Semaine du 29 avril au 5 mai 2002

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Les opérations contre les Palestiniens et les incertitudes au sein des forces de sécurité israéliennes

L'armée israélienne a reconnu que l'investissement du camp de Jedin avait été conduit selon des conditions décrites comme « ugly vandalism », selon l'édition du 1er mai de Haaret'z. Cette reconnaissance de ces actes à Jedin est perçue comme le signe d'un malaise au sein des forces armées israéliennes. On lit notamment dans cette édition :

« Israel Defense Forces sources have admitted that Palestinian claims of the systematic destruction of property, particularly computers, during the recent military operations in Ramallah are, for the most part, true. "There were indeed wide-scale, ugly phenomena of vandalism," a senior military sources told Ha'aretz yesterday. [...] "It was not an order from above," said a senior source, "but that's how it was understood in the field. The infantry, both the conscripts and the reservists who accompanied the intelligence teams, understood that they were allowed - or indeed expected - to destroy the property in the offices." »

Un autre aspect des remous engendrés en Israël par les opérations en Palestine est le conflit entre le chef du Mossad et le Premier ministre Sharon. Ephraïm Halevy, né au Royaume-Uni et neveu du célèbre philosophe Sir Isaïh Berlin, a été en désaccord à plusieurs reprises avec le Premier ministre israélien. Cette démarche a atteint un point de grande tension marquée par des articles dans la presse qui ne sont pas démentis. Halevy estime que la tactique de Sharon, notamment contre les Palestiniens, est complètement inappropriée.

Ces points sont caractéristiques de l'état de tension qui règne en Israël, dans les milieux même de la sécurité nationale, à propos de la politique et de la tactique suivies par Sharon. Paradoxalement, on pourrait dire qu'il y a une plus grande unité, ou qu'il y a eu une plus grande unité, au plus fort de l'offensive contre les Palestiniens, dans la population israélienne que dans la direction et les forces de sécurité, au sens le plus large. Sharon est loin de faire l'unanimité par son action et, surtout, par sa tactique. Nombre de militaires et de spécialistes israéliens pensent que la lutte contre le terrorisme ne passe pas par des moyens de guerre, mais qu'au contraire l'emploi de ces moyens de guerre ne fait qu'attiser les actions des terroristes. Ces milieux qui critiquent Sharon estiment que le Premier ministre israélien est poussé par les extrémistes américains au sein de l'administration Bush, qui cherchent à touit prix des prétextes pour élargir le champ des opérations militaires.

La leçon pour l'Europe tirée par Schröder (et d'autres) de la présence de Le Pen au deuxième tour des présidentielles françaises

Le chancelier allemand Schröder a été très rapide à tirer les leçons du premier tour en France, avec l'arrivée en deuxième position du leader d'extrême-droite Jean-Marie Le Pen.. Pour Schröder, il est absolument nécessairer de freiner le processurs d'intégration de l'Europe. Le chancelier allemand estime que les résultats de Le Pen, comme les résultats d'autres formations d'extrême-droitre dans d'autres pays en Europe, sont dus pour beaucoup aux réactions de frustration et de colère des citoyens, notamment face au processus européen qu'ils ne comprennent pas et à la façon dont les hommes politiques nationaux se défaussent de leurs responsabilités nationales sur les processus européens. D'autre part, le très fort sentiment de crise de l'identité est alimenté par le processus européen et risquerait de se trouver exacerbé par une intégration trop rapide.

Cette analyse de Schröder est rejointe par celles de milieux conservateurs US et et des milieux proches des services de renseignement (quoique en général ces analyses US soient moins élaborées que les analyses européennes). Un exemple de ce type d'analyse est donné par l'institut d'analyse Stratfor, qui écrit le 30 avril :

« French presidential candidate Jean-Marie Le Pen's minor political gains could disproportionately and profoundly affect European integration. Those disgruntled with EU-mandated reforms now have an excuse for stalling: fear of the rise of the extreme right. »

Il faut noter combien ces analyses diffèrent, jusqu'à les contredire, des analyses qui ont cours en France à l'occasion de ces présidentielles, et qui amènent à la conclusion qu'il y aura des pressions renouvelées en France pour une intégration européenne, surtout dans les milieux intellectuelles. Cette idée est résumée par ce constat d'une source française, habituée de ces milieux : « les conséquences vont être la prise en otage des adversaires de l'intégration européenne. Ceux-ci sont bien entendu, pour un bon nombre, des démocrates irréprochables. Ils seront d'autant plus sensibles aux accusations qui vont être lancées contre eux, qui sont déjà lancées contre eux, d'être assimilés à l'extrême-droite dans la mesure où Le Pen s'est opposé à l'Europe intégré pendant sa campagne électorale. »

Le chômage US en hausse, ou les conséquences de certains aspects “vertueux” de l'économie moderne et globalisée

Les chiffres du chômage aux États-Unis commencent à être inquiétants. Le chômage atteint 6% pour le premier trimestre de 2002 (avril). C'est le chiffre le plus haut depuis 1994 et un indice inquiétant de l'évolution de l'économie US lorsqu'il est placé en parallèle avec un autre constat : la reprise annoncée comme très forte après la récession des dix-huit derniers mois s'avère en réalité très maigrelette, et surtout conséquence de mesures sans grandes significations économiques et plutôt de type fortement conjoncturel, voire accidentel (reconstitution des stocks des entreprises à la fin de 2001).

Ce chiffre de 6% de chômage est expliqué par diverses causes. Il y a certes l'évolution économique mais aussi des causes plus paradoxalement “vertueuses” : notamment la concurrence extérieure ouverte par la globalisation, et aussi la compétitivité accrue des entreprises US, qui conduit à des licenciements importants. Ces causes sont effectivement dites vertueuses, dans la mesure où elles vont dans le sens du développement économique tel qu'on le conçoit aujourd'hui. Il s'agit notamment de l'augmentation de la productivité des entreprises amérticaines, qui conduit à des réductions d'effectifs et des licenciements, et de la concurrence de nouveaux centre de production (notamment la Chine), qui ont vu leur développement accéléré grâce à la globalisation lancée par les USA.