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967Considérant la visite de Sarkozy à Washington, la presse britannique s’attache essentiellement au climat économique dans lequel elle s’est faite, – climat de crise, bien sûr. On cite ici le Times et le Financial Times, qui centrent leurs commentaires sur les avertissements de Sarkozy à propos de la politique US, ou la non-politique US, concernant le dollar.
• Le Times d’aujourd’hui écrit :
«President Sarkozy of France inflamed transatlantic tensions over the slumping dollar yesterday as the latest steep falls in the US currency fuelled fears over its destabilising impact on the global economy.
»As the dollar sank to new record lows, propelling the pound to levels above $2.10 for the first time in 26 years, Mr Sarkozy used an address to a joint session of the US Congress to warn Washington against a policy of tacit acceptance as its currency sank.
»Raising the spectre of economic war, the French President said: “Those who admire the nation that has built the world’s greater economy . . . expect her to be the first to promote fair exchange rates. The dollar cannot remain solely the problem of others. If we are not careful, monetary disarray could morph into economic war. We could all be victims.”
»The blunt warning to Washington came as the dollar’s sharp losses drove the euro to a fresh record high of $1.4730, stoking fears among eurozone businesses and governments that it would undermine growth prospects.»
• Le Financial Times, d’aujourd’hui également, qui nous dit ceci:
«President Nicolas Sarkozy of France on Wednesday urged the US to maintain a strong dollar policy, warning on his first official trip to Washington since being elected six months ago that “monetary disorder risked turning into economic war”.
»In a speech in French to a joint session of Congress – the first by a French leader for 11 years – Mr Sarkozy also attacked the “excesses” of Wall Street, saying the land of free enterprise gave too much room for financial speculation.»
Ces prises de position de deux journaux liés à la City et aux milieux dirigeants de la puissance financière britannique paraissent significatives d’une réaction qu’on pourrait par conséquent qualifier de “britannique”. Dans ce cas, la “réaction britannique” est intéressante parce que les Britanniques sont particulièrement sensibles aux questions financières, économiques et monétaires ; par tradition, bien sûr, mais aussi parce qu’ils ont déjà été sévèrement touchés par la crise ces derniers mois, avec l'affaire de la banque Northern Rock. De ce point de vue, on ne doit pas prendre leur appréciation comme une démarche pour mettre en évidence un désaccord entre Paris et Washington. (Les Britanniques sont, malgré leurs avatars à cet égard, très jaloux de leurs prérogatives type-special relationships. Toute leur politique à cet égard devrait être, en temps normal, de freiner un éventuel rapprochement Paris-Washington.)
Cette réaction marque une sérieuse préoccupation britannique pour la détérioration de la situation et pour l’inaction US dans le sens d’une solidarité occidentale et du monde développé. De ce point de vue, le voyage de Sarkozy est considéré comme l’occasion d’un avertissement européen lancé aux USA. (Les Britanniques adorent ces prises de position dures contre la politique US, qu’ils soutiennent parce qu'ils sont partie prenante implicite mais où ils ne sont pas directement impliqués.) Dans ce cas, le voyage de Sarkozy serait chargé par l’interprétation britannique d’une potentialité d’avertissement sérieux aux USA dont lui-même, le président français, ne mesure peut-être pas tout le poids.
Mis en ligne le 8 novembre 2007 à 07H46