SAVOIR & POUVOIR

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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SAVOIR & POUVOIR

02-11-2022 (11H15) – C’est un truisme souvent répété par les temps qui courent, que je rattrape pour le citer :

« Celui qui détient le SAVOIR détient le POUVOIR ».

Cela est dit comme si l’affaire était tranchée, et l’on imagine dans quel sens pour notre époque si richement achalandée : le savoir du côté des puissances d’agent détenant les grands groupes d’organes d’information du système de la communication, l’aide des diverses organisations collectant les informations sur vous et moi, etc. Arrêtons-nous un instant au premier cité : le SAVOIR (lequel déterminant l’influence, les directives, les orientations) au sein des “grands groupes d’organes d’information du système de la communication”, lesquels sont la propriété des puissances d’argent qui constituent quelques-uns des nombreux bras armés de l’hyper-pieuvre qu’est le Système qui nous concocte depuis quelques décennies/quelques siècles, la gâterie du globalisme.

Ce truisme (« Celui qui détient le SAVOIR détient le POUVOIR ») n’est d’ailleurs pas nouveau, mais à peu près vieux comme le genre humain depuis qu’il a commencé à balbutier. Le savoir a toujours existé et a toujours fondé le pouvoir ; ce qu’on dit ici en rappelant ce “truisme“ est qu’il n’a jamais semblé aussi vrai aujourd’hui, – au point que les grands esprits du Système en font une découverte aussi importante de la roue-qui-tourne, – à cause de la puissance du système de la communication et de l’écrasante omnipotence friquée des très-grands de ce monde ; lequels système de la communication et très-grands de ce monde, faut-il le répéter toujours selon les grands esprits en question, se trouvent naturellement aux mains du Système, de l’argent qui y coule à flot, du conformisme qu’engendrent ces flots, etc..

J’entends montrer le contraire du paysage ainsi décrit. J’entends montrer, selon la formule que nous livre PhG-Bis (qui tient le rôle du double/‘mouche du coche’ désormais dans ce Journal, dont le rôle serait souvent d’oser ce que PhG-seul n’ose pas vraiment...) (*), ceci très précisément :

Le ‘jamais’ de PhG-Bis : « JAMAIS le SAVOIR a été aussi massivement du côté du non-POUVOIR, et jamais le POUVOIR n’a été autant dépourvu de SAVOIR (simulacres de vérité-de-situation, narrative, bienpensance, etc., comme babillages d’Évangile des hordes de communiquants surpayés grimés en “journalistes“). » (PhG-Bis)

Anatomie d’une fonction vitale

PhG, l’auteur, est journaliste “qualifié” (officiellement “journaliste professionnel”) depuis décembre 1967. J’ai vécu la plus formidable transformation d’une fonction vitale de la société moderne/postmoderne, la transformation du “journaliste professionnel” avec ses diverses facettes et son travail à la fois, mesuré, assez libre tout en restant contrôlé et disposant de canaux d’information puissants mais pas complètement asservis ; – transformation extraordinaire (pour ceux qui le goûtent) en indépendants, dissidents, “journalistes alternatifs” en rupture complète du Système et disposant d’un formidable matériel intellectuel et de communication. Je ne pense pas qu’aucune fonction professionnelle importante n’a autant évolué, véritable transmutation, que le journalisme, à cause de ce qu’on nomme la “révolution de la communication”.

Nous passâmes, chemin faisant sur les chapeaux de roues, des ‘télex’ transmettant laconiquement et parcimonieusement des dépêches d’agence comme principale source de travail au fantastique foisonnement de sources, de techniques, d’initiatives privées, de témoignages en temps réel, de commentaires, d’interprétations, etc., avec les innombrables nouvelles vraies et fausses (je vous rassure, il y avait une proportion égale de vrai-faux, mais en proportion incroyablement réduite, et en accès incroyablement limité, du temps des ‘télex’, et avec bien du temps pour y réfléchir). Le résultat immédiat est qu’on dispose instantanément d’une extraordinaire quantité d’informations disponibles, avec tous les risques d’arnaque afférents mais aussi avec toutes les ouvertures inédites et originales possibles. Les esprits s’y retrouvent selon ce qu’ils sont.

Note de PhG-Bis : « Je recommande chaudement de suivre certaines des vidéos d’Alexander Mercouris sur ‘The-Duran.com’, que nous citons souvent en ce moment. Mercouris explique souvent comment il en vient à une hypothèse, à une affirmation mesurée, à une conclusion longuement méditée, en citant sources et articles qu’il ne nomme pas comme un bon journaliste doit faire. Il doit en surprendre plus d’un dans “les services” (je ne parle pas de la presseSystème où l’on ignore de qui il s’agit). La minutie et l’indépendance de son travail sont admirables et témoignent de la qualité du SAVOIR désormais dominant. Aucun des barons de plateaux-TV et de la presse Système bardés de riches subventions n’est capable d’assurer le dixième du centième de ce travail, – d'autant que les conclusion auxquelles aboutit Mercouris les feraient passer devant le peloton d'exécution. »

Cela, c’est pour l’aspect, disons technique, sans nous attarder aux partis-pris et aux engagements loyaux et déloyaux. Cet aspect technique est complété par le constat évident dès la fin des années 1990 que la mise en place de son propre média par les nouveaux moyens de l’informatique (on nomma cela “site“ ou “blog” sur Internet) constituait un investissement économique ridicule par rapport au coût d’un média “papier” de l’époque précédente, sans le moindre souci de diffusion. Ainsi et quoi qu’il en soit par ailleurs, on se libérait du fric.

