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26218 décembre 2014 – D’abord, pour nous rafraîchir la mémoire, il y a ce texte d’un juif sioniste, Israélien d’origine ukrainienne dont l’essentiel de sa famille fut massacré pendant la guerre, qui a voulu aller voir sur place, en Ukraine, ce qu’il en était de ce fameux “nazisme ukrainien” sur lequel le bloc BAO, avec un ensemble touchant (“ils parlent en bloc”, dit Lavrov), professe un silence quasi-religieux. Arcady Molev, lui aussi, jugeait les dénonciations russes pour le moins exagérées, et plus certainement comme de la propagande pure et simple. Molev n’aime pas Poutine, il dénonce le régime actuel en Russie, comme le montrent des articles qu’il a publiés. Il a voyagé en Ukraine, du 26 au 29 septembre. Dans son compte-rendu que reprend Russia Insider le 6 décembre 2014, Molev nous rapporte l’épisode de sa visite à Lviv, la grande ville de l’Ukraine occidentale. Il raconte ce qu’il y vit, un immense mémorial à la gloire de Stepan Bandera et de son groupe paramilitaire UPA, des inscriptions sur les murs, des librairies qui mettent en évidence la littérature ultranationaliste et bandériste, avec Mein Kampf bien en évidence, etc... D’où sa conclusion :
«As an Israeli, I have a question to my government, to the Jerusalem Museum, to the Wiesenthal’s Center. You who chase the Nazi criminals all over the world… how can you miss the Lviv Nazi Renaissance? Why do I pay taxes? Don’t you know who Bandera and UPA are? Why didn’t you scream about it all over the world, why didn’t you require the boycott of Ukraine?
»In the year 2000, you recalled our Austrian ambassador, only because some neo Nazi came to power in one region and said that under Hitler it was easier to get a job than under current government. He didn’t erect a 20 meter sculpture to Herring. Didn’t call SS people heroes... And yet, we forced this governor to quit politics. Why are we so blind toward the events in Ukraine? Let me say something heretical here. Maybe for the members of Israeli Establishment, for all these Holocaust officials – all this Holocaust business is just that – profitable business... Maybe the Ukrainian Banderites are good partners, they want to join EU and NATO, they are against Russia. To fight with them means to fight with America. And that’s why their fascism has to be ignored? If that’s the case, I hate you.
»I am convinced that morality should be above politics. No political dividends justify the pact with the Devil. I love my land, my people, my Israel. And this week, when I am in Jerusalem, I will go to Yad Vashem and present them with Mein Kampf and the pictures and the souvenirs from Lviv. And I’ll ask them why are they silent. I have to do it for my people...» (1)
On ne débattra pas ici du contenu de cet article, de la visite de Lviv, des sentiments de Molev, des débats historiques sur Bandera et l’UPA, etc. Ce n’est pas notre propos, puisque notre propos est essentiellement à ce point de signaler cette évidence de la réalité de ce qu’on peut désigner comme le “nazisme ukrainien” face au silence, ou au mieux (ou au pire), à la dénégation des élites-Système et de la presse-Système devant ce qui est un fait avéré. On connaît notre propre sentiment (voir par exemple le 3 octobre 2014 et le 24 novembre 2014) devant cette situation qui sacrifie le principal fondement symbolique de la “métaphysique-simulacre” de ce même bloc BAO au soutien à l’Ukraine-Kiev. Il nous paraît intéressant de chercher plus avant pour tenter de trouver une explication plus satisfaisante que le seul argument de l’opportunité politique ; ce thème de l'opportunité politique nous paraît en effet insuffisante, devant le poids et la puissance de ce qui est ainsi sacrifié, et le risque quasiment métaphysique, justement, qui accompagne l’acte.
Pour nourrir ce dossier, nous pouvons nous reporter à une émission de Russia Today qui analysait l’événement du “fameux” vote de l’Assemblée des Nations-Unies sur une résolution condamnant la glorification du nazisme (Canada, Ukraine et USA ayant voté contre, 55 pays s’étant abstenus dont les 27 de l’Europe de l’UE, – voir à nouveau le 24 novembre 2014), – événement symbolique significatif sur lequel, également, les élites-Système et la presse-Système ont opposé leur arme principale, – le silence. Le 26 novembre 2014 était diffusée une émission du programme CrossTalks de RT consacré à cette question du nazisme ukrainien (sous le titre «Whitewashing Fascism»). L’émission de Peter Lavelle est la plus populaire du programme de RT. Elle présente nombre de commentateurs et d’auteurs en général antiSystème mais d’une notoriété affirmée, et les thèmes qui y sont abordés sont le plus souvent d’ordre général et concernant les relations internationales dans un sens large mais, bien sûr, tout aussi largement antiSystème. La question du “nazisme ukrainien” pouvait, de ce point de vue, sortir de la seule catégorie des événements en cours ; d’un autre côté, son traitement était indirectement mais puissamment justifié par le vote de l’Assemblée Générale l’ONU.
