Si la France vote “non”, le désordre sera plus grand au Royaume-Uni qu’en France

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« Et si c’est non… » titre le Guardian du 19 mai, en français dans le titre, of course. Texte amusant, qui parcourt la presse britannique pour laquelle le référendum français est devenu un des premiers sujets d’intérêt. Événement assez rare qu’une affaire française concerne autant les Britanniques, — preuve que le référendum français est un événement européen et que les Britanniques sont plus européens qu’on croit.

En fait, l’effet principal du référendum français est d’avoir lancé la campagne que Blair voulait éviter à tout prix : la campagne du référendum britannique, qu’on envisageait paisiblement pour autour de septembre 2006. Avec en prime une extraordinaire confusion : faut-il ou non faire le référendum britannique? A quoi servirait un référendum britannique si les Français disent non?

Les partisans britanniques du “no” ont lancé leur propre campagne il y a deux jours, comprenant évidemment que l’événement français est extraordinairement porteur pour leurs thèses. Eux, ils s’estiment gagnants dans tous les cas, en lançant la campagne dès maintenant : en renforçant leur argument pour le “no” dans le sillage de la formidable campagne française ; en contribuant à démonétiser un référendum britannique dans lequel Blair espérait beaucoup (avec un “yes”, of course) pour entraîner le Royaume-Uni à entrer dans l’euro.

Si la France vote “non”, les Britanniques vont se déchirer à belles dents autour de l’opportunité de leur propre référendum. Les Français ont déjà gagné cette partie-là, rassurante pour leur crainte de l’isolement: d’un événement franco-français, ils ont fait un événement européen majeur.


Mis en ligne le 20 mai 2005 à 14H00