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5949• Sur le front des vrais durs, les Russes face à la coalition OTAN-USA, on est de plus en plus durs... • Les Russes signent-ils sous les auspices turques un accord pour exporter le grain ukrainien d’Odessa ? Ils rythme ce beau progrès de l’arrangement par un tir de missiles ‘Kalibr’ qui démolit une partie des installations militaires du port d’Odessa, dont des missiles ‘Harpoon’. • Lavrov à ses ‘collègues’ du bloc-BAO : “faites ce que vous voulez de vos sanctions, nous n’en avons rien à faire.” • Ne perdez pas espoir : cela peut tourner très mal en Ukraine.
Il est remarquable de constater plusieurs éléments qui indiquent un durcissement complet du côté russe dans le conflit ukrainien, et face à l’OTAN (bien plus que face à l’Ukraine), c’est-à-dire face aux USA, les Européens se trouvant collectivement dans le plus grand trouble avec des réactions et des positions très différentes qui interdisent de faire de l’Europe un acteur cohérent.
Les deux faits marquants du côté russe :
• Le tir de missiles contre le port d’Odessa le lendemain de la signature d’un accord avec l’Ukraine, avec la participation de la Turquie comme médiateur, pour dégager les voies maritimes et lancer un courant d’exportation de grain. Les Ukrainiens ont immédiatement affirmé que cette attaque russe visait des silos de grain et constituaient une trahison scandaleuse de l’accord signé la veille ; ils ont affirmé avoir abattu deux des quatre cruise missiles ‘Kalibr’ tiré par les Russes.
« L’Ukraine a affirmé que la Russie avait lancé un missile de croisière sur le port d’Odessa, un important centre commercial du sud-ouest du pays. Cette déclaration, faite par l'armée et les autorités ukrainiennes, intervient un jour après la conclusion d'un accord négocié par l'ONU pour débloquer les exportations de céréales du pays. »
Les Russes ont aussitôt donné leur version, bien différente et détaillée très précisément. Les quatre missiles de croisière ont attaqué et détruit un stockage de missiles mer-mer ‘Harpoon’, un navire de guerre et diverses installations militaires, toutes concentrées sur le chantier naval militaire du port. Ils ne précisent ni le nombre de missiles tirés, ni des interceptions, et écartent de facto un tir contre des silos à gain.
« “Dans le port maritime d'Odessa, sur le territoire d'un chantier naval, un navire de guerre ukrainien amarré et un entrepôt de missiles antinavires ‘Harpoon’, fournis par les États-Unis au régime de Kiev, ont été détruits par des missiles de haute précision à longue portée basés en mer”, a déclaré le ministère dimanche.
» L’attaque a également paralysé une installation de réparation où des navires de la marine ukrainienne ont été réparés, a-t-il ajouté. »
L’intervention russe, au lendemain de l’accord en Turquie, marque bien que les Russes considèrent cet accord comme partiel, comme humanitaire et concernant le reste du monde où manquent des approvisionnements en grain. L’accord ne signifie en aucune façon, pour eux, une réduction de leur pression militaire, bien au contraire. Cette attitude marque sans aucun doute un facteur de durcissement. Les Russes définissent ainsi leur action : une partie d’entre elles concernent les échanges normaux, hors du cadre de belligérance, pour répondre aux besoins généraux internationaux. A côté, et complètement séparées, les activités hostiles vis-à-vis de l’Ukraine se poursuivent sans aucun ralentissement, bien au contraire. La concordance dans le temps et l’espace des deux activités est un message clair et sans ambiguïté de ce point de vue : les Russes se sont montrés conciliants dans l’affaire des grés, ils se sont montrés d’autant plus agressifs dans l’opération des missiles de croisière.
• Une déclaration de Lavrov concernant les sanctions occidentales et l’attitude de la Russie vis-à-vis de l’Occident est sur le fond (la forme restant d’un formalisme glacial) incroyablement tranchante, d’une dureté sans précédent : “Faites ce que vous voulez avec vos sanctions, c’est votre affaire et nous ne vous demandons rien. Nous, nous nous arrangeons sans vous, chers “collègues” occidentaux, vous n’existez plus pour nous à cet égard”.
« Moscou ne demande pas la levée des sanctions, mais exhorte les États occidentaux à régler eux-mêmes les problèmes qu'ils ont créés sur le marché alimentaire mondial, a déclaré dimanche le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. "Nous ne demandons pas la levée des sanctions, – ce sont des problèmes qui méritent d'être traités séparément. Nous allons simplement développer notre économie dès maintenant en comptant sur des partenaires fiables et non sur ceux qui ont une fois de plus prouvé leur totale incapacité...”
