Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.
5903Avant-hier, nous présentions un texte de Lucien Cerise sur la “collapsologie cognitive”, concept nouveau pour nous qui nous parut aussitôt d’un très grand intérêt, surtout si on le lie à cet autre concept de “collapsologie psychologique”. Nous avons proposé de notre côté, à partir de ces modèles, les concepts plus clairement opérationnels d’“effondrement cognitif”, tout aussi lié puisque le second dépendant du premier d’“effondrement psychologique”.
Nous insistons sur cet aspect du choix d’un concept plus “opérationnel” parce que s’imposent à nous des exemples précis, en cours, mesurables, identifiables d’“effondrement cognitif”, dans le cours d’une situation politique plongée dans un immense désordre de communication qui parcourt le monde, à la veille d’élections présidentielles pour un cas particulier. On s’en doute, il s’agit de la situation cognitive des citoyens US, rendue par un article-enquête du New York Times – sans que la “Grey Lady” ne se reconnaisse aucune responsabilité dans cet “effondrement cognitif”, – et article présenté et commenté par ZeroHedge.com hier 19 novembre. C’est cet article que nous mettons en ligne directement après notre commentaire, laissé dans un anglo-américain aisément compréhensible.
La désordre de la communication, qui a atteint le degré d’un tourbillon crisique incontrôlable pour nous en 2014, à l’occasion de la crise ukrainienne où furent déployées desnarrative d’une extraordinaire impudence faussaire par rapports aux faits de la réalité, qui conduisirent à l’engrenage du déterminisme-narrativiste organisant l’entropisation de la réalité, est désormais une extraordinaire “réalité” de la non-perception de la réalité, ou désintégration entropique de la réalité pour les capacités cognitives des citoyens courants.
Cela se traduit en chiffres statistiques non moins extraordinaires, qui donnent en même temps l’image des situations politiques de tension et affrontements. Par exemple, Gallup, qui rappelle qu’à la fin des années 1970, 73% des citoyens US faisaient confiance aux grands réseaux (écrits, radios et TV) de ce que nous nommons presseSystème ; aujourd’hui, le chiffre est de largement moins de 50%, c’est-à-dire 41%. Qui plus est, et c’est un point essentiel qui donne l’état réel d’entropisation de la réalité objective dans la perception des gens, et donc le degré d’effondrement cognitif, la confiance générale de 41% est extraordinairement partagée selon les tendances politiques impliquant que cette source (la grande presse devenue presseSystème) que 73% jugeaient objectivement crédible en 1978 est aujourd’hui acceptée comme crédibles par une catégorie de citoyens non pas au nom de l’objectivité, mais au nom du parti et de l’opinion qu’elle défend, et à l’inverse dénoncée pour la même raison par les citoyens des autres partis. Ainsi, 69% des démocrates interrogées font confiance à la presseSystème qui est pro-démocrate quasi-unanimement, contre 36% des indépendants et un minuscule 15% des républicains.
Ce sont des chiffres d’une discorde civile sans précédent, où le public abandonne les faits qu’il est devenu impossible d’identifier, pour les seules opinions non étayées par les faits. « Dans l'espace politique, il n'est plus nécessaire d'avoir des faits pour étayer ses affirmations, explique Talia Stroud, directrice du Center for Media Engagement de l'Université du Texas. Le résultat est une population à la limite du cynisme, où les gens négligent tout ce qui va à l'encontre de leurs opinions. »
Plus encore, on pourrait parler d’une “solitude cognitive” dans la mesure où le citoyen est enfermé dans une opinion qu’il ne peut confronter à l’épreuve des faits, ce qui à la longue, dans une environnement où il n’ignore pas que la diversité des opinions et des faits existe, peut entraîner même le doute à propos de ses propres opinions et l’isoler complètement, c’est-à-dire jusqu’à une sorte de nihilisme cognitif, ou nihilisme d’opinion, c’est-à-dire à une sorte d’irrémédiable tendance à ne plus croire à rien. Le NYT cite un monsieur Matt Stanley, administrateur d’une école et démocrate inscrit pour les élections dans son parti, qui ajoute la question des réseaux sociaux à celle de la presseSystème et institutionnalisée : « Les médias sociaux, ça embrouille tellement les choses. Il y a tellement d'informations qui sont biaisées que personne ne croit plus à rien. Il y a tant de choses que vous ne savez plus quoi croire, alors c'est comme s'il n’y avait rien. »
