheney, le général Boykin et quelques autres ; et aussi Herbert Hoover qui, en mars 1930, six mois après le crash de Wall Street, annonçait : “the prosperity is around the corner”. Nous avions cité Hoover dans un F&C récent, ce texte sur “le mois des fous” qui, paraît-il n’est pas le mois des fous. Passons outre, car qui peut dire de quels fous l’on parle.

Si nous renvoyons nos lecteurs à ce F&C du 23 février qui, déjà, prenait en compte les arguments pour ou contre la validité de la thèse de “Leap/E2020”, c’est pour faire respectueusement remarquer que nous n’en retirons pas une ligne. Il faut apprécier les événements aujourd’hui, non pas majoritairement en fonction des faits qui ne sont qu’en bout de séquence, comme on l’a observé, mais en fonction des perceptions et de la psychologie. Nous nous permettons de nous citer parce que, vraiment, nous pensons que l’important n’est pas l’événement d’aujourd’hui, tel qu’il apparaît et est pris en compte par le petit comptable du coin déguisé en analyste financier bon chic bon genre. L’important est, littéralement, ce que l’Histoire est en train de nous tramer.

Voici l’extrait que nous voulons rappeler :

« L’intérêt de toutes ces choses, notamment de la thèse sur “la fin de l’Occident…” mais aussi du discours du 15 février de Ron Paul, est effectivement de s’inscrire dans le grand courant d’une tension que l’on perçoit montante et bouillonnante, et nullement dans leur exclusivité ni dans l’événement économique qu’elles prétendent décrire. L’intérêt est, justement, de voir grandir une grande tendance psychologique, animée par la perception d’une tragédie possible, extrêmement diverse et qui n’est pas sous contrôle d’une seule puissance (comme l’était l’attaque de l’Irak) ; et l’intérêt est encore plus d’identifier cette tendance, d’en découvrir les chatoiements et les potentialités. Cette diversité du drame possible, la diversité des thèmes qui l’animent (pétrole, nucléaire, dollar, USA, Europe, sans oublier les nouvelles sur Internet), voilà les facteurs qui déterminent cette montée de la tendance psychologique et aident à l’identifier. C’est là que se trouve le nœud inexplicable, — qu’on ne peut ni deviner par avance ni expliquer par la seule analyse rationnelle après, — de cette sorte de tragédie en train de se nouer.

» Ce qui caractérise notre époque est que nous pouvons, par contre, deviner la possibilité de la tragédie qui vient. La cause en est essentiellement le courant énorme d’informations et de communication qui annonce l’apparition du climat psychologique et qui contribue puissamment à le développer. Parfois, mais assez rarement dans le climat d’irresponsabilité et d’illusion qui domine, cela conduit certains à prendre des précautions supplémentaires (en général économiques pour le cas qui nous occupe, et dont l’intérêt est limité à ce domaine, et l’efficacité idem). De façon très différente parce qu’opérant dans le domaine psychologique, cela conduit à des réactions très diverses et radicales ; cela renforce les préjugés virtualistes (ceux des américanistes), dont la caractéristique est de tout interpréter à l’aune de la vanité qui les caractérise ; chez les autres, cela ouvre l’esprit à la possibilité de surprises et à l’inattendu. En cela, notre époque est unique. Elle est ouverte aux événements imprévus et, par ses réactions, et sans rien connaître de ces événements, elle favorise leur éclosion. Elle est, par rapport aux normes historiques, doublement, triplement imprévisible. »

Voici, ci-après, les deux textes de “Leap/E2020”. Tout le monde reste sur ses positions et tout reste possible. C’est la magie paradoxale de ces temps étonnants et détestables.


A propos de M3

24 Mars 2006 : M3 n’est plus publié par la Réserve fédérale US — Le monde n’a plus aucune information fiable sur la valeur réelle du Dollar

Comme annoncé le 15 Février dernier par Leap/E2020, la Réserve Fédérale américaine (voir son communiqué) a bien cessé hier 23 Mars 2006 de publier M3, l’indicateur le plus fiable sur la quantité de Dollars US en circulation dans le monde.

