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8567C’est un exercice courant de cette époque de s’informer régulièrement de la situation financière de nos élites oligarchiques, ceux que l’on surnomme “les très-riches” et qui mériteraient bien d’être faits “les très-très-riches”, – un peu comme l’on fait Grand-Croix un Grand Officier de l’Ordre de la Légion d’Honneur. Il est intéressant de connaître leur situation en cette fin d’année 2019, pour se rassurer sur la bonne marche des choses puisqu’on apprend que les 500 personnes les plus riches du monde cumulent une “valeur nette combinée” supérieure au PIB des Etats-Unis à la fin du troisième trimestre 2019 : $5 900 milliards contre $5 100 milliards pour les USA, et que cela est dû à un très encourageant accroissement de leur fortune générale.
Toutes ces informations, et bien d’autres certes, viennent d’un texte du site WSWS.org dont on sait la vigueur à vanter les mérites du trotskisme. Dans ce cas, – comme d’ailleurs le plus souvent lorsqu’il s’agit d’informations, – il n’y a aucun “gauchissement” (!) idéologique à craindre dans ce compte-rendu, tant les chiffres parlent d’eux-mêmes et qu’ils sont extrêmement bavards. Ce site nous les restitue excellemment, avec quelques bouffées de rage scandalisée qui ont parfaitement leur place.
Souvent, les images parcellaires et les comparaisons opérationnelles illustrent avec bonheur le bavardage assourdissant des chiffres de cette monstrueuse inégalité de l’argent du monde. Ainsi WSWS.org cite-t-il l’économiste Branko Milanovic, dont l’on doit lire l’extrait de son livre Global Inequality en ayant à l’esprit qu’il est question de $milliards par milliers d’une part, tandis qu’il nous cite un exemple qui nous rappelle qu’Homère écrivit il y a 2 700 ans cette œuvre sans prix et donc inestimable en $milliards qu’est L’Illiade :
« Un milliard de dollars est tellement loin de l'expérience habituelle de pratiquement tout le monde sur terre que la quantité même que cela implique n'est pas facile à comprendre.[...] Supposons maintenant que vous ayez hérité de 1 million de dollars ou de 1 milliard de dollars, et que vous avez dépensé 1000 dollars par jour. Il vous faudrait moins de trois ans pour épuiser votre héritage dans le premier cas, et plus de 2700 ans (c'est-à-dire le temps qui nous sépare de l' Iliade d' Homère) pour dilapider votre héritage dans le second cas. »
Comme à l’habitude, mais de plus en plus selon une habitude qui confine à la démence, l’aspect totalement absurde de cette situation d’inégalité ne cesse de s’affirmer, de hurler, de se débattre comme dans un gigantesque filet où l’espèce humaine se trouve prise au piège comme un banc de sardines attendant la baleine bienfaisante qui les gobera d’un élégant mouvement de mâchoire. L’invective, la protestation, l’accusation contre l’injustice ne suffisent certainement plus du tout à caractériser les réactions qu’il est logique d’avoir devant ces constats. Il y a désormais, fortement installée, la sensation d’un déséquilibre catastrophique dont on voit mal comment il pourrait ne pas déboucher sur des situation de désordre et de chaos entrainés par et dans un “tourbillon crisique” aux dimensions des plus profonds trous noirs de l’univers.
On a les premiers signes sérieux et marquants de ce “déséquilibre catastrophique” dans cette année 2019 avec le nombre qui s’est très fortement accru jusqu’à faire penser à une insurrection globale, une sorte de jacquerie mondialisée, de mouvement de désordres sociaux, de révoltes populaires, etc. Comme l’on sait, les motifs sont divers et permettent des interprétations politiques également les plus diverses alors que tout le monde comprend bien ou devrait très bien comprendre que la seule cause de ces agitations est l’inégalité monstrueuse qui fait peser sur nos conscience une insupportable inversion ontologique entre le matériel et le spirituel ; que la seule cause enfin est ce monstrueux Système qui a pris possession du monde et fait de tous ceux qu’il emprisonne, y compris les oligarques aussi stupides que leurs $milliards, des esclaves dévoués à son œuvre d’entropisation du susdit monde.
