Scandale dans la famille

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Scandale dans la famille

• Il doit être avéré que toute la puissance du Système se fonde sur sa capacité de communication, par le biais des narrative permettant la fabrication des simulacres. • Pour cela, il faut une unité aussi bien dans la presseSystème que dans les petites mains au service du Système et qui opérationnalisent ses effets. • L’affaire de la tentative d’assassinat de Trump a montré des variations radicales dans la communication. • Cette rupture interne dans le Système vient après celle qui s’est opérée à propos de Biden. • Le “mensonge transversal” a des ratés inquiétants.

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Un événement remarquable a eu lieu à l’occasion de l’attentat contre Trump de la soirée de samedi : une déconnexion évidente au sein de la presseSystème et des directions politiques. Cela s’est produit lors des réactions suivant l’attaque contre Trump : une partie de cet ensemble presseSystème-direction politique a réagi d’une manière qui impliquait l’acceptation immédiate de l’événement d’une attaque contre Trump, l’autre a réagi d’une manière assez passive, mais  impliquant clairement un déni de cet événement, comme si elle rejetait l’idée que Trump puisse être une victime, – c’est-à-dire une créature “de Bien” agressé par une créature “du Mal”.

Il y eut même des critiques immédiates et virulentes de la première partie contre la seconde, comme ce vigoureux éditorial de Gabrielle Power, présentatrice de SkyNews, le premier réseau australien qu’on ne peut que faire figurer au cœur de la presseSystème

« C’est un triste, un très triste jour pour l’Amériqyue [que cette tentative d’assassinat]...

» Mais si vous écoutez CNN, vous penserez que Donald Trump a fait une chute comme l’indique ce titre (“Le Secret Service évacue Trump de son estrade après qu’il fait une chute”)... “Chute” ... Ce fut une tentative d’assassinat et non une chute, comme ferait Joe Biden qu’il faudrait aussitôt aider à se relever... »

Power attaque CNN, puis d’autres réseaux, le New York ‘Times’ et d’autres journaux, pour la même dissimulation de la vérité.  On peut retrouver une excellente critique en français du même phénomène, d’Alexis Poulain avec  son ironie flegmatique dévastatrice, dans cette rubrique du ‘Monde Moderne’ du 14 juillet au matin. Les mêmes travers sont relevés en détails et d’une façon très pertinente.

Pendant ce temps, d’autres assez rares médias de la presseSystème (comme la BBC) faisaient le même rapport sur l’assassinat, et non sur la chute, et plusieurs personnalités et chefs d’État et de gouvernement adressaient des messages à Trump, impliquant évidemment leur acceptation évidente de l’événement de l’assassinat, – et non de la “chute”.

Que signifie cette contradiction dans le chœur d’habitude bien huilée des membres de la dystopie, la narrative certes, des partisans du Système ? La rapidité, la brutalité de l’événement, la confusion qui l’a entouré, pourraient servir d’explication objective, sauf qu’il ne pouvait faire aucun doute dès la vision de la première vidéo qu’il s’agissait d’un attentat, ne serait-ce que par l’intervention extrêmement rapide et efficace des agents du Secret Service de protection rapprochée.

Il semble donc qu’il y ait eu un flottement dans les réactions, les uns disant il fallait rapporter l’événement tel qu’il se passait, les autres décidant d’appliquer l’habituelle narrative de couverture. Nous pensons que ce flottement aboutissant à des contradictions n’est nullement dû ni au hasard ni aux circonstances mais qu’il est bien la conséquence d’un climat général, d’une situation générale détériorée dans les rangs des combattants de la communication chargé de l’entretien et l’application permanente du simulacre du Système.

Similitude : le cas Biden

Il faut aussitôt remarquer que l’événement de la tentative d’assassinat est survenu alors qu’un autre événement était en cours, – et reste toujours en cours, – qui divise violemment les instances et les combattants de la communication du Système : le cas de Joe Biden. Le président lui-même, on l’a vu et lu, dénonce “une conspiration des élites”, - et se transforme donc en un modèle d’antiSystème particulièrement performant :

« Confronté par Brzezinski à une liste d’agences de presse libérales et d’experts qui l’ont appelé à se retirer de la course, Biden a affirmé que tous faisaient partie d’une conspiration ”des élites” visant à le forcer à se retirer de la course. »

Ekaterina Bunova publie ce 14 juillet un article dans ‘SputnikNews’ sur le changement d’attitude de la presseSystème US (ou de la plus grande partie) depuis le débat avec Trump. Nous en avons déjà parlé dans l’article référencé ci-dessus). Elle examine les diverses accusations qui sont échangées entre les uns et les autres pour aboutir à la confirmation qui nous intéresse, de la situation d’une rupture, d’une rébellion au sein du parti démocrate, donc une fragmentation des élites du Système.

