Six présidentiels

Six présidentiels

Mélenchon, c’est l’archéo-communisme c'est-à-dire le christianisme originel, le Verbe revenu sur terre, mais trop vite aspiré et qui regimbe... Ce christianisme originel toutefois s’est dépouillé de son aura religieuse, non en la méprisant, mais en en retenant seulement l’aspect le plus fondamental pour les hommes de chair, la CHARITE. Plus loin que le caritas latin, il nous mène par châris (χάρις) sur les traces de la grâce et de la beauté grecques. Ainsi notre artiste de l’art oratoire, par sa capacité à toucher le cœur, nous rend sensible à la beauté du geste fraternel qui, s’il ne crée pas une œuvre visible comme le fait tout artiste, crée dans l’intemporel de la relation humaine cette chose sans contour, sans couleur, sans sonorité, qui procure à l’âme sa plus haute récompense: le graal du Beau du Vrai et du Bien. Ceci d’autant mieux que le déficit religieux du tribun est comblé par un engagement qui se veut spirituel dans la maçonnerie, institution de chrétiens défroqués. Voyez sa signature où le L de Luc est barré comme un T, ce Tau qui fut son stipe. Vous l’aviez cru un moment sacrifié à Lyon? Erreur de vos sens abusés! Il marchait à Paris.

Hamon est moins épais humainement parlant. Mais Benoit est participe passé de benedictus, ce qui nous ramène en latinité et en église. Il se situe lui aussi en un christianisme français mais sur son versant catholique, c'est-à-dire charitable et athée. Lequel, prenant acte de la misère globale, se transforme benoitement en un saint Bernard et propose, recours ultime, une Caritas institutionnelle. Son passé de militant étudiant, puis de militant PS, puis de député européen, puis de secrétaire du parti, puis de professeur associé des universités (avec une seule licence d’histoire disent les jaloux) lui vaut les quolibets que les bonnes âmes assènent à tous ceux qui, à leurs yeux, sont toujours trop quelque chose et pas assez autre chose. Ami ou "complice" de Jean Luc Mélenchon en protestation et critique du PS, leur rapprochement devrait se faire en douceur et semble naturel sauf qu’en politique, comme disait l’ancien- président-ami-de-Bousquet, les ronds sont carrés et que  les querelles d’egos sont mortelles.

Macron, c’est le plus catholique des trois "ON", Hamon, Mélenchon, Macron, c’est aussi la génération IPhone passée moins par l’écran que par le sous-sol où se cachent les coffres-forts Rotschild où, dans l’intervalle, dans le rayon atomique de l’élément AU réside pour lui la seule réalité tangible. En contradiction avec sa morale catholique, il fit sien les conseils de son mentor pour admettre que les hommes vivant au dessus de ces coffres irradiés d’AU⁷⁹ ne sont que des phénomènes d’ajustement, des variables avariées. A peine enfant, avatar à la Crésus, Picsou de bazar, il s’assied sur son tas d’or comme Crésus sur son bucher mais par un sortilège inconnu s’avère incombustible. Son banquier, réincarnation sans doute du grand Roi Cyrus II qui le vainquit, l’adoube. C’est alors qu’il transmigre dans le corps de Tantale autre mangeur d’or. Ses manières de cannibale cuisinant son enfant en ragout pour l’offrir aux dieux de l’Olympe, le condamnent à brûler aux enfers c'est-à-dire être affligé d’une faim et d’une soif éternelles. Plongé dans l’eau jusqu’au menton, une branche chargée de fruits au dessus de sa tête il ne pouvait ni atteindre l’eau ni dévorer les fruits. En janvier 2015, il donne une interview au journal Les Échos, dans lequel il invite les jeunes Français à l’imiter! "Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires". Mais le mystère le plus épais est à chercher du côté de la Mère qu’il épouse sous l’apparence de madame Brigitte Trogneux de vingt quatre ans son ainée, sa prof de français au lycée jésuite "La Providence", à Amiens. Il a trente ans, elle cinquante, l’âge de Jocaste. Hier à son meeting à Lyon il donne sa conception des relations conjugales dopées par 2000 ans de christianisme en citant le Prince de Ligne. Ce dernier, au retour d’une glorieuse campagne militaire demande à son épouse bien aimée : – Femme, m’as-tu été fidèle? – Souvent, répond-elle. Brigitte, assise au premier rang a ri.