On voit, par ces différents points de vue, l’ambiguïté extrême de cette question du “nazisme ukrainien”, où la force du symbole et la bataille de la communication jouent un rôle considérable. Plus encore, il y a cette dimension déjà rappelée de la “métaphysique-simulacre” du Système qui est en jeu (encore notre texte F&C du 3 octobre 2014). Ce caractère très spécifique du sujet choisi rendait encore plus inhabituelle et intéressante l’émission de Peter Lavelle, qui avait comme interlocuteur Dimitri Babich à Moscou, Nebojsa Malic à Washington et Alexander Mercouris à Londres.
Nous notons certains aspects des interventions des trois invités à partir des remarques introductives de Lavelle avouant son incompréhension devant les prises de position officiellement actées à l’ONU sur une question aussi symboliquement délicate, pour une résolution où pas une fois le nom de l’Ukraine n’est mentionné pour en rester à des recommandations d’ordre général sur une approche complètement symbolique du sujet. D’autre part, Lavelle confirma l’absence presque complète du contenu de la presse-Système de cette résolution et des différents votes, sur un sujet où cette même presse-Système est en général d’une sensibilité d’écorché vif puisqu'il s'agit du domaine du nazisme.
• C’est Mercouris qui fit le constat, avec preuve par le “nazisme ukrainien”, qu’aujourd’hui l’antirussisme passait toute autre obligation et faisait pardonner ou, plus facilement, ignorer tout de ce qui aurait été considéré en d’autres cas comme des prise de position et des situations inacceptables. Cette remarque est assez juste et elle nous paraît faire le constat d’une situation assez nouvelle. L’antirussisme n’était pas, il y a dix ans, six ans ni même deux ans, une référence de rejet de cette sorte ; il est devenu à cet égard, dans le code de conduite générale du bloc BAO, la référence absolue de rejet. (... Alors qu’on devrait considérer, selon la “métaphysique-simulacre” mentionnée plus haut, que le nazisme tenait symboliquement et d’une façon inexpugnable cette place.)
• Babich a fait remarquer que nazisme et antinazisme dépendaient de perceptions différentes selon qu’on les considérât de l’Ouest (Europe occidentale, partie intégrante du bloc BAO) ou de l’Est (Europe de l’Est anciennement communiste, Russie). Ainsi, les collaborateurs du nazisme à l’Ouest, pendant la guerre, tinrent une position de principe et d’intérêt à l’intérieur de leurs pays, sans s’impliquer directement dans les aventures nazies (sauf le cas spécifique des unités nationales type LVF en France et divisions SS non-allemandes). Par contre, les collaborateurs du nazisme à l’Est, d’ailleurs parfois pour des raisons de circonstance à considérer (leur opposition au communisme), tinrent très souvent un rôle opérationnel actif, allant jusqu’à des circonstances où ils devancèrent les nazis dans des opérations d’extermination.
• De même y a-t-il une perception différente du nazisme entre Ouest et Est. A l’Ouest, le nazisme est identifié dans son aspect destructeur et maléfique quasi-exclusivement dans le chef de son antisémite. Pour la perception à l’Est, il n’est pas seulement antisémite, il est suprémaciste en affirmant une supériorité raciale et l’infériorité de toutes les autres races, ce suprémacisme englobant alors l’antisémitisme. Cela explique que le Russe, considéré comme un “sous-homme” par les Nazis, se juge aussi menacé par le nazisme que le juif.
