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20 janvier 2003 — Était-ce un test, ces manifestations du 18 janvier, précisément pour les USA où une réaction publique à la guerre constitue un fait politique de première importance ? Peut-être, peut-être pas. (On le dira plus tard, si elles provoquent un effet.) Dans tous les cas, elles sont un succès incontestables et la référence du grand mouvement anti-guerre des années 1960 n’est désormais plus déplacée.
Les points remarquables du week-end aux USA sont les suivants :
• La réussite de la manifestations de Washington (plus de 100.000 personnes, sans doute autour de 200.000, peut-être 250 .000 ;
• Réussite d’autant plus remarquable qu’il faisait très froide (entre - 4° et -10°), ce qui conduit à faire l’hypothèse d’une manifestation “réelle” d’autour de 500.000 personnes. En effet, il y a eu les circonstances particulières d’un mouvement de participants, certains ne passant qu’un moment dans la manifestation avant de rentrer chez eux (ou se réfugier dans un lieu chauffé) à cause du froid, ce qui pousse effectivement les organisateurs à parler d’une présence générale, à des moments différents, d’un total de 500.000.
• Une très grande manifestation avait lieu à San Francisco en même temps (entre 50.000 et 200.000 selon les estimations). Cette bipolarisation est inhabituelle et constitue une autre caractéristique remarquable et sans doute unique de la journée de samedi.
• Le soutien a été conséquent, venu d’organisations, de personnalités, etc. L’absence la plus notable est celle du monde politique, avec quasi pas d’hommes politiques de Washington. L’argument de l’“impopularité” du mouvement ne peut plus être avancé. Il y a effectivement, comme on le note par ailleurs, une rupture virtualiste totale entre Washington et le reste.)
• Enfin, parallèlement à ces manifestations et comme pour les appuyer, les nouvelles de la popularité de GW sont plutôt mauvaises, comme l’écrit ci-après le Guardian :
« While the rally was taking place, a new Time-CNN poll was released, showing the president's approval rating down to 53%, its lowest in any survey since September 11 2001, with barely half supporting his foreign policy and only 27% believing the economy will improve in the next 12 months. Traditionally, national pessimism dethrones presidents.
» On the Mall [in Washington] there was great pessimism about the future of mankind, but the optimism about the future of the cause was palpable. After a year of chuntering, the president's opponents have begun to find a means of expression. With the Democratic party still fearful of directly opposing Mr Bush, it is starting on the streets rather than inside the political system. »
C’est un événement assez curieux, ce week-end de succès des opposants. Avant lui, on savait peu de choses du mouvement anti-guerre US, de ce qu’il allait faire, le rôle qu’il pouvait jouer, etc. Après ce week-end, on sait que ce mouvement existe, qu’il est puissant, qu’il pourrait être fortement déstabilisant ; on ne sait pourtant toujours pas ce qu’il peut et va faire, quel va être son rôle, etc.
A côté de la confirmation de l’existence du mouvement anti-guerre, la confirmation de la non-existence radicale de tout relais politique pour ce mouvement est l’autre grande nouvelle. Les anti-guerre sont hors-système ; mais s’ils sont déjà près de 50% de la population ou représentent ces près de 50%, si demain ils sont plus de 50% de la population ou représentent ces plus de 50%, et s’ils restent encore hors-système ? « With the Democratic party still fearful of directly opposing Mr Bush, it is starting on the streets rather than inside the political system », écrit le Guardian ; mais si l’absence du parti démocrate se confirme, se poursuit et que la guerre éclate, si l’opposition s’affirme, voire se radicalise et s’il n’y a toujours pas de relais politique, que GW ne cède pas, si l’oppositon qui a commencé dans la rue se poursuit dans la rue ? Ce sera une situation inédite.