Ron Paul, avec la discrétion qui sied

Il se confirme que le député républicain du Texas Ron Paul est cinquième des primaires de l’Iowa, avec 10% des voix républicaines. On lit notamment ceci dans une dépêche d’Associated Press, relayée par RAW Story le 3 janvier dans la soirée, confirmant les prévisions dont nous nous faisions l’écho le même 3 janvier (heure européenne), ainsi que l’évaluation de Steve C. Clemons:

«Libertarian-leaning GOP candidate Rep. Ron Paul (R-TX) notched 10 percent of the Republican vote. Former New York mayor Rudy Giuliani, who did not campaign heavily in the state, claimed 4 percent.»

Ron Paul est plein d’allant après ce résultat. Il annonce qu’il poursuit sa campagne des primaires avec le New Hampshire, mardi prochain.

«Republican Ron Paul vowed Thursday night to continue his presidential campaign into New Hampshire and other states.

»“This is not the end. This is the beginning,” the Texas congressman told a boisterous gathering of about 150 people at a downtown Des Moines hotel.

»The crowd interrupted Paul at times, chanting “Live free or die” and “Ron Paul.”

»“I am more encouraged than ever before,” he said.»

Décidément, Paul est un homme discret. Il ne rameute pas les grandes foules (150 personnes, précise la dépêche). Pour connaître son résultat, il faut décortiquer les dépêches d’agence et ne pas trop s’attarder à écouter les “envoyés spéciaux” européens. En finale, dans nos grands organes d’information qui s’occupent de l’édification de nos belles âmes, quasi-nada. Ainsi eut lieu toute la campagne de Ron Paul, dans la discrétion extrême jusqu’à l’absence et la toux de gêne discrète de la plupart des présentateurs-TV lorsque son nom s’imposait tout de même sur l’écran. Avec ça, il a ramassé près de $20 millions sur son site et 10% des voix dans l’Iowa.

Etrange époque et époque fascinante. Sans exister une seule seconde dans l’univers “gling-gling” des people, des journalistes de show, des intellectuels médiatisés et des éditos péremptoires, le un-candidate Paul “a ramassé près de $20 millions sur son site et 10% des voix dans l’Iowa”. Comme s’il y avait, – cela ne surprendra personne, – au moins deux univers parallèles, – et sans doute d’autres encore en réserve.

Qu’importe ce qu’on peut penser du programme politique de Ron Paul, – une fois admis que ce programme l'a mis définitivement à l'index du système, ce qui explique sa condamnation solennelle à la non-existence à perpétuité. Ce n’est certainement pas la question centrale de cette aventure, ni le fait de notre propos. Il faut admettre que l’expérience d’entêtement de Ron Paul à s’imposer dans la réalité virtualiste des élections du système est une fascinante illustration de la situation de notre système; une fascinante démonstration de la puissance du refus du conformiste terroriste des situations non programmées ni autorisées, de la capacité qu’on a en retournant contre le système ses propres armes de tourner cette barrière du conformisme terroriste.

Mis en ligne le 4 janvier 2008 à 17H50