C’est une situation singulière, qui n’aboutit nullement à ce que l’on craint en général, à ce que dénoncent les antiSystème si prompts à prêter à leurs adversaires une puissance qu’ils n’ont en général pas. L’on n’est pas intoxiqué par “un parti”, par “le gouvernement”, par le “Corporate Power”, par le DeepState,d’autant plus que ces diverses forces sont en général d’une très grande stupidité dans leurs agissements et leurs choix (Cerise : « Les capacités intellectuelles de la population sont en chute libre, y compris dans les plus hautes sphères ésotériques du pouvoir, qui n’est pas une oligarchie mais une idiocratie, composée de crétins incapables de comprendre que leur gouvernance par le chaos (Ordo Ab Chao) est mauvaise aussi pour eux. Le pouvoir passe son temps à fragmenter la société, mais lui-même perd son unité et se décompose... »)
Cette situation de solitude cognitive et de nihilisme d’opinion n’implique nullement la paralysie, l’impuissance, l’absence d’expression (“démocratique”, si ce mot obscène a encore un sens), ni nécessairement l’abstention car il existe de très forts sentiments de colère et de revendications qui poussent à l’action. De façon très différente, on aurait alors une extrême instabilité des positions et, au-delà, des choix qui peuvent répondre à des concepts d’action et d’influence, à des impressions, des perceptions symboliques dépassant l’aspect rationnel, hors du champ électoral proprement dit, délimité par les les programmes des candidats. D’une certaine façon, on a déjà vu l’amorce de ce phénomène aux USA en 1976, tel que l’avait justement défini Michael Moore, – pourtant adversaire de Trump, – lorsqu’il définissait le candidat Trump comme un “cocktail Molotov humain” : « Au cours de son interview, Moore a déclaré que les Américains considèrent Trump comme un “cocktail Molotov humain”. Dans tout le Midwest, dans la Rustbelt, je comprends pourquoi beaucoup de gens sont en colère... Et ils voient Donald Trump comme leur cocktail Molotov humain qu’ils ont le pouvoir d’aller l’enflammer dans l’isoloir le 8 novembre et de le jeter sur notre système politique.” “Je pense qu’ils adorent l'idée de faire sauter le système.” »
Le texte concernant les USA, les réflexions concernent les échéances électorales USA, – ce qui se justifie d’autant plus qu’elles sont très proches et très pressantes. Mais il semble assuré que ce phénomène doive toucher la plupart des pays, exactement comme les violences populaires pour des sujets futiles, dans des sens très différents, frappent aujourd’hui une multitude de pays.
Ce dont nous parlons n’a finalement pas seulement à voir avec une situation spécifique (celle des USA) mais bien avec situation globale, par rapport au Système. Contrairement aux analyses courantes concernant l’emprisonnement du citoyen dans un monde orwellien, aux encadrements d’influence, aux manipulations des masses, on se trouve au contraire dans une situation de complet désordre par la multitude de sources, l’usage extraordinaire de narrative, l’emploi subversif souvent par inversion de concepts tels que FakeNews, les manipulation des sondages, etc. Tout cela débouche du côté des autorités-Système sur une situation exactement contraire à l’encadrement et au contrôle stricts, de la part d’organisations, de Google à la NSA, qui barbotent dans leurs milliards de données pseudo-individuelles dont ils ne savent que faire, d’abord par incapacités d’en user sélectivement, à “bon” escient selon leurs pseudo-choix politiques, etc. Exactement comme nos dirigeants forment une “idiocratie” qui accouchent d’une politique de chaos qui touche d’abord leurs propres organisations, la solitudes et l’entropie cognitive touchent également les grandes organisations de contrôle de masses..
Ce à quoi tout cela va nous mener est une vaste et singulière question. Le jugement rationnel est bien entendu totalement impuissant à avancer même l’esquisse d’une réponse, lui qui annonce depuis des décennies le contraire de ce qui se passe.