Ce dernier point nous arrête parce qu’il est essentiel ... Pour nous, le suprémacisme est une attitude à la fois idéologique sinon caricaturalement métaphysique, une attitude intellectuelle impliquant dans le même ordre d’idée une conception du monde, avec un apport psychologique à mesure sans aucun doute, une conception éventuellement raciale mais pas seulement puisque pouvant être également économique et culturelle, avec la politique qui s’ensuit marquée par des excès proprement extraordinaires dans le chef de la logique de l’anéantissement des autres. On voit bien que, dans ce rangement, le racisme n’occupe nullement une place centrale, ni un statut absolu. Notre appréciation a toujours été que le racisme est une situation indirecte, dépendant d’autres facteurs (économiques, politiques, psychologiques), au contraire du suprématisme qui est effectivement une conception qui affirme absolument et au-dessus de tout une supériorité donnée. Le racisme est un concept relatif, changeant, amendable, souvent déterminé selon des facteurs extérieurs à lui ; le suprématisme est un concept absolu, qui ne souffre ni dérogation, ni intrusion quelconque d’une donnée extérieure. Le premier peut conduire à des incidents ou à des crises graves, le second conduit à une logique de l’anéantissement ou, pour employer nos références, à une logique de la déstructuration, de le dissolution jusqu’à l’entropisation (processus dd&e).
Nous avons beaucoup parlé de cette différenciation qui nous semble absolument primordiale. Le suprémacisme anglo-saxon, ou américaniste (qui porte également, dans ce cas, le nom pompeux et plein d’arrogance satisfaite d’“exceptionnalisme”) est, aujourd’hui, ce qui nous occupe le plus dans ce domaine. On sait que nous marions ce suprémacisme avec le système du technologisme, dont le complexe militaro-industriel (US) est l’une des formes les plus puissantes et les mieux organisées, et dont les rapports avec le nazisme sont connus et largement documentés (voir, par exemple, le 26 janvier 2003 et le 19 août 2010).
Nous avons déjà largement exploré ce domaine qui nous paraît essentiel, du suprémacisme de notre contre-civilisation née du “déchaînement de la Matière”. Il est absolument dans la logique de cette hypothèse métahistorique qui est la référence fondamentale de tout notre travail, et il nous paraît que les divers classements idéologiques courants (“fascisme”, “nazisme”, “racisme”, “libéralisme”, etc.), même s’ils renvoient à des épisodes historiques réels ou à des tendances historiques effectives, brouillent aujourd’hui complètement la vérité métahistorique que le suprémacisme, par contre, exprime absolument. Ils sont d’ailleurs maintenus et toujours employés, ces classements, nous en sommes convaincus, pour effectivement brouiller cette vérité métahistorique, et le produit en général de ce que nous nommons la raison-subvertie.
Différents textes ont déjà abordé cette question du suprématisme du bloc BAO dans le contexte de la crise ukrainienne, notamment le 26 février 2014 et le 28 juin 2014. Ci-dessous, nous donnons deux extraits d’autres textes également consacrés à cette question du suprémacisme considéré de façon plus large et plus haute, avec notamment référence à Arnold Toynbee, de façon à bien fixer, en les rappelant, la notion de suprématisme, parfois appelé lorsque le speechwriter de Obama-Sain met des gants beurre frais, “exceptionnalisme”...
• Premier extrait, du texte du 15 octobre 2013, avec une approche générale... «La notion de “racisme anglo-saxon” avancée par Toynbee doit être appréciée avec une extrême attention. Pour nous, les Anglo-Saxons ne sont pas racistes, ils sont suprémacistes, le suprémacisme n’étant pas une catégorie du racisme, mais un caractère en soi... Pour nous, le racisme se définit par rapport aux autres, de diverses façons, dans un univers relatif et circonstanciel ; le suprémacisme se définit par rapport à soi, et à soi seul à l’exclusion du reste, comme un caractère identitaire dans un univers absolu. (Le racisme ne conduit pas nécessairement à l’oppression et il peut changer, évoluer, éventuellement disparaître ; le suprémacisme ne peut évoluer par définition et conduit nécessairement à l’oppression.) L’anglosaxonisme, ou panaméricanisme, est suprémaciste, comme le fut le pangermanisme et son rejeton catastrophique que fut le nazisme. (Le même avertissement que dans le point précédent peut être repris pour ce point : “Tout cela selon des jugements métahistoriques objectifs, en écartant la question de la valeur morale des deux termes considérés, valeurs de toutes les façons manipulée à son avantage par le Système... Il n’y a pas de condamnation plus forte du racisme au nom des valeurs morales qu’à l’intérieur du Système, ces mêmes valeurs morales justifiant par contre le suprémacisme occidental, ou ‘anglosaxonisation’/américanisation”.)»
