“Scandale dans la famille”? BHO nous parle de l’“arrogance” US

Bloc-Notes

   Forum

Il y a 3 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 1444

…De quelle “famille” parle-t-on? De la “famille occidentale”, selon le terme nouveau, type nouveau-chic, dans les salons parisiens, dîners en ville et rédactions comme il faut? Ou bien de la “famille” de l’establishment US, un peu comme l’on parle des “Familles” qui constituent la structure de base de la Cosa Nostra, ou Organized Crime, aux USA? (Il est inutile d'y chercher une allusion.) Bref, une affaire familiale, cette affirmation de BHO, lors de son discours de Strasbourg, le 3 avril, où il avança que les USA s’étaient montrés “arrogants” vis-à-vis de l’Europe.

La portion du discours de BHO est aussitôt équilibrée par la mise en cause d’un anti-américanisme européen. Mais l’on peut discuter à propos de cet “équilibre”, notamment que l'anti-américanisme dont parle Obama peut être perçu dans sa présentation chronologique comme la conséquence de l'“arrogance” US. Quoi qu’il en soit, voici l’extrait:

«In recent years we've allowed our Alliance to drift. I know that there have been honest disagreements over policy, but we also know that there's something more that has crept into our relationship. In America, there's a failure to appreciate Europe's leading role in the world. Instead of celebrating your dynamic union and seeking to partner with you to meet common challenges, there have been times where America has shown arrogance and been dismissive, even derisive.

»But in Europe, there is an anti-Americanism that is at once casual but can also be insidious. Instead of recognizing the good that America so often does in the world, there have been times where Europeans choose to blame America for much of what's bad.

»On both sides of the Atlantic, these attitudes have become all too common. They are not wise. They do not represent the truth. They threaten to widen the divide across the Atlantic and leave us both more isolated. They fail to acknowledge the fundamental truth that America cannot confront the challenges of this century alone, but that Europe cannot confront them without America.»

L'important, pour le cas, est moins de déterminer le fondement de ces critiques; l'important est bien sûr qu'elles aient été dites, là où elles l'ont été. D’ores et déjà, – et ce n’est certainement pas fini, – le discours d’Obama nous a valu des réactions extrêmement violentes des républicains et de la droite US, neocons en bataille, cela va sans dire.

• Le Daily Telegraph, obligeant relais londonien de cette droite US nous rapporte notamment la fureur majestueuse et héroïque de Charles Krauthammer, un des plus fameux chroniqueurs néo-conservateurs, qu’on vit sur tous les champs de bataille de l'héroïsme américaniste des années Bush…. Au reste, retenez l’argument principal de Krauthammer, qui n’est pas de pure circonstance et qui n’est pas simple invective («“... if you want to attack the US, you do it at home”»)

«Despite the balance in the speech, Charles Krauthammer was indignant on Fox News. “When Kennedy arrived in Paris, he didn't attack Eisenhower... if you want to attack the US, you do it at home.” Mr Krauthammer was particularly critical of Mr Obama for knocking previous American policies while struggling to win support from European countries to commit extra troops to Afghanistan. “He steps all over America and gets nothing for it,” he said scornfully.»

RAW Story nous entretient, le 4 avril 2009, de la hargne et de la haine anti-BHO des médias liés à la droite radicale, Fox.News en premier, s'exprimant à l'occasion de cette affaire. C’est le déferlement bien connu, avec les manipulations courantes, particulièrement utilisé pour le show de Sean Hannity.

«Last night, on Fox News' Hannity, a truncated clip of President Obama's Strasbourg speech was aired, making it appear that Obama was “blam[ing] America first.” The clip of Obama delivered to the audience by Hannity emphasized America's failures in global policy in the last eight years. “In America, there's a failure to appreciate Europe's leading role in the world. Instead of celebrating your dynamic union and seeking to partner with you to meet common challenges, there have been times where America's shown arrogance and been dismissive, even derisive.” Before airing the video clip, Sean Hannity announced, “And that is our headline this Friday night...Obama attacks America.”

»But nowhere in the whole broadcast did Hannity or his guest seem to realize that Obama's next words were criticisms directed at Europe for widespread anti-americanism. In fact, Hannity later asked guest Mike Huckabee, “Why is there this anti-Americanism in Europe?”»

Quoi qu’on pense de la droite radicale, surtout celle qui se manifeste sur Fox.News, il reste que l’intervention d’Obama est exceptionnelle. Ce qui est spécifiquement exceptionnel, c’est le point mis en évidence par Krauthammer, et d’ailleurs auparavant signalé par Toby Harnden, du Daily Telegraph, le 3 avril 2009: «His speech in Strasbourg went further than any United States president in history in criticising his own country’s action while standing on foreign soil.» Cette similitude de l’argument, d’abord dans le quotidien britannique, montre que, plus encore que l’attaque elle-même, le fait qu’elle ait eu lieu hors des USA, à l’intention de citoyen non-US, est ressentie comme une grave entorse au code non-écrit de la “Famille”. Et c’est effectivement une grave entorse, sans le moindre doute, par rapport aux us et coutumes du milieu.


Mis en ligne le 6 avril 2009 à 05H39