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106527 janvier 2005 — Il se confirme que des chances sérieuses existent pour que la revue quadriannuelle des programmes et stratégie du Pentagone, connue comme la QDR (Quadriennal Defense Review), soit cette année révolutionnaire. Un document interne du Pentagone nommé “Terms of Reference” et fixant le cadre où va évoluer cette QDR, semble indiquer qu’il s’agit bien de la tendance envisagée.
Un article de de NBC News du 27 janvier mentionne l’existence du document et met en évidence les possibilités offertes par cet exercice bureaucratique. Il cite notamment l’expert Andrew F. Krepinevich.
« Andrew F. Krepinevich Jr., a longtime defense analyst here, noted that Rumsfeld has the advantage, unusual among recent secretaries of defense, of having already gone through one QDR as Pentagon leader. His experience, combined with current budget pressures and Congress's tendency to defer to military judgments in wartime, offer Rumsfeld an opportunity to use the QDR to drive for more fundamental transformation, Krepinevich said.
» “For a secretary of defense who wants to change things, this is about as good as it gets,” said Krepinevich, who heads the Center for Strategic and Budgetary Assessments. “The question is, will Don Rumsfeld pull the trigger or not?” »
Les indications concordent de plus en plus pour faire penser que Rumsfeld va tenter d’imposer des transformations radicales à l’occasion de cette QDR. Actuellement, diverses situations poussent à de telles mesures, notamment les résultats catastrophiques en Irak, montrant l’inadaptation des forces armées US, et un budget du DoD colossal mais complètement improductif soumis désormais aux très fortes pressions d’un déficit général explosif. D’autre part, Rumsfeld se retrouve de façon inattendue en très forte position alors que sa position a été mise en question tout au long de l’année dernière, jusqu’en décembre dernier. Rumsfeld est en effet désormais en position de contrôle des capacités de combat et de renseignement US les plus importantes, notamment dans la guerre contre la terreur, ayant complètement supplanté la CIA. Cela lui donne une autorité considérable pour lancer éventuellement une réforme des forces armées US.
Les indications montrent de toutes les façons que les investissements, notamment en recherches & développement, sont destinés à d’autres domaines que les programmes classiques en cours (« It also would mean greater investment in new technologies, such as improved drone aircraft, computer network defenses, and measures for countering biological or chemical attacks, officials said. »). Les principaux points qui se dessinent sont les suivants:
• L’U.S. Army devrait obtenir des moyens supplémentaires par rapport à son budget 2004, de l’ordre de $25 milliards qui seront pris dans les budgets des deux autres armes. (Pour les deux autres armes, cette ponction s’ajoutera à des réductions consécutives aux demandes budgétaires de réduction de la Maison-Blanche.) Certains critiques estiment que ces $25 milliards sont largement insuffisants, qu’il faudrait $75 milliards, pour ajouter trois brigades aux effectifs actuels, un minimum pour une augmentation significative des capacités. D’autres estiment qu’il ne faut pas chercher à augmenter les effectifs mais plutôt à accentuer la transformation de l’U.S. Army vers des structures de type forces spéciales et autres de la même sorte. Ce serait l’avis de Rumsfeld.
• Des deux autres services, la Navy semble la plus arrangeante. Il semblerait que la Navy compte sur un soutien massif au Congrès (notamment du puissant sénateur Warner, président de la Commission des forces armées) pour empêcher une réduction de plus d’un de ses onze porte-avions, ce qui laisserait intacte la structure actuelle des cinq flottes régionales et obligerait au maintien d’un certain niveau de budget.
• Un affrontement plus sérieux risque d’avoir lieu avec l’USAF, qui n’est pas d’accord sur la forme de réduction des crédits que veut lui imposer Rumsfeld. La bataille portera notamment sur les programmes futurs avions tactiques, Rumsfeld voulant réduire le F/A-22, l’USAF voulant le garder intégralement et réduire et retarder le programme JSF/F-35 en échange. Dans tous les cas, les réductions envisagées pour l’instant sont insuffisantes et devront être élargies. Si l’USAF, qui se battra jusqu’au bout pour garder le F/A-22, a gain de cause (par exemple, grâce à un soutien décisif du Congrès), c’est alors le JSF qui sera très fortement touché. Si le programme F/A-22 était substantiellement touché jusqu’à devenir une sorte de “hollow program” (comme le fut le B-2), une crise grave s’ouvrirait au sein de l’USAF.