Rice à Londres sur l’aile du vent: la crise afghane brûle

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Dramatique annonce ou annonce dramatisé c’est selon, pour la visite non prévue, la semaine prochaine, de Condi Rice à Londres. Le Guardian annonce la nouvelle en la liant explicitement à la crise afghane, ou plutôt la crise de l’OTAN à propos de l’Afghanistan. L’élément dramatique est la demande brutale de l’envoi de forces allemandes dans le Sud du pays, par une lettre du secrétaire à la défense Robert Gates, et la réponse négative non moins brutale des Allemands. L’argument circonstanciel de fond de l’actuelle phase de la crise est la menace du Canada de retirer ses troupes si d’autres pays de l’OTAN n’envoient pas des forces supplémentaires.

«Alliance divisions burst into the open earlier yesterday with a US demand that Germany, whose forces are in the relatively stable north, send combat troops and helicopters to the volatile south.

»Robert Gates, the US defence secretary, sent an “unusually stern” request to Berlin, the Süddeutsche Zeitung reported.

»But Germany's defence secretary, Franz Josef Jung, refused to comply. “I keep to the view that we should continue and fulfil our mandate in Afghanistan,” Jung said. “I believe our focus should continue to be in the north.”

»German chancellor Angela Merkel made clear that the limited mandate was “not up for discussion”.

»On Thursday Gates met similar opposition from his French counterpart, Hervé Morin, in talks in Washington. The mood in Paris and Berlin threatens a damaging replay of the transatlantic spats in the run up to the Iraq war five years ago.

»But the immediate crisis has been triggered by Canada, which has threatened to bring home its 2,500 troops from Kandahar, next to Helmand province where British forces are fighting the resurgent Taliban insurgency, unless other allies send reinforcements.

»Stephen Harper, the Canadian prime minister, told Gordon Brown this week that the "clear choice" laid out by an internal Canadian panel was that Canada would remain in Afghanistan beyond February 2009 only if allies supplied more combat troops for Kandahar and Canada acquired new equipment.»

Le ton dramatique est certainement donné par cette remarque du Guardian mentionnant, après le refus allemand, le refus français d’envoyer des forces en Afghanistan: «The mood in Paris and Berlin threatens a damaging replay of the transatlantic spats in the run up to the Iraq war five years ago.»

La comparaison avec la crise irakienne est certainement sollicitée, les positions diverses étant très différentes, mais elle mesure l’intensité de la tension au sein de l’Alliance aujourd’hui. En même temps, cette remarque est particulièrement ironique, dans la mesure où les successions de Schröder et de Chirac par Merkel et Sarkozy avaient été perçues à Washington comme autant de facteurs de réalignement des deux pays sur la ligne US après l’“escapade” franco-allemande des annnées 2002-2004 contre l’invasion de l’Irak.

La situation opérationnelle au travers des contributions devient un casse-tête pour Washington et l’OTAN, avec la menace du Canada de retrait des forces d’Afghanistan. Les interventions US de ces dernières semaines ont donné une mesure de la tension transatlantiques, avec le brusque intérêt des Américains pour l’Afghanistan et des interventions de Gates ressemblant à des mises en demeure. Le Spiegel notait dans un texte du 1er février présentant la demande de Gates aux Allemands: «Officials at the German defense ministry have called the Gates letter an “outrage.” The Americans, they say, are fully aware of the special circumstances – conditions imposed by the German parliament – under which German forces currently operate in Afghanistan.»


Mis en ligne le 2 février 2008 à 09H43