Rupture de l’intégration, outil du virtualisme

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 953

Rupture de l’intégration, outil du virtualisme

Partout et toujours, lorsqu’il s’agit de l’univers postmoderne et spécialement des Américains qui en sont à la fois les créateurs et les premières victimes, cette même rengaine caractéristique du virtualisme: “déconnexion”. Notre époque est celle de la rupture des liens qui tiennent ensemble les éléments constituants de la réalité, d’une pensée, d’une perception, d’une psychologie, etc. A la place, on voit se mettre en place des stéréotypes reconstitués, souvent reflets de personnages ou de situations qui sont présentés dans les films les plus primaires, les séries de télévision, etc. Le travail de la communication est décisivement favorisé par la rupture de l’intégration des composants des situations, des caractères, etc., pour offrir un nouveau modèle à la personne concernée.

Lisez ce témoignage d’un soldat américain venu d’Irak, devenu objecteur de conscience, passé dans l’opposition activiste à la guerre et lancé dans des tournées de conférences et de séances d’information pour communiquer son témoignage sur les crimes de guerre impunis, ignorés du grand public, passés complètement inaperçus. Il s’agit de Aiden Delgado, un réserviste de l’U.S. Army, en Irak d’avril 2003 à avril 2004 dans la 320th Military Police Company. Il est interviewé, le 1er avril 2005, par Paul Rockwell sur Online Journal. Il rapporte ici son expérience d’un incident à la prison d’Abu Ghraib, où son unité était stationnée.

DELGADO: « The worst incident that I was privy to was in late November [2003]. The prisoners were protesting nightly because of their living conditions. They protested the cold, the lack of clothing, the rotting food that was causing dysentery. And they wanted cigarettes. They tore up pieces of clothing, made banners and signs. One demonstration became intense and got unruly. The prisoners picked up stones, pieces of wood, and threw them at the guards. One of my buddies got hit in the face. He got a bloody nose. But he wasn't hurt. The guards asked permission to use lethal force. They got it. They opened fire on the prisoners with the machine guns. They shot twelve and killed three. I know because I talked to the guy who did the killing. He showed me these grisly photographs, and he bragged about the results. “Oh,” he said, “I shot this guy in the face. See, his head is split open.” He talked like the Terminator. “I shot this guy in the groin, he took three days to bleed to death.” I was shocked. This was the nicest guy you would ever want to meet. He was a family man, a really courteous guy, a devout Christian. I was stunned and said to him: “You shot an unarmed man behind barbed wire for throwing a stone.” He said, “Well, I knelt down. I said a prayer, stood up and gunned them all down.” There was a complete disconnect between what he had done and his own morality. »

L’essentiel du constat qu’on propose ici se trouve dans ces deux phrases:

«  He talked like the Terminator. [...] There was a complete disconnect between what he had done and his own morality. »

 

Mis en ligne le 4 avril 2005 à 16H28