« “Pourquoi serait-ce une surprise ? Les problèmes du débat de Biden avec Trump poussent certains à se demander si la presse n'a pas raté l'histoire” cette affaire [de l’état de santé de Biden], a rapporté l'Associated Press (AP) le 3 juillet, dans ce qui semblait être une tentative de sauver la face.

» Le média a imputé la responsabilité aux collaborateurs “agressifs” de Biden, à son manque de visibilité publique et craint que toute histoire qui remettrait en question l’aptitude du président ne soit considérée comme aidant Trump à gagner en 2024.

» Cependant, le 21 juin, l'AP elle-même a ridiculisé ceux qui remettaient en question les capacités mentales de Biden et a dénoncé les clips vidéo montrant le déclin du président comme étant “trompeurs”, “hors contexte” et “tronqués”.

» “C’est depuis longtemps une pratique courante en politique de transformer des moments réels pour donner une mauvaise image d’un adversaire. Pourtant, la récente vague de vidéos trompeuses… montre comment… les inquiétudes concernant l’âge de Biden ont rendu cette tactique particulièrement puissante en 2024”, ont affirmé les médias.

» La presse de droite qualifie l'effondrement actuel du Parti démocrate et des médias libéraux de “rébellion coordonnée” et de “dangereuse lutte de pouvoir interne entre factions rivales au sein de la classe dirigeante américaine”. »

Un “mensonge transversal”

Nous mettons côte-à-côte, “dans le même sac” si l’on veut, cette affaire de Biden et celle des réactions contradictoires à l’attentat contre Trump parce qu’elles sont finalement similaires pour exprimer une contradiction au sein des instruments opérationnels des élitesSystème, – que ce soit la presseSystème ou le personnel dirigeant à différents niveaux. Cette contradiction, selon nous, ne tient pas au sujet du problème abordé, – l’attaque contre Trump et le sort de Biden, – mais bel et bien à l’état d’incertitude et de crise, c’est-à-dire à l’état de crise qui règne désormais au sein de l’arsenal opérationnel du Système (au sein de la presseSystème, au sein des personnels et des élites du Système.).

Jusqu’ici, les consignes allaient de soi, et les réactions de même. Cela fonctionnait comme au plus beau temps du système stalinien : une personnalité mise à l’index d’un seul élan, une narrative aussitôt adoptée par tous, des applaudissements pour un tel d’un seul claquement de main bien choisi et impératif, un anathème contre tel autre par une sorte de signal comme par télépathie, etc. Les réactions aux consignes non écrites se faisaient dans un automatisme parfait et satisfaisant pour tous les goûts, parce que la puissance du Système régnait en maîtresse sur le champ de la bataille de la communication et n’autorisait ainsi aucun faux-pas, aucune erreur de jugement ; parce que la puissance du Système rassurait et assurait le comportement de chacun du bon choix de mensonge et de simulacre. Cette situation a changé.

Les différents revers de situation, que ce soit du point de vue de la guerre, de l’influence, de l’économie, des consultations électorales, de l’état de l’hégémonie en général et de la montée irrésistible du manque de respect et de déférence du reste du monde pour le système américaniste-occidentaliste, ont semé le doute et la confusion. Cela rejaillit sur les réactions qui n’ont plus cette belle unité dans le mensonge et le simulacre, mais qui sont poussées à des interprétations personnelles de plus en plus empreintes de ce doute et de cette confusion. Les faiblesses humaines qui étaient contenues et battues en brèche par les automatismes de l’obéissance aveugle lorsque le Système marchait si bien et à merveille, réapparaissent comme autant de virus et d’infection aujourd’hui où le Système a parfois des airs de Biden et ne sait même plus préparer une opération qui serait terminée par l’action déterminée et terriblement précise d’un bon mercenaire-sniper déguisé en cheminée sur un toit, pendant que le Monstre orange fait son discours...

Il s’agit bien d’un “trouble transversal” (une sorte de “mensonge transversal” touchant tous les esprits), qui court comme un virus, qui actionne sa capacité de putréfaction sans nécessité d’action extérieure (d’où la manifestation de ce trouble quel que soit le sujet, – l’entêtement de Biden ou un tir contre Trump, – qui est interprété dans le doute et la confusion). Il s’agit bien d’une crise centrale du Système, qui base toute sa puissance, toute sa capacité d’influence, sur ses moyens de communication, de représentation, que ce soit du pur spectacle sans autre complication, ou du simulacre jusqu’à l’extrême de la sophistication.

 

Mis en ligne le 15 juillet 2024 à 15H15