Rumsfeld en roue libre

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Vendredi, une analyse de l’agence AP (ici reprise par le site “My Way”) s’attachait au cas du secrétaire à la défense Donald Rumsfeld. Il constatait que Rumsfeld s’était trouvé à deux reprises, dans les derniers jours, en contradiction avec la position officielle de l’administration.

Les deux cas, rapidement exposés : « On Wednesday [8 June], Rumsfeld told reporters in Norway that he hadn't heard anyone in the executive branch discuss the possibility of closing the U.S. prison camp for terrorism suspects at Guantanamo Bay, Cuba. Less than a day later, President Bush said he wouldn't rule out closing the prison.

» On Sunday [5 June], a top Pentagon official traveling with Rumsfeld in Singapore told reporters the Bush administration was considering taking the issue of North Korea's nuclear weapons program before the United Nations. The next day, Rumsfeld said reports of the official's comments were “inaccurate and mischievous.” » (Dans ce dernier cas, l’intervention de Rumsfeld démentant l’un de ses “officiels” était une mise au point demandée par Washington concernant une information dont Rumsfeld lui-même avait laissé aller la diffusion.)

L’auteur de l’analyse, Matt Kelley, esquisse vaguement une explication peu convaincante: « The incidents show the difficulties of coordinating a White House message with Cabinet officials halfway around the world. » C’est peu convaincant parce que les voyages n’ont jamais empêché les communications (les dirigeants américains en usent et en abusent) et que ces conditions de voyages multiples autour du monde ont existé de tous temps dans l’administration GW. Les précédentes “gaffes” de Rumsfeld qu’évoque Kelley, notamment ses déclarations sur la “vieille Europe” contre la “new Europe” ne rendent absolument pas compte du même cas. C’était du pur Rumsfeld, disant tout haut ce qu’on pensait tout bas dans l’administration.

Cette fois, il s’agit bien plus de paralysie et de désordre. Diverses difficultés accumulées (l’Irak, la situation en Amérique Latine, mais aussi les problèmes du Pentagone et de l’armée US) conduisent de plus en plus à une paralysie de l’action diplomatique américaine, par manque de volonté, par manque de moyens, par manque de motifs, etc. Cette paralysie est aussi visible, par exemple, à l’incroyable délai pour le vote au Congrès sur la nomination de John Bolton. Il en résulte un isolement grandissant de chacune des agences et des ministères, par absence de coordination et par désintérêt, et des situations comme celles qui sont décrites ici. Ce type de situation de désordre bureaucratique devrait se multiplier.

Mis en ligne le 13 juin 2005 à 14H50