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482La Bibliothèque de Babel depuis ses alvéoles nourries de minuscules lettres regorge du moindre au plus haut fil du récit. Pas un ne manquerait à la convocation du dernier compte.
Pas même l’inédit ?
Entre deux attaques, dans ce printemps ardent et virevoltant de mille révolutions, les jonquilles froncent le sourcil et grain à grain se roucoule la tendresse infinie pour le jour naissant. Se jouxtant comme aimantés, ils se frottent à leur rugosité quand une mousse légère ourle leur regard étoilé.
Ivres de ces réveils qui hurlent, ils dévalent depuis leur thé brûlant jusqu’à Syrte. Ils ont quitté l’attente et d’un jarret impatient poursuivent la rive sur son couchant.
L’autre se fiant à l’Un, d’un pas qui trace le chant augural, chacun livre sa fièvre à la vague puissante du prochain.
Leurs doigts entêtés fourragent dans les heures acides, écrivent la rotation des astres. Ils quêtent et signent qu’une porte s’ouvre dans le mur de la tyrannie.
Le Barbare de Syrte, agrippé à son rempart de sel, lance ses flammes depuis la grande gueule d’ENI qui mal y pense incrusté comme armoirie sur le Total emblème.
Les fraternels en grappes assoiffées de désert se font précéder de vols insectueux qui crachent l’abondance pléthorique de leurs pierrailles en escarboucle.
Eux qui avancent renversent les fronts et confondent les Sauveurs et leurs ruses.
Ils s’en revenaient de la Bactriane conter l’effroi et l’orgueil.
Ils bousculent bastions et fortins, accueillant l’alliance avec l’ennemi dandy, dindonnant le poitrail à découvert et l’empereur miniature. De l’est de la Cyrénaïque, étaient montés sur la décade en nombre les nettoyeurs rageurs de Babylone écartelée par les troupes de pillards.
Rassasiés de lumière bue aux coupoles charnues caressées de palmes, ils lutinent l’Ogre dressé face au Barbare.
Serti dans la roche, un nid aux croisées de labyrinthes.
Un scribe s’y est recroquevillé, et page après page, ses empreintes de dactylographe consignent un récit. La même phrase remise, de pauvres signes mime la relation d’une histoire insensée.
Quel vertige quand soudain éclatera le feu d’artifice que ne s’est pas encore écrite de destination finale à cette folle équipée, même si recouverte d’une bigarrure ripolinée en épopée.
Pas de Mektoub disponible sur les étagères de la bibliothèque maxima.
Et si l’embarquement se fit avec de vagues repères et quelques instruments de divertissement, un presque rien, pas de boussole pour cette mer de sable.
Nul ne sait à quel rythme battront les cymbales et quel air joueront les cuivres quand retomberont les poussières de Tripoli.
Badia Benjelloun