Il faut insister sur cette situation d’inversion qui, par le mouvement qu’elle implique, entraîne l’ivresse, la confusion, la contradiction jusqu’aux plus terribles affections psychologiques. Même leurs références les plus sacrées deviennent totalement inverties et ce qui, in illo tempore, annonçait des lendemains capitalistes qui chantent, signalent aujourd’hui l’extension catastrophiques de l’incendie de folie qui ravage la planète. La bourse est désormais un indice effectivement marquée de cette inversion totale : au plus elle monte, au plus la situation s’aggrave dans le chef des révoltes sociales, de l’extension de la criminalité, des folies sociétales, de l’extension de la pauvreté et des pathologies psychologiques, des déséquilibres de toutes les sortes possibles que suscite le “tourbillon crisique”. « ...Le marché boursier atteint des records et les fortunes des milliardaires du monde continuent à monter en flèche », – c’est-à-dire une augmentation de 25% entre 2018 et 2019 de la “valeur nette combinée” des 500 dont on a signalé plus haut qu’ils pèsent plus lourd que le PIB des USA.
Il nous est impossible, décrivant comme faire se peut à l’aide d’images et de symboles cette situation indescriptible et indicible, de ne pas songer à l’équation cardinale et fondamentale du Système : surpuissance-autodestruction, certes. Car c’est bien ce que montre cette évolution qui construit un formidable, un catastrophique déséquilibre dont la destination finale est la destruction totale de lui-même.
Certes, l’inégalité exposée ici, qui est l’inégalité de ce moteur devenu monstrueux qu’est l’argent, n’est pas le seul aliment de l’équation surpuissance-autodestruction. L’égalité totalement utopique et également démente que recherche le clan progressiste-sociétale est exactement de la même boutique, et répondant à la même équation.
Bref, tout marche à la même musique, celle du fameux joueur de fluteentraînant derrière lui les rats qui infestaient la ville de Hamelin pour les noyer dans la rivière avoisinante aux flots tumultueux ; les rats, ou zombieSystème, y compris les 500 qui pèsent plus lourd que le PIB-USA, suivent avec encore plus de zèle que leurs prédécesseurs, car bien plus qu’eux, ce sont des rats-pensants et ils sont persuadés qu’on les emmène dans un jacuzzi amical et qu’ils savent nager mieux que tous les requins du monde.
Ci-dessous, le texte de Barry Grey, de WSWS.org,du 30 décembre 2019.
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Alors que la deuxième décennie du 21e siècle touche à sa fin, sa caractéristique la plus saillante - le pillage de l'humanité par une oligarchie financière mondiale - se poursuit sans relâche.
Sur fond de guerre commerciale et de montée du militarisme et de l'autoritarisme d'un côté, et de l'éruption de grèves internationales et de protestations de la classe ouvrière contre les inégalités sociales de l'autre, le marché boursier atteint des records et les fortunes des milliardaires du monde continuent à monter en flèche.
Vendredi, un jour après que les trois principaux indices boursiers américains aient établi de nouveaux records, Bloomberg a publié son enquête de fin d'année sur les 500 personnes les plus riches du monde. Le Bloomberg Billionaires Index a indiqué que les fortunes des oligarques ont augmenté d'un total combiné de 1200 milliards de dollars, soit une augmentation de 25 pour cent par rapport à 2018. Leur valeur nette combinée s'élève désormais à 5900 milliards de dollars.
Pour mettre ce chiffre dans une certaine perspective, ces 500 personnes contrôlent plus de richesse que le produit intérieur des États-Unis à la fin du troisième trimestre de 2019, qui était de 5400 milliards de dollars.
