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352Le général Brent Scowcroft fut conseiller de sécurité nationale de Bush-père et reste activement engagé dans le camp “modéré”, contre l’extrémisme de Bush-fils. Steve C. Clemons, sur son site The Washington Note découvre et nous fait découvrir que Scowcroft est également très actif dans la lutte contre la crise climatique, aux côtés de Al Gore. Clemons se félicite qu’un ancien militaire (Scowcroft était général de l’USAF) s’intéresse à cette question d’une façon si appuyée, parce qu’il s’agit d’une matière de sécurité nationale fondamentale : «It's important to get generals, strategists, national security types in general thinking about climate change in their roster of threats facing the nation— and to consider comprehensive national and international strategies to diminish that threat.» (Le Pentagone s’est déjà intéressé à la crise climatique, en 2004, mais d’une façon négative, en répudiant un rapport qu’il avait lui-même demandé.)
Dans la même note, Clemons cite abondamment l’article de Anatol Lieven du 28 décembre 2006, sur lequel nous nous étions attardés. Voici comment Clemons introduit la citation qu’il fait du texte de Lieven :
«Enough have persuasively argued that systemic planetary climate change is underway and represents an existential threat to our political and social systems — as well as to humankind — that I don't need to repeat all this.
»But there haven't been many — that I know of — who have really begun to seriously think through the national security and political dimensions of climate change. The analyses I have seen tend to speak to audiences that are already climate change policy advocates.
»One very good piece written by a top tier national security commentator and colleague of mine, Anatol Lieven, pondered climate change's social and political impact in his oped, “The End of the West as We Know It?”»
Clemons commente justement l’article de Lieven en remarquant : «The Lieven article is important in that he doesn't write much about climate change.» C’est effectivement impliquer, au terme de la logique ainsi découverte, que la crise climatique n’est pas une crise catégorielle mais une crise globale et systémique : crise de notre système et de notre civilisation et pas seulement “crise de l’environnement”.
Il y a un même courant d’appréciation et de pensée entre ces divers noms, — Scowcroft (Gore), Clemons, Lieven — et les différentes façons de considérer le sujet de la crise climatique. Ce courant présente une particularité commune : la radicalisation du jugement, alors que toutes ces personnes sont traditionnellement des modérés politiques. Elles sont toutes, également et d’une façon ou l’autre, des anti-Bush.
On a là un processus capital que nous devrons explorer de plus en plus précisément : la radicalisation extrême de la politique Bush, qui ne cesse pas, provoque l’opposition des modérés, puis oblige ces modérés à radicaliser leurs positions, puis leurs appréciations générales. Dans ce cas précis, on retrouve implicitement ce phénomène, même s’il n’est pas exprimé : à l’“opposition” radicale de l’équipe Bush, appuyée sur le nihilisme de l’industrie pétrolière, à l’existence même de la crise climatique correspond une radicalisation du jugement sur la gravité de cette crise chez les “modérés” qui s’opposent à Bush également sur ce sujet.
Mis en ligne le 19 février 2007 à 11H52