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373En un sens, la chose se comprend ; dans le contexte, elle éveille les soupçons ; dans tous les cas, c’est un élément de confusion de plus, — lorsque Robert Gates, le secrétaire US à la défense, déclare qu’il se prépare “pour l’éventualité d’un échec” en Irak. Il s’agit de l’échec (éventuel) de l’offensive dite “Iraq surge”.
• C’est le Sunday Times d’aujourd’hui qui nous présente, d’ailleurs assez courtement, la nouvelle. Celle-ci est abordée en demi-teinte. Il est normal que Gates se prépare à toute éventualité ; à côté de cela on ne peut s’empêcher de penser que cela fait mauvais effet. Dans tous les cas, le fait pour un journal comme le Sunday Times, en général plutôt favorable à Washington, d’afficher cette nouvelle (en “manchette” sur son site), avec deux paragraphes à peine (ci-dessous) pour la justifier, en dit long sur l’état des esprits et les certitudes à peine censurées des inconscients.
«As America’s troop surge in Baghdad gathers force, Robert Gates, the defence secretary, is already planning for failure. If the battle for security in Iraq does not succeed, he has told Congress he is prepared to move troops “out of harm’s way”.
»Policy experts at the Pentagon are drawing up plans for a fresh change in strategy should it be required. “I would be irresponsible if I weren’t thinking about what the alternatives might be,” Gates said.»
• Assez curieusement, coïncidence ou signe des temps, cette annonce d’un Gates préparant l’impensable (selon Bush-Cheney) suit de peu un article de Sidney Blumenthal, déjà signalé par un lecteur le 9 février sur notre ‘Forum’ («Atmosphère de désastre»), sur Salon.com
«Deep within the bowels of the Pentagon, policy planners are conducting secret meetings to discuss what to do in the worst-case scenario in Iraq about a year from today if and when President Bush's escalation of more than 20,000 troops fails, a participant in those discussions told me. None of those who are taking part in these exercises, shielded from the public view and the immediate scrutiny of the White House, believes that the so-called surge will succeed. On the contrary, everyone thinks it will not only fail to achieve its aims but also accelerate instability by providing a glaring example of U.S. incapacity and incompetence.
»The profoundly pessimistic thinking that permeates the senior military and the intelligence community, however, is forbidden in the sanitized atmosphere of mind-cure boosterism that surrounds Bush. “He's tried this two times — it's failed twice,” Speaker of the House Nancy Pelosi said on Jan. 24 about the ‘surge’ tactic. “I asked him at the White House, ‘Mr. President, why do you think this time it's going to work?’ And he said, ‘Because I told them it had to.’” She repeated his words: “‘I told them that they had to.’ That was the end of it. That's the way it is.”»
(…)
»…Quietly and calmly, as the Republicans hype the “surge,” the war planners prepare for the worst.»
Effectivement, ces mesures de précaution, cette planification “pour le pire” n’ont rien d’exceptionnel ni d’alarmant, techniquement parlant. Mais nous serions plutôt d’humeur “psychologiquement parlant”. Cette perspective horrible de la défaite est complètement bannie du langage convenu et du conformisme des esprits en cours à Washington, et pourtant elle est dramatiquement crainte et perçue comme probable sinon inévitable dans tous les esprits (sauf ceux de Bush-Cheney). Ces annonces contribuent fortement à accroître encore la lourdeur du climat.
Mis en ligne le 11 février 2007 à 13H53