Le plus gros gain de l'année a été réalisé par le français Bernard Arnault, qui a ajouté 36,5 milliards de dollars à sa fortune, le portant au-dessus du niveau exceptionnel de100 milliards de dollars, à 105 milliards de dollars. Il a battu le spéculateur Warren Buffett, à 89,3 milliards de dollars, pour le reléguer à la quatrième place. Le patron d'Amazon, Jeff Bezos, a perdu près de 9 milliards de dollars en raison d'un règlement de divorce, mais a conservé la première position, avec une valeur nette de 116 milliards de dollars. Le fondateur de Microsoft, Bill Gates, a gagné 22,7 milliards de dollars pour l'année et s'est maintenu à la deuxième place avec 113 milliards de dollars.
Les 172 milliardaires américains sur la liste Bloomberg ont ajouté 500 milliards de dollars à leurs portefeuilles, avec Mark Zuckerberg de Facebook réalisant le plus gros gain américain de l'année avec 27,3 milliards de dollars, le plaçant à la cinquième place dans le monde avec une valeur nette de 79,3 milliards de dollars.
Il est difficile de comprendre ce que représentent vraiment de ces sommes stratosphériques. Dans son livre de 2016 Global Inequality, l'économiste Branko Milanovic écrit:
« Un milliard de dollars est tellement loin de l'expérience habituelle de pratiquement tout le monde sur terre que la quantité même que cela implique n'est pas facile à comprendre [...] Supposons maintenant que vous ayez hérité de 1 million de dollars ou de 1 milliard de dollars, et que vous avez dépensé 1000 dollars par jour. Il vous faudrait moins de trois ans pour épuiser votre héritage dans le premier cas, et plus de 2700 ans (c'est-à-dire le temps qui nous sépare de l' Iliade d' Homère) pour dilapider votre héritage dans le second cas. »
La vaste redistribution des richesses du bas vers le haut de la société est le résultat d'un processus de plusieurs décennies, qui s'est accéléré après le krach de Wall Street en 2008. Ce n'est pas le résultat de processus impersonnel et simplement automatique. Au contraire, les politiques des gouvernements et des partis capitalistes du monde entier, que ce soit nominalement «de gauche» ou de droite, ont été consacrées à l'appauvrissement toujours plus grand de la classe ouvrière et à l'enrichissement de l'élite dirigeante.
Aux États-Unis, le un pour cent des plus riches a accaparé toute l'augmentation du revenu national au cours des deux dernières décennies et toute l'augmentation de la richesse nationale depuis le krach de 2008.
Le principal mécanisme de ce transfert de richesse a été le marché boursier, et les politiques de la Réserve fédérale américaine et des banques centrales à l'échelle internationale ont été conçues pour fournir de l'argent bon marché afin de faire grimper les cours des actions. Le coût de cette subvention massive aux marchés financiers et aux oligarques a été payé par la classe ouvrière, sous la forme de coupes sociales, de licenciements collectifs, de la destruction des retraites et des prestations de santé, et du remplacement d'emplois relativement sûrs et rémunérés correctement par des emplois à temps partiel, d’intérimaires et de petits boulots.
Depuis que Trump est entré en fonctions en janvier 2017, s'engageant à réduire les impôts des sociétés, à diminuer les réglementations sur les activités des grandes entreprises et à augmenter considérablement le budget militaire, le Dow Jones a bondi de près de 19.000 points. Cette année, Trump et les marchés financiers ont exercé une pression massive sur la Fed pour inverser ses efforts de «normalisation» des taux d'intérêt. La Fed s'est pliée à cette demande. Elle a procédé à trois baisses de taux et a rassuré les marchés à plusieurs reprises qu'elle n'avait pas l'intention d'augmenter les taux en 2020.
Cette manne pour les banques et les fonds spéculatifs a été acceptée autant par les démocrates que les républicains. En fait, la politique économique de Trump a reçu de facto le soutien du Parti démocrate de A à Z - de ses réductions d'impôts pour les sociétés et les riches à son attaque pour éliminer pratiquement toutes les réglementations sur les affaires. Même au milieu de la destitution - effectuée entièrement sur la base de la «sécurité nationale» et de la «bienveillance» supposée de Trump envers la Russie - les démocrates ont voté par de larges marges pour le budget de Trump, son pacte commercial anti-chinois entre les États-Unis, le Mexique et le Canada et son budget record de 738 milliards de dollars de guerre du Pentagone.