_________________________
After three years of fake news, fake polls and fake outrage, Americans trying to keep up with the constant barrage of political drama are 'numb and disoriented,' and people are tuning outaccording to the New York Times.
“In upstate New York, Travis Trudell got an alert on his phone Wednesday morning telling him the impeachment hearings had started. He turned on Disney Plus instead. In Wisconsin, Jerre Corrigan never considered watching. She spent the day giving a math lesson to third graders. In Idaho, Russell Memory worked a busy day as a computer programmer and figured he’d catch up in a few weeks when the hearings were over.”-NYT
"It’s harder now — they want to grab you with those headlines," said Jerre Corrigan of Stevens Point, Wisconsin. "Trump did this, Trump did that. You have to go in and really research it. And I don’t think a lot of people do that."
Meanwhile, the MSM [MainStreetMedia, ou presse System]has thoroughly discredited itself after staking their reputation that Trump would surely lose the 2016 election, then promising he'd go down for colluding with Russia, and now - promoting Democrats' impeachment scheme like willing lapdogs without asking critical questions about Joe Biden and his son Hunter that even the Obama State Department raised in 2015.
"I just don’t know what to think. You would have to know the facts, and I don’t know that I’m getting the facts from the media right now," said Corrigan.
And according to a recent poll cited by the New York Times, 47% of Americans believe it's difficult to identify truthful news.
”Just 31 percent find it easy. About 60 percent of Americans say they regularly see conflicting reports about the same set of facts from different sources, according to the poll, by The Associated Press-NORC Center for Public Affairs Research and USAFacts.
“Now more than ever, the lines between fact-based reporting and opinionated commentary seem blurred for people,” said Evette Alexander, research director at the Knight Foundation, which funds journalism and research. “That means they trust what they are seeing less. They are feeling less informed.” -NYT
Travis Trudell, a registered independent mentioned at the top of the story, told the Times he stopped paying attention to national news around a year ago - finding it toxic and mentally taxing, in addition to starting seemingly endless arguments at home. Instead, he focuses on local and state-level politics.
"People can see totally different things, standing right next to each other," said Trudell. "Yes, there are shades of gray, but what about black and white? We assume that everything is a shade of gray now."
The Times then segues into the impact of "powerful new digital forces buffeting American voters" through deception.
“Matt Stanley, a school administrator and registered Democrat in Crum, W.Va., watched as his candidate for Congress in the midterms last year, Richard Ojeda, lost badly. The result, Mr. Stanley believes, was at least partly related to a stream of negative ads on Facebook featuring doctored photographs aimed at discrediting Mr. Ojeda, including one depicting him in makeup and a pink beret.
”But the most corrosive part came later, Mr. Stanley said. It was not that people believed wrong things that they saw online, but that they stopped believing right things — or anything at all. That made him afraid for the future. How do you have a society without shared reference points, he said Thursday.”-NYT
"The social media, it muddies up stuff so badly," said the 50-year-old Stanley. "There’s so much information that’s biased, that no one believes anything. There is so much out there and you don’t know what to believe, so it’s like there is nothing."
Meanwhile, the sheer volume of news is causing information overload and mental fatigue.
"There are certain programs, with their disdain for Trump, it just becomes the Trump-bashing show," said 55-year-old Detroit translator Els Ruijter, a left-leaning independent. "It’s like eating French fries. It goes down nicely, but it gives me a little indigestion afterward."
"It’s a freaking day job nowadays to keep up with stuff," she added.
"In the political space, you no longer have to have facts to back up your claims," said University of Texas director for the Center for Media Engagement, Talia Stroud. "The result is a population bordering on cynicism, where people discount everything that’s opposed to their views."
“The degree of alienation is new. In the late 1970s, nearly three quarters of Americans trusted newspapers, radio and television. Walter Cronkite read the news every night, and most Americans went to bed with the same set of facts, even if they had different political views. These days, less than half of Americans have confidence in the media, according to Gallup.
“The decline in confidence is particularly pronounced by party. Today about 69 percent of Democrats have a great deal of confidence in the media, compared to just 15 percent of Republicans and 36 percent of independents, according to Gallup. -NYT
Who could have predicted that years of fake news, failed proclamations, and overt partisanship would cause rational minds to recoil.
Forum — Charger les commentaires