Seattle-II à Pittsburgh

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Essayons encore une fois. Après une sorte de léthargie faisant étrangement coïncider le découragement devant le désastre Bush poursuivi sans que la nouvelle majorité démocrate de 2006 ne lève le petit doigt, et l’attente de plus en plus vaine d’un “réformisme révolutionnaire” d’Obama, les activistes US songent à reprendre du service. Premier objectif: le G20 de Pittsburgh.

L’incroyable et obscène pirouette des dirigeants politiques et économiques qui tentent d’enterrer la crise avec l’incantation que ce qui l’a provoquée est le meilleur des mondes finirait peut-être par ranimer même les plus découragés. Chris Hedges, de Truthdig.com, ce 31 août 2009, les appelle aux armes.

«Globalization and unfettered capitalism have been swept into the history books along with the open-market theory of the 1920s, the experiments of fascism, communism and the New Deal. It is time for a new economic and political paradigm. It is time for a new language to address our reality. The voices of change, those who speak in powerful and yet unfamiliar words, will cry out Sept. 25 and 26 in Pittsburgh when protesters from around the country gather to defy the heads of state, bankers and finance ministers from the world’s 22 largest economies who are convening for a meeting of the G-20. If we heed these dissident voices we have a future. If we do not we will commit collective suicide.

»The international power elites will go to Pittsburgh to preach the mantra that globalization is inevitable and eternal. They will discuss a corpse as if it was living. They will urge us to remain in suspended animation and place our trust in the inept bankers and politicians who orchestrated the crisis. This is the usual tactic of bankrupt elites clinging to power. They denigrate and push to the margins the realists—none of whom will be inside their security perimeters—who give words to our disintegration and demand a new, unfamiliar course. The powerful discredit dissent and protest. But human history, as Erich Fromm wrote, always begins anew with disobedience. This disobedience is the first step toward freedom. It makes possible the recovery of reason.»

Le programme est copieux. Une organisation se met en place et la contestation s’étendra sur plus d’une semaine, commençant à peu près une semaine avant l’ouverture du sommet. Il y aura des orientations très diverses dans cette contestation, allant de la manifestation pure et simple à des conférences.

«Protests will begin several days before the summit. Many of the activities are being coordinated by Pittsburgh’s Thomas Merton Center. There will be a march Sept. 25 for anyone who, as Jessica Benner of the center’s Antiwar Committee stated, “has lost a job, a home, a loved one to war, lost value to a retirement plan, gotten sick from environmental pollution, or lived without adequate healthcare, water, or food. … ” There will be at least three tent cities, in addition to a Music Camp beginning Sept. 18 that will be situated at the South Side Riverfront Park near 18th Street. Unemployed workers will set up one tent city at the Monumental Baptist Church on Sept. 20 and five days later will march on the Convention Center. The encampment and the march are being organized by the Bail Out the People Movement. The Institute for Policy Studies, The Nation magazine, the United Electrical, Radio and Machine Workers of America, Pittsburgh United and other organizations will host events including a panel on corporate globalization featuring former World Bank President Joseph Stiglitz, along with a “People’s Tribunal.” There will be a religious procession calling for social justice and a concert organized by Students for a Democratic Society.»

De l’autre côté, il y aura 4.000 policiers et une conférence transformée en une forteresse aussi blindée qu’un coffre-fort de la Federal Reserve. On est habitué à la chose. Les débats sur des conclusions convenues d’avance pourront donc avoir lieu, on l’espère, dans une sérénité extrêmement sécurisée.

La question centrale est de savoir quel succès de foule aura cet appel à la contestation. La faiblesse de nos directions politiques est telle aujourd’hui que ce seul élément (un rassemblement de foule important) constituerait une pression très importante, non pas pour le G20 lui-même d’ailleurs, mais d’une façon générale, particulièrement pour l’unité des directions politiques face à la crise. L’intérêt de cette contestation n’est pas, en effet, de mesurer la possibilité d’un renversement du système, mais bien d’accentuer la fragilité du système à l'intérieur, de faire surgir les divisions, très fortes et mal dissimulées, qui existent en son sein.

Il y a dix ans, les manifestations assez violentes à Seattle, autour d’une réunion de l’Organisation Mondiale du Commerce, avaient ouvert la contestation “extérieure” de la globalisation. A cette époque, le système fonctionnait dans toute sa puissance (Edward Lutwak parlait du “turbo-capitalisme”) et bien peu, en son sein et même sur ses marges, songeaient à le contester. La contestation paraissait, elle aussi, marginale et sans réelle signification. En dix ans, la situation a radicalement évolué, la globalisation passant de modèle d’ores et déjà installé et donc incontestable, à une structure en crise et en lambeaux. Aujourd’hui, le système est aux abois, complètement assiégé, non pas tant par la contestation que par la réalité de ses limites catastrophiques et des conséquences de ses effets pervers. Dans ce cas, la pression de la foule peut faire sentir des effets.


Mis en ligne le 1er septembre 2009 à 11H35