Fillon c’était la France qui avait été catholique pendant plus de mille ans. Catholique venu du latin catholicus recouvrait le mot Chrétien venu lui du grec krystos, (χριστός), ceci afin de se démarquer des protestants, deux partis qui s’évertuèrent à trahir le Christ jusqu’à l’apothéose de l’œcuménisme. La trahison institutionnalisée donnant bonne conscience, Fillon l’avait bonne. Il trouvait normal que son égérie émigrée de l’Albion protestante reçoive les émoluments dus à son rang à lui, Fillon. Le vrai catholique, un certain Poisson (ἰχθύς) restant lui dans la nasse. Dit autrement, Fillon était un machiste banal, un de ceux que la pensée straight n’avait pas encore cloué au pilori, mais bien éduqué, propre sur lui, calme, un homme que toute femme normalement féministe devrait haïr. Sa Pénélope, châtelaine confinée dans la "maison" de 3000 m², se tenait à l’ombre du grand mâle et lui avait offert cinq enfants mais… l’époque étant sans pitié, les écarts de salaire se creusant, François décida de lui accorder le statut officiel d’assistée parlementaire et de mère seule au foyer. Le grillon dudit foyer en était satisfait. Dépendre d’un homme (brillant), être entretenue, lui laisser le haut du pavé, n’est une situation intolérable que pour les Lauvergeon, Golda Meir, Benazir Bhutto ou autre Ségolène. L’épouse modèle accepta cette noble et transparente activité. Ainsi allait la France au rythme calme et doux du terroir de Sablé. Ainsi grandissaient les enfants au père sénateur, au père député, au père ministre. Mais il était dit que l’étoile de la Sarthe ne devait plus conduire à la crèche. L’Hérode de service veillait. Le massacre de l’innocent se préparait. Un papiste hostile à la Manif pour tous, remonté contre un président de la république qui, par "catholicisme", se dit réticent au magnifique avortement-libérateur-de-la-femme", se lâcha. Fillon était mort.

Asselineau est ce haut fonctionnaire reconverti en politique en créant son parti UPR en 2007. Issu de la haute administration il se fait croire qu’il a fait amende honorable de son statut de privilégié-sorti-des-grandes-écoles puisqu’il se dévoue à promouvoir le bonheur de tous les Français sans distinction de fortune ou d’opinions politiques. Il possède l’expérience et l’expertise que donnent la fréquentation des cabinets ministériels et des coulisses de l’état. Il est convaincu que seul celui qui a suivi ce dédale et en connaît les impasses est compétent pour diriger la France. Il est Thésée et Ariane, Dédale et Pasiphaé. Il vitupère Mélenchon, écrase Madame le Pen de son mépris, dénonce le rapt en cours de Macron, tient en maigre d’estime toute la race des socialistes traitres à la républicaine nation qui n’est toutefois pas celle de Méluche, ni de Marine, ni du Macron fils de sa mère mais de De Gaulle, ce qui est quand même une référence d’un autre niveau. L’homme est brillant, ses conférences témoignent à la fois de vastes connaissances et d’un talent pédagogique indiscutable. Il est un bon orateur, parle clair, bien qu’un peu froid. Il n’est pas ce tribun capable d’enflammer les foules qu’était un Jaurès passionné ou notre christique et mondialiste Mélenchon. Ses options sont loin d’être absurdes mais s’il propose la sortie de l’Europe, de l’Euro et de l’Otan, il ne fournit toutefois pas un échéancier raisonnable comme par exemple l’a établi Jacques Sapir. Il semble croire que tout ira de soi, que les Français auront courage et intelligence pour faire face à ce raz de marée que constituerait la sortie des traités européens. La France n’est pas l’Angleterre. Le drame étant qu’il entend faire tout cela seul. Il n’a, à ma connaissance, jamais proposé d’alliance à qui que ce soit. Est-il dans ce cas crédible? Serait-il poujadiste super intelligent ou lonesome cow boy faisant le jeu du Système comme ses ennemis le disent?

