Si Paul était président…

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Une station locale de l’Iowa, KTIV Iowa News, a interviewé Ron Paul le 30 décembre 2011. (Sur DalyPaul.com le 1er janvier 2012.) L’une des questions posées reposait sur l’hypothèse, jusqu’il y a peu tenue comme grotesque, d’une victoire de Ron Paul dans l’élection présidentielle. Une question posée était de savoir ce que Ron Paul ferait en priorité en arrivant à la Maison-Blanche… (Adaptation du dialogue, les citations ne sont pas formelles.)

Ron Paul rectifie : “Votre question devrait plutôt être : qu’est-ce que je POURRAIS faire, compte tenu des contraintes diverses qui limitent l’action du président”. Puis il continue : “Compte tenu de toutes les contraintes, je ne pourrais guère agir d’une façon effective sur le plan intérieur dans un premier temps, et les premières mesures que je prendrais concerneraient donc la politique extérieure, là où le Président a le plus de pouvoirs. C’est là, d’abord, dans ce domaine que j’agirais… […] C’est pour cela que j’insiste en ce moment, dans ma campagne, sur la politique extérieure… […] En plus, mon programme répond au désir de nombreux démocrates…”

Ces propos s’attachent moins à une situation évidemment largement hypothétique, largement tenue pour impossible par une majorité de commentateurs, qu’à un jugement d’une situation qui a une valeur universelle. Il nous dit que Ron Paul, – et il a assez de sagesse et d’expérience, autant que de sincérité, pour qu’on accepte le caractère objectivement juste du jugement, – considère la situation intérieure de crise générale des USA comme extrêmement difficile à aborder, par n'importe président qui voudrait la réformer radicalement. (Par exemple, il ne met même pas comme première décision possible sa volonté de couper immédiatement $1.300 milliards dans le budget du gouvernement ; cette impossibilité du fait du Congrès essentiellement.) C’est une indication précieuse sur la profondeur de la crise et sur les barrières qui rendent son approche, dans un but d’affrontement radical des sources de ces crises, comme extrêmement difficile.

…C’est une indication, par conséquent, de l’importance fondamentale de rupture de la politique extérieure, pour tenter d’imposer un début de changement radical de la situation aux USA. Par conséquent encore, on comprend l’accent mis par Paul sur la politique extérieure, et sur le fait que cette politique extérieure est en train de devenir un débat central de la campagne électorale, – ce qui est soi une sorte de victoire de Paul, dont on voit qu’elle est en partie due aux circonstances. Cela implique également que la campagne de critique et de diffamation de contre Ron Paul va continuer à s’accroître jusqu’à devenir massive et hystérique, compte tenu de l’importance pour le Système du domaine de la politique extérieure (guerres, armements, expansionnisme).

On doit indiquer deux textes de Justin Raimondo sur cet aspect de la politique et de l’évolution de Paul sur cette question ; Raimondo, “pauliste” inconditionnel, est évidemment un spécialiste de la politique extérieure US. Son premier texte, du 30 décembre 2011, est une analyse en profondeur de la politique extérieure de Paul, et des arguments contre elle ; le deuxième, le 31 décembre 2011, complète le premier à partir d’une interview de Ron Paul dans USA Today. Cet extrait va dans le sens du constat que cette question de politique extérieure vient au centre du débat des présidentielles…

«This is the same argument I make in my Friday column on the subject of “Ron Paul and the Future of American Foreign Policy” — that Paul’s success has changed the discourse inside the GOP and the conservative movement, and transformed the political landscape. His Iowa surprise debunks the myth of a monolithic militaristic “conservatism,” which hasn’t been the case since the implosion of the Soviet empire — and really never was the case, since libertarians dissented early on from their conservative cousins’ enthusiasm for nuclear war with the commies.»

Pour rappeler une analogie qui est nécessairement dans tous les esprits lorsqu’on parle de Ron Paul, celle de Gorbatchev, souvent évoquée, d’une façon vaine et même sinistrement ironique, à propos d’Obama, il faut rappeler que ce grand réformateur devenu révolutionnaire et liquidateur de l’URSS et du communisme, s’il avait commencé après son arrivée au pouvoir (mars 1985) une action réformatrice personnelle très significative du point de vue psychologique, lança l’aspect spectaculaire de ses réformes, plutôt et toujours du domaine de la glasnost, par des initiatives de politique extérieure, notamment en proposant à Reagan une dénucléarisation totale au sommet d’Helsinki de 1986 ; un échec certes, mais qui n’en constitua pas moins une dynamique accélératrice vers le traité INF de décembre 1987 éliminant toutes les armes nucléaires de théâtre à moyenne et longue portée, des USA et de l’URSS.


Mis en ligne le 2 janvier 2012 à 06H36