Cela a notamment consisté à donner à Trump tout l'argent qu'il voulait pour construire son mur frontalier et mener à bien l'incarcération et la persécution de masse des immigrants.
Les politiques pro-grandes entreprises de Trump sont une continuation et une expansion de celles poursuivies par le gouvernement Obama. Il a alloué des milliers de milliards de dollars provenant des contribuables pour renflouer les banques et inonder les marchés financiers de crédit bon marché, faisant grimper les cours des actions, tout en imposant une baisse de 50 pour cent des salaires des travailleurs de l'automobile nouvellement embauchés dans le cadre de son renflouement de General Motors et Chrysler. Obama a supervisé la fermeture de milliers d'écoles et le licenciement de centaines de milliers d'enseignants, et a promulgué des budgets d'austérité qui ont réduit les aides sociales.
Deux de ceux qui se présentent pour la nomination présidentielle démocrate de 2020 sont des milliardaires - Tom Steyer et Michael Bloomberg. Ce dernier, avec une valeur nette de 56 milliards de dollars, est la neuvième personne la plus riche des États-Unis. Il est entré dans la course en tant que porte-parole des oligarques indignés par des allusions faites par Bernie Sanders et Elizabeth Warren de vouloir instaurer une augmentation fiscale symbolique sur les super-riches.
Les oligarques n'ont pas peur de Sanders et Warren - deux défenseurs de longue date de la classe dirigeante américaine, qui cherchent à masquer leur soumission au capital en parlant de faire payer aux oligarques «leur juste part» - un euphémisme pour défendre leur droit de piller la population. Ils sont effrayés par la montée de l'opposition de masse au capitalisme qui trouve une expression déformée à travers le soutien apporté aux faux progressistes dans le giron du Parti démocrate.
À eux deux, Bloomberg et Steyer ont déjà dépensé 200 millions de dollars de leur propre argent dans le but d'acheter les élections.
L'effet de cette politique de pillage social se traduit par l'aggravation d'une crise sociale maligne pays après pays. Aux États-Unis, la société recule, car le besoin criant d'écoles, d'hôpitaux, de logements abordables, de pensions de retraite, de la reconstruction de routes délabrées, de ponts, de transports, de protection contre les inondations, d'eau potable, d'égouts, de lutte contre les incendies et d’entretien des réseaux électriques rencontre la réponse administrative: «Il n'y a pas d'argent».
Le résultat? Trois années consécutives de baisse de l'espérance de vie, de taux de toxicomanie et de suicide records, d'incendies de forêt et d’inondations dévastateurs, et de coupures d'électricité par des fournisseurs profiteurs. Et une crise climatique qui ne peut être abordée dans le cadre d'un système dominé par une ploutocratie folle d'argent.
Aucun problème social grave ne peut être résolu dans des conditions où l'élite dirigeante - par le biais de ses partis et politiciens corrompus, aidée par ses syndicats pro-capitalistes et appuyée par ses tribunaux, sa police et ses troupes - détourne des ressources de la société vers l'accumulation de yachts, hôtels particuliers, îles privées et jets personnels toujours plus luxueux.
Là où la réforme sociale est impossible, la révolution sociale est inévitable. La solution à l'impasse se trouve dans la montée de la lutte des classes. Le mouvement des travailleurs et des jeunes dans le monde entier - des grèves de masse en France aux grèves des travailleurs de l'automobile et des enseignants aux États-Unis, des manifestations au Chili, en Bolivie, en Équateur et au Brésil, aux grèves et manifestations de masse au Liban, en Iran, en Irak et en Inde - révèle la force sociale qui peut mettre fin au capitalisme et qui le fera.
Le mot d'ordre doit être - par opposition aux Corbyn, aux Sanders, aux Tsipras et à leurs promoteurs de pseudo-gauche – «Exproprier les super-riches!» C'est le point de départ du remplacement de la propriété privée capitaliste de la production par la propriété sociale et la planification internationale, c'est-à-dire la révolution socialiste mondiale.
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