» “En ce qui concerne l'alimentation, nos collègues occidentaux [...] devraient lever les obstacles qu'ils ont eux-mêmes créés", a déclaré le diplomate à l'issue d'entretiens avec son homologue égyptien, Sameh Shoukry, en Égypte.
» Il a fait remarquer que Moscou n'aurait pas accepté l'accord de vendredi débloquant les exportations de céréales de l'Ukraine si la question de la libération des exportations russes n'avait pas été résolue. Moscou compte maintenant sur l'ONU pour tenir sa promesse et aider à lever les restrictions qui freinent les expéditions de céréales russes. »
La situation est particulièrement originale et exotique. Les Turcs, qui ont fait un travail considérable en permettant à l’accord sur le grain de se réaliser, ne semblent pas, jusqu’à maintenant, s’offusquer particulièrement du tir des Russes, dont ils ont été informés par les Russes eux-mêmes, d’une façon détaillée (et sans doute eux-)mêmes ne désapprouvant pas cette opération). Au contraire, remarque Andrei Martyanov sur un ton ironique, les Turcs ont entrepris des actions navales conjointes avec la marine russe pour le déminage des zones concernées.
« Mais, comme je l’ai dit, lisez l’article de Bernhard [sur le site MoA] sur le sujet et voyez pourquoi il y a très peu de protestations, même aux États-Unis, sur cette question. De plus, je souris en lisant les nouvelles concernant les marines russe et turque (en russe) qui opèrent ensemble en escortant des transporteurs de céréales depuis Odessa, la flotte de la mer Noire étant également chargée du déminage de la zone. Quelle époque folle nous vivons, qui l'aurait cru ! »
• Remarque amicale pour détendre l’atmosphère : voilà qui va renforcer la cohésion et la sympathie au sein des alliés de l’OTAN, notamment de la part de la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock et sa chaude estime pour Erdogan.
Pour autant, malgré l’absence de réactions officielles, l’administration Biden montre une irritation extrême du rôle et du comportement de la Turquie dans l’affaire ukrainienne (et, par extension, au sein de l’OTAN, avec de nouvelles menaces des Turcs de contrecarrer sinon de s’opposer à l’adhésion de la Suède-Finlande : s’il ne faut pas nécessairement prendre ces menaces au sérieux, leur poursuite alors que la norme voudrait que l’affaire soit pliée depuis le sommet de Madrid, est un motif d’irritation de plus des USA et de l’OTAN).
L’irritation de l’administration Biden s’est manifestée par le biais d’un article du New York ‘Times’, qui se fait dans ce cas reflet d’une mauvaise humeur que Washington se garde bien de clamer tout haut par crainte de trop éloigner cet allié que la bureaucratie US continue à juger indispensable. Par contre les seules réactions venues des milieux officieux autour de l’administration sont très sévères sinon expéditifs ; c’est simple, les bruits qui circulent concernent la nécessité, pour la nième fois, d’une révolution de couleur liquidant Erdogan. Dans ce domaine, les USA en sont réduits de plus en plus à de piètres fuites sur des intentions qui sont de moins en moins suivies d’effets par manque de moyens et un énorme déficit d’influence ; en attendant, le département d’État soi-même, avec Blinken soi-même à la manœuvre, étudie avec attention l’intelligente proposition (notamment de la ministre allemande des affaires étrangères) de faire de la Russie, dans la nomenclature des dirigeants du monde civilisé, rien de moins qu’un Eétat sponsor du terrorisme... Bref, un signe de l’effondrement de la puissance US, tant matérielle qu’intellectuelle ( ?), que le rusé et intenable Erdogan saisit parfaitement.
En attendant, voici ce qui nous est dit de l’humeur américaniste contre la Turquie :
« Selon le New York Times, la Turquie reste "une source d'irritation importante" pour l'administration du président américain Joe Biden. Selon le quotidien, la position d'Ankara sur la crise ukrainienne s'inscrit dans un ensemble plus large de problèmes.
» L'implication d'Ankara dans l'accord négocié par l'ONU sur les exportations de céréales ukrainiennes entre Moscou et Kiev il y a quelques jours a été saluée par Washington, mais ne signifie pas que tous les problèmes dans les relations américano-turques ont été réglés, prévient le journal dans son article de samedi. Le président turc Recep Tayyip Erdogan y est décrit comme un “mal de tête” et “une source d'irritation substantielle” pour Washington.
» Le Times cite un représentant de la Chambre des représentants des États-Unis, Chris Pappas (D-New Hampshire), qui affirme que “la Turquie a joué sur les deux tableaux en Ukraine. Elle n’a pas été l’alliée fiable sur laquelle nous devrions pouvoir compter”.
