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872Le processus de séquestration pourrait forcer l’industrie de défense US à annoncer des centaines de milliers de suppression d’emploi à quatre jours de l’élection présidentielle du 6 novembre 2012. AOL.Defense a interviewé, le 8 juin 2012 divers spécialistes et experts, qui viennent de publier un rapport, sur les conséquences de cette mesure législative sur l’industrie de défense.
Le processus de séquestration est ce processus législatif qui forcerait, à moins d’un accord jusqu’ici impossible à réaliser entre républicains et démocrates au Congrès, à couper automatiquement $500 milliards sur dix ans dans le budget du Pentagone. Anticipant cette issue jugée catastrophique, les monstres de l’industrie de défense sont en train de préparer des plans de réduction massive d’emploi pour la 2 janvier 2013 (date d’application de la loi). Mais des lois en vigueur obligent ces compagnies à annoncer leurs réductions d’emploi planifiées 60 jours à l’avance.
• Dov Zakheim, qui fut contrôleur général du Pentagone sous Clinton après avoir opéré dans les services à l’exportation dans les années 1980, a participé à l’élaboration d’un rapport du Bipartisan Policy Center qui vient d’être rendu public le 7 juin.
«As sequestration approaches, said Dov Zakheim, the former comptroller, companies large and small will be faced with layoffs, which by law – specifically the 1988 WARN Act – they must announce 60 days in advance. Sequestration would take effect on January 2nd. “60 days before January 2nd is November 2nd,” said Zakheim. Election Day is November 6. “I wonder how many of our politicians went to face the fact that literally hundreds of thousands of people” – all eligible voters, Zakheim noted – “may have gotten notices [four] days before Election Day.”»
»Sequestration is like “burning the house down,” [said] Zakheim, speaking to the assembled reporters…» “
• Le général des Marines à la retraite James Jones, qui fut commandant en chef des forces de l’OTAN (SACEUR) puis conseiller du président Obama pour les affaires de sécurité nationale, expose, dans le cadre de la même étude le chaos budgétaire et financier que va installer la loi de séquestration. Cette situation va conduire immédiatement à un chaos dans le financement des programmes du Pentagone, pouvant aller jusqu’à une situation d’effondrement stratégique des capacités US.
«“It breaks everything,” retired Gen. James Jones told AOL Defense after the roundtable event. […] [R]ational reform is incompatible with sequestration's indiscriminate across-the-board cuts. Acquisition programs like the F-35 Joint Strike Fighter are painfully slow and costly, Jones said, but sequestration is exactly the wrong way to fix them. “If that happens,” Jones told AOL Defense, “current programs like Joint Strike Fighter go into a tail spin” – with consequences not only budgetary but strategic: “It’ll create vacuums for us around the world and vacuums will be filled by others,” like China…»
• Un autre général retiré du Corps des Marines, le général Arnold Punaro décrit l’état d’esprit des compagnies de l’industrie de la défense. Le corporate power de ce côté de la défense vit dans l’angoisse, préparant ses plans de réduction massive d’emploi, dont certains doivent commencer à être développés publiquement à partir de juillet, entraînant d’ores et déjà un mouvement de baisse dans la cotation boursière des sociétés impliquées, pouvant conduire à un effondrement. Les conséquences de ces réductions budgétaires automatiques faites pour réduire la dette et théoriquement pour aider au relèvement de l’économie, ont nombre de chances, ou nombre de malchances c'est selon, de produire l’effet inverse. Le chaos qui en résultera au niveau du gouvernement, et particulièrement du Pentagone, avec nécessité de restructuration, de renégociation de contrats avec les pénalités qui vont avec, devraient finalement coûter plus d’argent que la séquestration doit économiser, en plus de briser ce qui reste de structuré dans le Pentagone agonisant… «“We are arguing for more bang for the buck. The sequester gets you less bang for the buck,” summed up Punaro. “I call the sequester Russian roulette with a round in every chamber.”»
“Que faire ?”, disait fameusement Lénine (Que faire ?, titre d’un livre de Lénine édité en 1902), – mais c’était quinze ans avant la révolution d’Octobre. Le “que faire ?” du Pentagone et de la séquestration de Washington, votée par le Congrès en août 2011, se place à quelques mois avant que ne tombe, dans un bruit de cataclysme bordélique, la fameuse guillotine de la Loi (on reste dans le contexte révolutionnaire). Tous les augures baissent les bras lorsqu’il s’agit d’envisager un accord se faisant au Congrès avant les élections, dans le climat de guerre civile qui règne à Washington. Les plus optimistes envisagent un accord possible entre l’élection du président (6 novembre) et la fin de l’année, une sorte d’accord par surprise lorsque le Congrès finissant le 31 décembre 2012 sera en roues libres… Les autres, placés au chevet de la bête monstrueuse, ce Moby Dick furieux, impuissant et impotent, dictant sa propre loi d’autodestruction à ses serviteurs sapiens, les autres se refusent même à regarder la vérité en face, la tête dans le sable, comme le secrétaire à la défense Panetta.
Quoiqu’il en soit, même avec cette perspective joyeuse d’un vote d’un accord de compromis évitant la séquestration entre le 6 novembre et le 31 décembre, les dinosaures de l’industrie de la défense auront annoncé les licenciements, avec quel effet sur les électeurs, – qui peut le dire ? On imagine le climat, déjà chauffée à blanc aujourd’hui, qui écrasera Washington au début novembre, puis lors de l’élection, avec le vent de panique touchant l’industrie et l’économie… Il faudrait un sursaut d’union nationale pour trouver une porte de sortie. Qui peut envisager une telle issue, plutôt que l’issue contraire, – l’aggravation du climat de désunion, de guerre civile, avec ce climat d’effondrement de cette industrie qui constitue le fer de lance stratégique de la puissance US, et des perspectives absolument inconnues et tragiques à envisager… Bref, si leur calendrier n’est pas exactement ce qu’on croyait, on peut entendre les Mayas en rire déjà.
Mis en ligne le 8 juin 2012 à 17H17
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