Rice, Gates et les armes

Le voyage conjoint de Rice et de Gates à Riad étant sans guère de précédent (voir un secrétaire d’Etat et un secrétaire à la défense faire une visite ponctuelle hors de tout cadre collectif d’importance), il importe de tenter d’explorer son sens du point de vue de la politique washingtonienne. Rice et Gates sont les “modérés” de l’administration GW, à la fois partisans d’un retrait d’Irak progressif d’Irak et d’un arrangement avec l’Iran. L’importance de leur visite doit donc également être considérée à la lumière du gros marché d’armement qu’ils apportent dans leur musette.

Dans ce cadre général, leur visite pourrait être interprétée selon la logique hypothétique suivante, selon certains milieux “modérés” ou “réalistes” à Washington :

• Rice et Gates viennent explorer la possibilité d’un retrait US progressif possible de la région (d’Irak), avec maintien d’une présence minimale, dans les meilleures conditions possibles. Il s’agit d’obtenir le soutien des Saoudiens pour cette opération. Une certaine latitude serait laissée aux Saoudiens pour soutenir les sunnites d’Irak. (Ce point contredit certaines affirmations de ces derniers jours, venus de la fraction extrémiste de l’administration GW et dénonçant ce soutien saoudien. Par contre, il rencontre la politique du général Petraeus en Irak, qui arme certaines milices sunnites.)

• Avec l’armement qui serait livré, qui impliquerait une forte présence de soutien US en Arabie, et qui est soutenu par Israël, le tandem Rice-Gates espère calmer les appréhensions saoudiennes vis-à-vis de l’Iran et faire évoluer la situation vers un modus vivendi acceptable. Les mêmes sources “réalistes” washingtoniennes espèrent évoluer vers un arrangement avec l’Iran.

Cette interprétation implique qu’on s’écarte de plus en plus d’une option militaire contre l’Iran. Elle est renforcée par certaines interventions récentes de l’amiral Fallon, commandant de théâtre de l’U.S. Central Command et adversaire déclaré, comme toute l’U.S. Navy, d’une intervention contre l’Iran.

Mis en ligne le 30 juillet 2007 à 14H17