La Réserve fédérale américaine a également supprimé dans le même temps la parution de toute une série d’indicateurs secondaires (comme le montant des EuroDollars, les cessions en pension, les dépôts à terme de grands montants) qui permettraient de reconstruire M3 à partir d’autres agrégats. Il est important de noter que la Réserve Fédérale US continue de calculer M3 et les autres indicateurs. Elle n’arrête pas de recueillir ces données; mais désormais elle ne partage plus cette information avec les citoyens américains et le reste du monde.

Pour prendre une image simple, c’est un peu comme si à la veille d’une guerre, le Pentagone supprimait le guidage GPS, y compris pour ses propres alliés.

Cette mesure sans précédent depuis 1945, date à laquelle le Dollar s’est imposé comme référence monétaire mondiale, constitue une rupture fondamentale du contrat de confiance entre les Etats-Unis et ses Alliés.

C’est d’ailleurs pour cette raison que certains refusaient de croire à l’éventualité de la suppression de M3 et ont mis en doute les analyses de Leap/E2020 sur la crise systémique globale.

En effet, suite à la décision de la Réserve fédérale US, l’évolution de la création de monnaie pour payer la dette américaine croissante, la revente de Bons du Trésor US pour acheter des Yens ou des Euros, …par exemple sont des facteurs désormais inconnaissables. Or cette décision survient dans une période d’incertitude où des pays pétroliers aux pays asiatiques un nombre croissant d’acteurs financiers annoncent vouloir vendre une partie de leurs Dollars US.

Dans les semaines et les mois qui viennent, l’Europe, l’Asie et les pays pétroliers vont devoir apprendre à naviguer à vue en ce qui concerne la valeur du Dollar et la nature du financement des déficits américains (pure création de monnaie ou contrepartie en richesse réelle). Quant aux citoyens américains, ils devront eux aussi parier de cette manière sur leur propre économie et leur propre monnaie.

La suspension de la publication de M3 constitue de l’avis de Leap/E2020 une décision aussi importante que celle de laisser flotter le Dollar en 1971 en abandonnant la référence à l’or. En 1971, le Dollar était devenu une monnaie fondée uniquement sur la confiance du reste du monde. Or cette confiance reposait en grande partie sur un sentiment de transparence de la gestion de l’économie américaine et de sa monnaie. Avec la fin de la parution de M3, c’est cette transparence qui désormais disparaît totalement. Les Etats-Unis veulent désormais que le monde les croit sur parole quant à la valeur de leur monnaie. Dans un monde où la confiance qui leur est accordée est au plus bas depuis 1945, ils font ainsi du Dollar l’acteur central de la crise systémique globale qui débute.


A propos de l’IOB

Confusion sur le statut de la Bourse pétrolière iranienne... mais confirmation du transfert important vers l’Euro d’avoirs des pays pétroliers

Il y a une grande confusion ces jours-ci sur le statut exact de la Bourse pétrolière iranienne qui semble pris dans le grand jeu diplomatique de la crise Iran/Usa. Les informations les plus contradictoires circulent (cf. Pravda). Ce qui est certain (et c’est le point essentiel concernant cette Bourse), c'est que le statut du Dollar comme seule monnaie d'échanges du pétrole est en train de vaciller sérieusement comme l'illustre la décision des pays du Golfe d'accroître leurs réserves en Euro au détriment du Dollar. Et la fin de la publication de M3 par la Reserve Fédérale US va encore accélérer cette évolution, si elle n’a pas été décidée justement pour la camoufler le plus longtemps possible.

En effet, le refus américain de laisser une compagnie d’un pays du Golfe arabique (Dubaï) acheter l’opérateur de gestion des principaux ports américains a généré dans les Etats pétroliers de la région une prise de conscience accrue d’être pris dans un “piège Dollar” qui les empêche in fine d’acheter au pays du Dollar des richesses réelles avec la monnaie qu’ils accumulent en Dollars.


[Notre recommandation est que ce texte doit être lu avec la mention classique à l'esprit, — “Disclaimer: In accordance with 17 U.S.C. 107, this material is distributed without profit or payment to those who have expressed a prior interest in receiving this information for non-profit research and educational purposes only.”.]