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1001Divers signes montrent que le Pentagone est entré dans sa phase active d'installation du système anti-missile, notamment en Alaska, où des bases importantes du système seront installées. Une cérémonie vient d'avoir lieu à Fort Greely, pour les premiers travaux d'installation des premiers éléments du système.
« For President George Bush, the event is the fulfilment of an election-year promise to back the Star Wars programme, designed to provide defence for the US against long-range ballistic missiles. Congress has approved $7.8 billion for the project. For opponents of the scheme, the ceremony, held in front of political and military dignitaries and within sight of the snow-capped Alaska Range, is an ominous step towards escalation of the nuclear arms race.
« The construction of what is officially known as the Ground-based Midcourse Defence (GMD) Test Bed and US withdrawal from the ABM was justified last week by Deputy Secretary of Defence Paul Wolfowitz in the Wall Street Journal . 'We are now free to develop, test and deploy effective defences against missile attacks from states like North Korea and Iran - states that are aggressively seeking weapons of mass destruction and long- range missiles,' he wrote. 'We will not allow the world's most dangerous regimes to threaten us with the world's most dangerous weapons.' »
Cette décision américaine marque, peut-être plus que le reste de la politique US, la détermination unilatéraliste générale, fondamentale, de cette administration, notamment en matière militaire et cde sécurité. La question de la défense anti-missile existait bien avant l'attaque du 11 septembre. C'est un projet de sécurité majeur de la nouvelle administration, qui a constitué l'élément moteur de la décision d'abandonner le traité ABM de 1972.
Diverses consultations ont eu lieu, avec les pays alliés d'Europe et d'Asie, comme avec les autres (la Russie notamment). Ces consultations ont donné divers résultats et ont montré le malaise général, hors des USA, pour ce projet. Rien de formel n'a été décidé. Cette situation n'influe en rien sur l'évolution du projet : les Américains le mettent en place à leur rythme, en ne tenant compte que de leurs impératifs budgétaires et techniques. « Pour les Américains, observe un diplomate européen, les consultations diplomatiques, l'accord ou les objections de leurs alliés, la position de la Russie, tout cela peut avoir une certaine importance à un moment ou l'autre mais cela n'occupera jamais qu'une position annexe dans leur réflexion. La question est jugée d'une façon complètement unilatéraliste, du strict point de vue de la sécurité américaine. »
L'attaque du 11 septembre et ce qui a suivi ont plutôt renforcé la détermination américaine, sans le moindre souci de savoir si la défense anti-missile avait le moindre rapport avec les nécessités de défense et de sécurité mises en évidence par cette attaque. Là aussi, dans le domaine de l'évaluation, l'unilatéralisme est complet. Les Américains jugent des risques et des nécessités militaires selon leurs conceptions et leurs priorités, et beaucoup moins selon les réalités des événements extérieurs.
Le nouveau cabinet est formé en Afghanistan, après le gouvernement dit de transition. D'une façon générale, l'appréciation est plutôt pessimiste par rapport aux espoirs de démocratisation qui avaient été mis en avant pour l'avenir de l'Afghanistan. Deux personnalités qui étaient présentes à la loya jirga de Kaboul qui a vu la constitution du gouvernement, Omar Zakhilwal (professeur d'économie à l'université d'Ottawa) et Adeena Niaz (présidente de l'Association des Femmes Afghanes, à Ontario, au Canada) font dans le New York Times du 21 juin un rapport désolé sur cet événement.
« On the final night of the loya jirga, more than 1,500 delegates gathered for the unveiling of the new cabinet. Our hearts sank when we heard President Hamid Karzai pronounce one name after another. A woman activist turned to us in disbelief: ''This is worse than our worst expectations. The warlords have been promoted and the professionals kicked out. Who calls this democracy?''
» Interim government ministers with civilian rather than military credentials were dismissed. Mr. Karzai did not announce the minister for women's affairs, prompting speculation that Sima Samar, the popular current minister in that post, will be removed once international attention shifts elsewhere. Meanwhile, the key ministries of defense and foreign affairs remain in the hands of Gen. Muhammad Qasim Fahim and Abdullah, both from the dominant Northern Alliance faction based in the Panjshir Valley. Yunus Qanooni, of the same faction, was switched from the interior ministry to education, though he is reportedly resisting the move. Three powerful Northern Alliance commanders — Mr. Fahim, Haji Abdul Qadir and Kharim Khalili — have been made vice presidents, surrounding Mr. Karzai. These are the very forces responsible for countless brutalities under the former mujahedeen government. »
Les deux auteurs rapportent les conditions où s'est tenue cette assemblée constitutive du nouveau gouvernement. Ils expliquent comment les premières tentatives d'exprimer une volonté démocratique aboutirent à un courant général très prometteur, notamment en faveur de l'ancien roi, Mohammed Zahir Shah ; comment ce courant fut brutalement réduit par une intervention des forces proches des ''seigneurs de la guerre'', et comment le congrès fut rapidement remis sur une ligne plus conforme aux intérêts de ces derniers. La description de cet épisode par Zakhilwal et Niaz est significative. Elle rappelle les habituelles méthodes dans cette sorte de situation, — manipulation, intimidation, etc.
« ... But our democratic effort to nominate Zahir Shah did not please the powers that be. As a result, the entire loya jirga was postponed for almost two days while the former king was strong-armed into renouncing any meaningful role in the government. After that announcement, the atmosphere at the loya jirga changed radically. The gathering was now teeming with intelligence agents who openly threatened reform-minded delegates, especially women. Access to the microphone was controlled so that supporters of the interim government dominated the proceedings. Fundamentalist leaders branded critics of the warlords as traitors to Islam and circulated a petition denouncing Women's Affairs Minister Samar as ''Afghanistan's Salman Rushdie.''
» Aware that in our country political intimidation can turn quickly into violence, many delegates lost the will to demand their democratic rights. A leading activist for women's rights, who prefers to remain anonymous due to these threats, explained: ''Today we are loya jirga delegates, but tomorrow we go home as individuals. Who will protect us if we continue to express our views and fight for our rights?'' »
C'est une nouvelle phase qui commence en Afghanistan, qui officialise et prend en compte les événements de ces derniers mois. Il est apparu clairement que l'intervention américaine suivait des objectifs militaires accordés aux intérêts américains et à la situation intérieure américaine, et rien que cela. Les Américains ont répété qu'ils n'étaient pas intéressés par la mission dite de nation-building, laquelle implique une intervention décidée dans le processus de reconstruction politique. Les Européens, qui ne sont intervenus en Afghanistan que par ''suivisme'' des Américains, se trouvent sans réel pouvoir d'intervention, et, surtout, sans réelle volonté d'intervenir. L'énorme masse d'aide financière européenne prévue pour l'Afghanistan est en général bloquée par l'impossibilité d'accès à l'essentiel du territoire, et donc l'impossibilité de contrôler l'emploi de ces fonds. La meilleure issue en cette matière, pour l'instant et dans le contexte actuel, est effectivement le non-emploi de ces fonds.
La situation en Afghanistan rejoint un schéma classique des interventions extérieures occidentales. Déclenchée notamment au nom de conception humanitaires, mais déclenchée en réalité pour des raisons internes aux pays occidentaux (nécessité de ''faire quelque chose'' chez les Américains après le 11 septembre, nécessité de ''suivisme'' des Américains chez les Européens), elle se poursuit avec l'indifférence grandissante chez ces mêmes Occidentaux. Les Américains en restent à l'aspect purement militaire de la situation, avec le peu de succès qu'on connaît. Les Européens régleront leur attitude en fonction de leurs relations avec Washington.