Roubini n’est pas Houdini, – ou bien si, après tout…

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Réaction furieuse de l’économiste désormais fameux aux USA pour avoir annoncé (tout de même avec un certain nombre d’autres) la crise catastrophique, financière et économique. En gros dixit Roubini, dans une déclaration écrite à la presse, aussi sérieuse qu’un communiqué du G8: “Je n’ai pas changé d’avis, et je n’ai pas annoncé que la fin de la récession serait plus proche que je n’avais envisagé jusqu’ici”.

Ce n’est pas la prévision elle-même qui nous intéresse mais bien le processus d’effets en cascade qui accompagne une rumeur, ou une interprétation, d’une affirmation de Nouriel Roubine, dit “Doctor Doom” pour les amis et les initiés. L’aspect psychologique de contagion, de croyance, de sollicitation, etc., est bien mis en évidence.

• Une dépêche de Reuters, du 16 juillet 2009, d’abord diffusée en début d’après-midi, annonce que, selon Roubini, “le pire est derrière nous”, – dans tous les cas, aussi court que cela si l’on s’en tient au titre. Le texte, lui, va de cette façon. «Nouriel Roubini, one of the few economists who accurately predicted the magnitude of the financial crisis, said on Thursday that the worst of the turmoil has passed. But Roubini emphasized the United States will still need a second fiscal stimulus, possibly by the end of this year, as the unemployment rate quickly approaches 10 percent.»

• Peu après, un quart de tour plus tard, Wall Street réagit au quart de tour. Puisque “Mister Doom” l’annonce, explique CNBC.com, toujours le 16 juillet 2009… «Stocks closed higher after a staging a late rally triggered partly by positive comments from the economist known as “Doctor Doom.” After drifting for most of the session, the market began climbing when Reuters reported that Nouriel Roubini, a longtime pessimist, said the recession could be over by the end of the year.»

• Donc, comme annoncé plus haut, – réaction furieuse de Roubini devenu Houdini, le magicien qui fait monter la bourse d’un coup de baguette magique. Toujours de CNBC.com, le même 16 juillet 2009:

«Nouriel Roubini, the economist whose dire forecasts earned him the nickname “Doctor Doom,” said after markets closed Thursday that earlier reports claiming he sees an end to the recession this year were “taken out of context.” “It has been widely reported today that I have stated that the recession will be over 'this year' and that I have 'improved' my economic outlook,” Roubini said in a prepared statement. “Despite those reports ... my views expressed today are no different than the views I have expressed previously. If anything my views were taken out of context.”

»Several business news outlets, picking up on a report initially from Reuters, earlier Thursday cited Roubini as saying that the worst of the economic financial crisis may be over.»

Les commentaires sortent bien entendu de la plume sans sollicitation particulière. Ils concernent aussi bien la volatilité de l’information, la rapidité de la diffusion de l’information, l’acceptation de l’information réduite à sa plus simple expression (le titre de la dépêche Reuters a fait l’affaire, dans ce cas, sans nécessité de s’aventurer dans les complexités épouvantables du texte, dito “le contexte”); la vulnérabilité à l’influence extérieure, voire la sollicitation de l’influence extérieure du processus boursier, particulièrement en ce moment, pour toute information qui pourrait être assimilée à une “jeune pousse” (“green shoot”) d’un printemps qui n’en finit pas de fleurir; l’influence accordée à divers noms, notoriété, réputation, etc., acquise selon des processus insaisissable et irrationnel, sans pour autant que les intéressés s’en satisfasse nécessairement ou l’ait même sollicitée, etc.

Tout cela fait partie, non pas de l’économie-casino, mais de la psychologie-casino de l’être humain, avec la croyance aux événements magiques qui va avec. Dans ce cas, effectivement, Roubini est effectivement Houdini, et c’est certainement ce qui l’a rendu le plus furieux. On peut philosopher sur le fait que le sort du monde est, pour la phase présente, et bien sûr sans démentir les phases précédentes qui allèrent de même mais en un peu moins rapide, dépendant d’une organisation semblable (Wall Street) qui fonctionne notamment à partir d’une psychologie qui cherche surtout, dans l’économiste comme dans toute autre voix autorisée, le magicien qui pourrait rencontrer ses vœux les plus enivrants.


Mis en ligne le 17 juillet 2009 à 14H50

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