» “Je pense que l'administration Biden doit adopter une position plus ferme”, a insisté M. Pappas. »
Il est intéressant que ce soit un parlementaire démocrate qui insiste pour que l’administration ait une position plus ferme en Ukraine, alors que, d’ores et déjà, avec les livraisons d’armes avancées, et même des projets du Pentagone de livrer des avions aux Ukrainiens, – projet qui nous semble relever d’un exercice de planification destinée à une menace de communication mais qui a fort peu de possibilité d’être réalisée, – la tension est très grande et le risque d’un affrontement direct USA-Russie de plus en plus élevé.
Risque très élevé au moins jusqu’en novembre, estime l’ancien officier de la CIA Ray McGovern, qui pense que le mois d’octobre sera un point de passage extrêmement dangereux.
« Il semble acquis que les conseillers de Biden prévoient d'être engagés dans une guerre par procuration en Ukraine au moins jusqu'en novembre prochain, date des élections américaines de mi-mandat. D'ici là, les démocrates ne voudront certainement pas donner l'impression d'être des trouillards lorsqu'il s'agit d'affronter la Russie sur cette question cruciale (qu'ils ont, à vrai dire, largement contribué à créer).
» La réalité, bien sûr, c'est que les décideurs politiques américains continuent allègrement à enrichir le MICIMATT/Complexe Militaro-Industriel (et à gonfler les caisses électorales) en donnant des armes de pointe à l'Ukraine, – et en les remplaçant si nécessaire. C'est très bon pour l'entreprise de profit à multiples facettes. Ce qui est vraiment gênant, c'est qu'il semble y avoir peu de compréhension des enjeux élevés impliqués ; peu d'appréciation de ce que signifie le fait que la Russie considère le comportement des États-Unis et de l'OTAN en Ukraine comme une menace existentielle, – une menace que la Russie est déterminée à éliminer, et qu'elle peut éliminer. »
De tout cela, il nous importe de relever une appréciation générale. D’une part, la ligne russe est très dire, très nette, très ferme, elle ne cesse de se renforcer. Elle transforme chaque jour un peu plus le conflit Ukrisis en un conflit global, civilisationnel, complètement sur l’ontologie du monde ; un conflit qui met en cause l’ordre existant, dégénérescent et déclinant, avec comme but fondamental de le détruire. (Et l’on verra après !) L’Ukraine est le champ de bataille choisi comme, en son temps, Verdun le fut entre les deux armées conduites à des affrontements également ontologiques.
D’autre part, la ligne USA/OTAN est sinueuse, flasque... Car elle est tantôt aveuglement provocatrice avec la livraison d’armes elles-mêmes provocatrices, jusqu’à des livraisons d’avions à l’Ukraine qui relèvent d’une simple planification bureaucratique de l’USAF révélée au séminaire d’Aspen (Colorado) par le chef d’état-major de l’USAF, mais sont présentées par la presse et les “experts” idoines comme des actions sur le point de se déclencher, – si bien qu’on pourrait bien les déclencher sans s’apercevoir qu’il s’agissait d’une simple planification bureaucratique ! Tantôt, cette ligne s’égaye, comme devenant élastique, en une infinité de positions, notamment du fait des alliés européens, tandis que le Pentagone réaffirme qu’il n’st pas question de risquer un événement pouvant conduire à un affrontement nucléaire. Contrairement à ce que ne cessent d’affirmer les “experts”, les USA ne contrôlent absolument pas les Européens, comme le montre par exemple le comportement de la Hongrie que personne n’arrive à réfréner, et pas plus le Pentagone qui doit rechercher où se situe la Hongrie sur la carte.
L’alignement européen est, comme l’alignement américaniste, fait sur une politiqueSystème dont personne ne comprend ni l’origine, ni les ambitions, ni les buts, ni la finalité. Même les pauvres neocons qui ne cessent d’éjaculer ce qu’il croit être “de plaisir”, se demandent avec quelle partenaire (ou quel partenaire) et à l’aide de quel organe précisément. Tout cela est du désordre, du chaos, une orgie à propos d’on ne sait quoi (sexe, satanisme, maîtrise du monde, SuperMan, Hollywood, Armée du Salut ?), une sorte d’ouragan tournant sur lui-même pour s’attraper la queue et se la mordre avec force et voracité, et tout cela qu’aucune tête couronnée (occidentale) ne soit capable de comprendre au long des séminaires sans fin de la JetSet guerrière dans des salles blindées pour éviter les effets des explosions nucléaires et de la canicule.
Mis en ligne le 25 juillet 2022 à 11H30
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