Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
701Les fuites qui entourent l’affaire BAE se poursuivent et concernent désormais le nouveau front central de cette affaire : l’enquête du département de la justice (DoJ) américain. Le Times de Londres nous apprend aujourd’hui que le DoJ entend donner à son enquête une ampleur historique inattendue. Il entend remonter à la racine des contrats Al-Yamamah et de la phase actuelle des relations entre le Royaume-Uni et l’Arabie Saoudite, c’est-à-dire 1983-1985. Il a contacté les personnalités au cœur de l’origine de l’affaire, — jusqu’aux icônes elles-mêmes, comme la baronne Thatcher, alors Premier ministre, et le ministre de la défense d’alors, Lord Heseltine. L’émotion est considérable.
«The DoJ has contacted individuals linked to the early stages of al-Yamamah in an indication that the Americans plan to rake through the entire 25-year history of Britain’s largest export deal. The DoJ’s attempts to uncover corruption in the deal could lead to requests to interview senior figures involved, such as Baroness Thatcher and Lord Heseltine.»
Les Britanniques, qui sont véritablement terrorisés par l’enquête du DoJ, le sont désormais encore plus par sa “philosophie”. Ils jugeaient que cette enquête se cantonnerait aux dix dernières années, couvrant la période où le système de subvention du Prince Bandar fut mis en place et fonctionna (sur un montant global de $2 milliards). Cela n’est pas le cas.
«Defence analysts had expected the DoJ investigation, which was announced two weeks ago, to focus on these payments. However, it appears that the DoJ plans a much wider-reaching inquiry and it is starting with the early negotiations, beginning in about 1983.
»Key figures involved in the deal at that time include the then Prime Minister, Margaret Thatcher, who personally lobbied the Saudi royal family to buy British jets. Michael Heseltine was the Defence Secretary and the Defence Export Services Organisation (DESO), which markets British weapons abroad, was run by Lord [James] Blythe and Sir Colin Chandler, who is now chairman of easyJet.
»The DoJ is understood to be planning to send investigators to the UK to conduct interviews with those involved in al-Yamamah. It may find it difficult to gather facts as the details are classified secret by the UK Government. Officials involved in the early negotiations and subsequent extensions to the deal have also all signed the Official Secrets Act.
»Howard Wheeldon, senior strategist with BGC Partners, said: “I hope the DoJ fully realises what they are doing. I find it inconceivable that the Americans will be able to pursue what is a deal between the British and Saudi Governments.”»
“Inconcevable”, c’est bien le mot, celui qu’emploie Howard Wheeldon pour qualifier des intentions qui impliquent de facto un processus s'apparentant et conduisant à une violation directe de la souveraineté nationale du Royaume-Uni par le DoJ. Mais on répliquerait: et alors? Qui a habitué les Américains à procéder de la sorte, sinon les architectes des “special relationships”, et le plus audacieux d’entre tous, Tony Blair, l’homme qui a fait de son pays un Etat de plus des Etats-Unis? Et puis, l’on sait ce qu’est BAE, ce groupe soi-disant britannique, aujourd’hui américanisé jusqu’à la moelle, qui fait d’assez beaux bénéfices avec les contrats du Pentagone. D’où cette intéressante question : que va faire le gouvernement britannique devant les éventuelles exigences du DoJ de s’asseoir sur le Official Secrets Act pour pouvoir obtenir les réponses qu’il veut d’une Thatcher ou d’un Heseltine?
Le premier commentaire de lecteur accompagnant le texte du Times sur le site du journal sonne comme une réponse sans concessions et avec toutes les justifications du monde, dans le contexte “spécial” UK-USA, que les Américains feraient aux exclamations britanniques. Il est, — est-ce un hasard après tout? — d’un lecteur US (“Joe Blake”), de Chicago (où se trouve le siège social de Boeing). Il rassemble tous les arguments politiques et techniques des USA, menaces à la clef, pour poursuivre sans concessions et en profondeur une enquête sur BAE et sur les liens du Royaume-Uni avec l’Arabie Saoudite.
«BAE Systems Inc. (the US entity) should be barred from doing any more business with or inside the US until we figure out the exact nature of the British alliance with Saudi Arabia (cultivators, if not engineers, of the 9-11-2001 attacks on the US).
»Since 1999 when, BAE Systems bought its way into the US arms industry, the US business has counted for 2/3 to 1/2 of the company's total income. So the bribes that BAE Systems (the PLC) made to the Saudi's in order to keep Britain more secure were financed in large part by the lucrative business that BAE Systems (the Inc.) does with the Pentagon.
»Too bad those bribes didn't keep us more secure.»
Mis en ligne le 10 juillet 2007 à 05H09