Nous, à dedefensa.org, avons démarré en 1999 et c’est effectivement à l’occasion de la guerre du Kosovo que ce nouveau, gigantesque, révolutionnaire média prit son envol. (Même Nietzsche en fut stupéfié.) L’information politique allait en être absolument bouleversée ; ce fut donc notre « Samizdat globalisé », où cette transformation essentielle est mise en évidence. A partir de là l’expansion de ce que nous nommons “information indépendante” ou “information dissidente” ne cessa de s’amplifier, devenant un phénomène mondial, sans précédent du point de vue politique depuis l’invention de l’imprimerie.

Changement d’univers

Ma conviction est qu’avec le Covid et surtout, d’une façon explosive avec ‘Ukrisis’, l’“information dissidente” devint totalement, absolument, une fonction majeure en soi ; une “information alternative” disons pour faire plaisir aux magnats milliardaires du domaine, d’une importance quantitativement égale à ce que nous nommons presseSystème... Mais par contre, et tant pis pour les magnats, nous nous trouvons dans une situation d’une importance qualitative supérieure absolument écrasante de la presse dissidente ou alternative sur cette même presseSystème. Notre savoir écrase absolument le leur et laisse donc un POUVOIR sans SAVOIR (sinon, pire encore, un faux-SAVOIR, un SAVOIR trompeur, situation catastrophiques etre toutes...)

« Ce qui ne dispense absolument pas, je le rappelle, de rechercher, selon l’expérience et l’intuition qu’on en a, ce qui représente une base solide, pour éliminer ce qui ne l’est pas dans la presse dissidente et alternative qui attire également les dingues, les illuminés et les génies d’un type inconnu, comme le miel les mouches... ». [Note de PhG-Bis]

Cette même situation, – rien dans le Système n’y échappe, – touche les grands centres de renseignement officiels, de plus en plus “politisés” et contraints à des narrative officielle totalement fabriquées. Je me rappelle les frissons du secret qui vous parcourait lorsqu’on lisait “selon une source de la CIA” ; aujourd’hui, “Valsez, saucisses !”...

Parmi la multitude de sites et d’auteurs (souvent anciens officiers de ces services) à cet égard, on peut présentement s’attacher au site ‘Sonar21.com’ de l’ancien officier de la CIA Larry Johnson, site aujourd’hui en pleine expansion. On y trouve  de nombreuses analyses expliquant comme la CIA et d’autres services correspondants sont tombés à un niveau catastrophique du point de vue de l’information. Par exemple, ceci expliquant la “politisation” de l’Agence par sa réduction à des fonctions opérationnelles ordonnées pour des raisons politiciennes, – c’est-à-dire les analystes de la CIA à la remorque des opérations du type politiqueSystème des génies neocons peuplant le gouvernement US :

« Au risque de passer pour un vieil homme grincheux qui se plaint des enfants qui jouent au ballon dans la rue devant chez lui, je voudrais essayer d'aider les personnes qui n'ont jamais travaillé comme analyste à la CIA à comprendre pourquoi l'organisation actuelle est pratiquement inutile. Cela se résume à ce fait très simple : les analystes de la CIA travaillent désormais dans des centres de mission aux côtés d'officiers des opérations de la CIA et l'analyse du renseignement est reléguée au second plan par rapport aux priorités opérationnelles. »

Je ne vais pas m’attarder plus longuement à expliquer cette évidence de l’effondrement total de la communication et de l’information officielles au profit de la communication et de l’information alternatives. C’est un fait, une vérité d’évidence. Seuls les sourds, les aveugles et les crétins, – ça fait du monde, certes, – peuvent utiliser ce qui leur sert de cerveau à en juger autrement. C’est leur affaire et, affable, je leur souhaite bon vent et je les laisse...

Car, tout au bout, il me tient à cœur d’arriver à ma conclusion essentielle qui éclaire l’extraordinaire situation où nous nous trouvons aujourd’hui, qui est absolument sans aucun précédent historique possible, –ce pourquoi je ne cesse de répéter que nous nous trouvons dans la métaphysique historique,  – la métahistoire, certes.

Cette conclusion est simple et absolument tragique : alors que le POUVOIR, c’est le SAVOIR, aujourd’hui le SAVOIR a totalement déserté le POUVOIR qui s’exerce dans la vide, en aveugle, en inculte, en idiot pathologique. C’est un situation absolument sans issue. Aucun savoir ne peut dire au POUVOIR qu’il est privé de SAVOIR, enfermé qu’est le premier dans la certitude de détenir le second, puisqu’il s’agit là de sa légitimité même, de sa façon d’être, de son existence en un sens, et qu’il ne peut concevoir d’être autrement que lui-même. Le POUVOIR est aujourd’hui un mort-vivant, un zombie promis au pire des destins, qui vomit ses insanités et les relents puants de son inculture. Nous autres, qui détenons le SAVOIR, le savons bien. Nous faisons la chronique de l’effondrement dans la combustion du feu de leur bûcher de la civilisation. Nous ne prétendons pas être le (nouveau) POUVOIR, – oh certes non, Dieu nous en garde ! – simplement nous observons avec un certain désabusement non dépourvu d’une ironie vengeresse les diverses poussières qui en font les restes.

 

Note

(*) Nous installons cet étrange personnage de ‘PhG-Bis’ sans savoir vraiment qui il est (CIA? KGB ? Templiers?), jusqu’où il peut aller, jusqu’à quoi il peut nous/il peut me servir. Quoi qu’il en soit, il s’installe, et l’idée qu’il “tient le rôle du double/‘mouche du coche’ désormais dans ce Journal, dont le rôle serait souvent d’oser ce que PhG-seul n’ose pas...” est certes sa première mission. Il y en aura certainement ou peut-être d’autres, qui viendront en sus, sans doute, on verra, on le saura bientôt, patience les amis, – on est entre amis n’est-ce pas.