Marine Le Pen ne se présente pas. Si Macron a épousé sa mère et, comme Œdipe, profite de la sangsure du sang maternel, elle, elle a tué le Père ce qui est un exploit d’une autre force! Surtout celui-là… Avec Philippot elle a compris que les laissés pour compte du PC et du PS étaient à prendre. Elle s’y attelé avec conviction. Pour elle, la malédiction ressemble à celle d’Asselineau et de Mélenchon. Elle est seule et entend le rester, du moins tant que ceux qui sont à peu près sur la même ligne qu’elle, cessent de l’ostraciser pour xénophobie et racisme. L’Algérie et ses drames lui colle aux fesses. Son "racisme", celui que certains lui imputent, la dessert. Son allégeance à Israël, pour qui le racisme anti-arabe est une seconde nature en même temps qu’une première, ne lui a pas rapporté beaucoup d’aide en coups de Crif. Les puissants exigent la soumission et ne remercient jamais ceux qui plient le genou devant eux. Sa louange de Poutine la dope un peu, mais pas plus que ça. Son atout c’est le Brexit et c’est Trump dont elle espère qu’il inspirera la foule le 23 avril. Ses chances d’être au second tour ne sont pas nulles depuis que Fillon plonge. Mais après, il faudrait que 50,1% des français se décident en leur âme et conscience à lui confier le poste. C’est pas dit, mais pourquoi pas? Serait-elle plus maladroite que le sinistre poupon Hollande? Plus agitée et hystérique que Sarközy de Nagui Bocsa? Plus libérale que le fiston à Brigitte? Organiserait-elle des trains et des bateaux vers l’Algérie ou la Lybie pour préserver la Limpezia de sangre? Je pense que non. Mais cela suffirait-il pour être l’élue? Difficile à dire. Mélenchon serait-il meilleur? Sans doute, mais si elle, elle a très peu de chance de faire 50,1%, Mélenchon en a-t-il plus?

Tous les deux pourtant feraient une "Union Nationale" pas plus absurde que Hollande-Valls, Sarkozy-Fillon ou Macron-Brigitte Trogneux. Je crois même que la tension entre eux serait stimulante comme le fut le tandem Chirac-Jospin. Marine présidant, Méluche ministrant, Philippot le matois sévissant à l’Intérieur (ou à l’éducation nationale pour pas trop détruire le Grand Œuvre de Belkacem), Généreux générant la Nouvelle Economie, un X sortant d’Ena ou d’inspection des finances, budgétisant, Besancenot éduquant nationalement, le dessinateur Luz culturellement, afin que du "Je Suis" de Charlie rien ne se perde, un médecin de Civitas encadrant l’avortement et gérant la Santé histoire de faire rugir et rougir Rossignol, Montebourg justiciant, Hamon dressant un Plan quinquennal, pardon, je voulais dire Commissariant un 6^e Plan, etc. Une telle équipe serait-elle plus abracadrantesque que le gouvernement Valls II, ou l’équipe hétéroclite et folle de Trump qui veut dealer avec Poutine en laissant ses chars roder à ses frontières ou en menaçant ses alliés iraniens? Pour réformer ne faut-il pas de l’audace? "Qui ose gagne" est la devise du parachutiste. Ça tombe bien Marine est fille de para. Méluche on sait pas où il a fait son service. On me dit qu’il a été réformé pour mal audition et que ce mal, contrairement à l’aveugle de naissance que tout chrétien connait, ne se guérit pas avec un peu de terre mélangée à de la salive.

Marc Gébelin