Revue de détail

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Revue de détail

28 janvier 2022 (10H05) – Je reviens sur deux nouvelles commentées dans ce ‘Journal-dde.crisis’ par votre serviteur, parce que ces deux nouvelles se renforcent dans un courant qui va son cours, c’est le cas de le dire, et même qui, j’espère, est en train de grossir en suivant le cours de l’effondrement. Ce courant est celui de la reconnaissance épisodique, mais de plus en plus répétée par les malheureux zombies du Système, – je les aide chaleureusement en le répétant moi-même – qu’ils sont effectivement des zombies-Système, qu’ils sont des zombies et qu’il y a le Système.

Cette répétition, je le répète, est l’essence même de notre-“résistance” comme je la conçois dans son héroïsme intuitif et son efficacité opérationnelle. Cette action de la répétition est destinée à agir sur la psychologie, sur leur-psychologie, pour qu’ils se dévoilent de plus en plus régulièrement en leur propre infamie, en leur imposture, jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus inconsciemment en supporter plus, c’est-à-dire à ne plus pouvoir se supporter eux-mêmes. Par conséquent, suivre cette voie qui est celle de la résistance :

« Je ne fais que me répéter à cet égard, mais je ne crois pas cette répétition inutile, même s’il faut nécessairement céder à l’inconnaissance en sachant qu’il s’agit d’une posture [héroïque], parce qu’il y a dans cette répétition l’essence même de la résistance

On s’en souvient, les nouvelles sont encore fraîches, que nous prîmes la main dans le sac de l’aveu deux occurrences qui concernent le sacro-saint système de la communication (au sens le plus large) dont le Système a absolument besoin pour survivre ; dont la résistance a absolument besoin pour retourner sa puissance (celle du système de la communication) contre le Système, dans un superbe effet-Janus.

Ce fut, le 14 janvier, l’observation que deux grandes voix de la presseSystème avaient constaté avec surprise qu’elles se fourvoyaient et trompaient leurs lecteurs dans l’affaire du Covid, en suivant trop aveuglément la feuille de route du Système. A force de lécher les bottes, on se fait le cuir épais pour percevoir sur quoi marchent ces bottes. Donc, le 14 janvier, on parle de l’allemand ‘Bild’ et du danois ‘Ekstra Bladet’ : l’aveu d’une minute, d’une édition, qui ne les empêche pas de poursuivre leur route servile mais qui montre leur profonde fragilité, laquelle est leur terrible vulnérabilité.

« Et le plus drôle dans le sens de l’ironie, le plus heureux pour les âmes poétiques c’est de voir que, des rangs de ceux qui les acceptent sans en rien savoir, parfois l’un ou l’autre, qu’ils se nomment ‘Bild’ ou ‘Ekstra Bladet’, soudain fait un pas en avant, franchissant la très-fameuse “ligne rouge”, pour dire un instant, comme frappé d’une illumination, “Je crois que nous racontons n’importe quoi car nous sommes hypnotisés”. Même si cela ne dure qu’un instant, je suis assuré que cela réconforte, et pour mon cas, sans une seconde prétendre que j’ai ainsi compris le ressort de cette mécanique infernale (cette prétention, l’hybris inverse de celle des perroquets hypnotisés) ; cela réconforte dans le sens de ce que je vous ai dit sur mon “essence même de la résistance”, sans en savoir plus, sans en demander plus, simplement comme on est attiré par un secret destin. »

Ce fut, le 20 janvier, un mien commentaire, suivant celui d’Orlov de la veille, sur le film ‘Don’t Look it Up’. Tout ce qui est dit de la perception, des intentions, etc., du réalisateur Adam MacKay et du reste ne nous décourage en aucune façon de voir dans ce film une critique d’une extraordinaire puissance du Système, de sa schizophrénie, de son irrésistible attirance pour le simulacre de  l’immédiat, de sa perception faussaire, de son déguisement systématique de la réalité, – aujourd’hui, que la chose aille du Covid à l’Ukraine, comme elle concerne, dans ce film, la comète qui détruira la terre dans six mois mais qui n’intéresse personne. Ce constat reste absolument valable :

« Pour mon compte, ma principale réaction devant ce film fut qu’il s’agissait d’une description parfaite du processus constant de schizophrénie psychopathique dans lequel vit le Système, c’est-à-dire le monde lui-même, dans ses pratiques, ses directions, ses puissances, avec dans ses marges incertaines une “dissidence” qui, – tout en poussant dans le même sens de l’autodestruction, bien entendu, dans la mesure de ses moyens, – ne fait que répéter, incrédule :“Mais comment peuvent-ils se conduire comme cela, vers leur perte, leur autodestruction ?” »

Ces deux exemples montrent l’état de déliquescence extraordinaire où se trouvent le système de la communication et l’information disons “officielle” dans une situation où les chose tendent, non pas à se réguler mais à s’aggraver contre le vœu de la “normalisation” apparente, c’est-à-dire contre le Système. Vous comprenez que, selon mon point de vue, l’“aggravation” est une bonne chose et la “régulation” une trahison de soi-même, quoiqu’il nous en coutassent en termes d’apaisement factice (croire que la communication et l’information sont respectées par les forces du Système). Croyez-le bien, j’ai bien de la peine à plaider ces choses par rapport à mon état immédiat ou dirais-je “de surface”, de ‘l’écume des jours’, tant l’angoisse et le malaise pèsent sur moi. Je n’aurais jamais cru que cette angoisse et ce malaise “de surface” soient si profonds jusqu’à menacer l’être de soi-même. Mais ne pas céder, ni à l’angoisse ni au malaise, c’est résister certes.

Cette dynamique héroïque n’est possible que grâce à l’existence d’une “dissidence” s’exprimant par la communication et l’information, ce que je désigne en général comme “le nouveau Samizdat”. Seul lui peut faire naître et peser cette tension persistance en se faisant l’avocat héroïque de la recherche de la vérité (“vérité-de-situation”). Je m’y emploie pour mon compte, malgré le poids que cette démarche fait peser sur moi (angoisse et malaise “de surface”).

Je n’aurais je l’avoue jamais pensé, in illo tempore, que l’obligation de la recherche de la vérité, même si elle ne se manifeste par rien de convenu, de ronflant ni de solennel, même si elle reste discrète en un mot, ait une telle force de résilience et une telle capacité presque totalitaire de vous obliger, – dans les deux sens du mot, si l’on me comprend bien. La recherche de la vérité est mon fardeau et mon honneur à la fois. Pour me consoler, je cite mon Kunstler des temps difficiles.

« [L’]argument de Kunstler, que nous trouvons de surcroit d’une grande beauté esthétique, qui fait de notre engagement à tous un devoir de pertinacité, une nécessité de ne jamais céder [...]

» Car voici ce que nous dit JHK : “L’information indépendante continuera et sera diffusée, et il est utile de se rappeler que la vérité a des pouvoirs divins qui lui sont propres. »

Dans ce monde extraordinaire où règne une extraordinaire bêtise satisfaite de sa vacuité et bouffe de son extrême puissante, il ne reste qu’une seule façon opérationnelle de “résister”. Pousser, et pousser encore plus, et pousser encore la lourde bêtise dans sa surpuissance. Il faut l’aider, l’encourager, lui donner du cœur à l’ouvrage, pour qu’elle parvienne enfin à bon port, prête à exploser d’être à bout de souffle : le port de l’autodestruction.

Ne comptez sur rien ni sur personne pour vous éclairer sur cette course catastrophique qui nous réserve une nécessaire renaissance, sinon sur ceux qui se sont repliés dans leur indépendance et à bonne distance, hors de l’influence des zombies et des hystériques, pour faire perdurer une vision détachée de notre destin, ceux-là qui ont “de la peine à plaider ces choses par rapport à [leur] état immédiat ou dirais-je ‘de surface’, tant l’angoisse et le malaise pèsent [sur eux]”. C’est la connaissance intuitive par l’inconnaissance des manœuvres du Système agonisant. Nous sommes de ces glorieux et héroïques Samizdat.

Je reprendrais le propos un peu leste de ma dernière page de ‘Journal’, consacrée à ce thème de l’exigence où je me trouve de demander, d’exiger votre soutien, comme si je me reconnaissais le droit de le faire. (Je ne me reconnais pourtant pas dans cette exigence et j’en suis à la fois stupéfait et honteux, – voilà la mesure de ce que nous font faire ces temps extraordinaires d’angoisse, de malaise...) Croyez-le si vous voulez, ou plutôt si vous pouvez : cette affaire est moins une question économique qu’une question de survie psychologique, de ce besoin de n’être pas laissé seul dans une entreprise si sombre, si lourde, si complètement perdue dans le brouillard et à la recherche de la lumière.

« Ce message est par conséquent pour vous demander votre soutien, qui représente une part du combat commun. (La chute dans le style est inévitable...) Voyez notre décompte à ce jour, ayez à l’esprit ce dont nous avons besoin (*), – certes,  c’est toujours la même chose au même moment de chaque mois ; et puis, au bout du compte, vous autres lecteurs, agissez comme votre conscience de cette situation extraordinaire d’une rupture civilisationnelle vous pousse à faire, avec les moyens et la détermination que vous avez.

Ajouterais-je que, bien entendu, la somme jusqu’ici réunie pour notre objectif mensuel (*) est très, très éloignée du montant qui nous est nécessaire pour continuer à fonctionner normalement ? “Bien entendu, PhG, c’était inutile de le dire...” »

Note sans intention de nuire

(*) Phrases sempiternelle, rajeunies et relookée elle aussi en fonction des nécessités...   « “…les montants de €2.000 et €3.000, [...] constituent pour nous les sommes permettant respectivement un fonctionnement minimum des fonctions essentielles du site et un fonctionnement plus aisé de ces fonctions”. Nos lecteurs savent évidemment que, depuis 2011, les conditions économiques ont évolué et que les sommes proposées doivent être définies différemment. Le seuil du “fonctionnement minimum des fonctions essentielles du site” dépasse aujourd’hui très largement les €2.000 et se trouve quasiment au niveau des €3.000 avec le reste à l’avenant... »