• Second extrait, d’un texte du 4 juin 2014, où la notion de suprémacisme est reprise pour une nouvelle exploration, cette fois par rapport aux usual suspects, principalement l’UE ayant emprunté la même voie que les USA, qui porte aussi et là encore le nom pompeux d’exceptionnalisme... «Ainsi parlons-nous d’exceptionnalisme, et encore plus de suprémacisme, en observant que l’UE, et donc les pays européens, ont endossé cette dialectique prédatrice caractérisant aujourd’hui l’Occident dans son entier, sous l’habit du bloc BAO en mode de surpuissance-autodestruction. On pourrait dire que le suprémacisme est au racisme, dans l’échelle des délits éventuels, ce que l’assassinat prémédité systématique est à un homicide involontaire accidentel, pour ce qui est de l’intensité et de l’orientation de la psychologie gouvernant l’attitude qui en résulte. L’exceptionnalisme-suprémacisme a complètement envahi l’UE, à visage découvert, véritablement comme une doctrine active de fonctionnement, dans tous les cas depuis le coup de force de novembre 2013 (négociations avec l’Ukraine). Ce qui était sur le moment le simple résultat d’une mécanique bureaucratique est devenue une sorte de doctrine activiste, fondée sur l’affirmation d’une sorte de supériorité morale, psychologique et technologique comme un équivalent postmoderniste à la supériorité raciale et ethnique des suprématismes des XIXème-XXème siècles. Il s’agit du plus récent avatar de l’extension du concept d’“occidentalisation” (que nous nommons plutôt “anglosaxonisation”) identifié par le philosophe de l’histoire et historien des civilisations Arnold Toynbee après 1945, qui s’est très fortement sophistiqué au niveau de la de la communication et de la perception que ceux qui l’éprouvent en ont, jusqu’à changer de nature pour devenir l’actuel et postmoderne exceptionnalisme-suprématisme...»
Ces deux dernières années, culminant avec l’Ukraine, s’est développée la thèse d’une “collusion tactique” entre le libéralisme et le fascisme/nazisme dans des occurrences telles que les “révolutions de couleur”, et bien entendu l’Ukraine qui représente une “révolution de couleur” transformée en un processus violent de prise de pouvoir par la coercition, éclairant d’autant plus l’illégalité du processus, par son viol du principe de la souveraineté. (Il serait temps que les excellences qui prétendent nous gouverner comprennent que la souveraineté, qui est un principe qui n’a aucune nécessité géographique, n’a aucun rapport obligé avec l’intangibilité des frontières, comme le montre l’action magistrale de Talleyrand au Congrès de Vienne en 1814-1815. Cette idée serait utile pour l’argumentation du bloc BAO contre la Russie, où tout cela est mélangé dans un désordre qui en dit long sur la fermeté des esprits servis par une psychologie à la faiblesse extraordinaire.) Dans ce cas évoqué de la “collusion tactique” dite également “orange-brune” pour mettre la touche de romantisme de la “révolution orange” d’Ukraine, soi-disant libérale, en 2004, la partie extrémiste (fascisme/nazisme) était considérée comme une sorte de “masse de manœuvre” faite d’“idiots utiles”, au service du libéralisme prédateur et gourmand de regime change.
Nous n’appréhendons nullement la situation en ces termes, beaucoup trop idéologisés pour notre compte, et donc comptable d’innombrables déformations d’interprétation et de conception, au gré des propres engagements idéologiques de ceux qui en jugent. Nous nous référons plutôt, on l’a compris, à l’hypothèse du suprémacisme, qui est par sa nature même déstructurant et dissolvant des “autres“, jusqu’à l’entropisation que constituerait leur anéantissement, parce que ces “autres” sont nécessairement condamnés par la logique poussée à son extrême du concept même de suprématie. Dans ce cas, nous voyons bien que la mouvement du bloc BAO, essentiellement opérationnalisé par les USA, retrouve une ancienne connivence avec le nazisme déjà visible dans le cas du CMI des USA durant la période des années 1940, qui répond par ailleurs à notre thèse sur le “déchaînement de a Matière ” et l’“idéal de puissance” où le mouvement pangermaniste conduisit de la deuxième moitié du XIXème siècle jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale la dynamique avant de le céder au panaméricanisme qui est une version modernisée (ou postmodernisée, comme on dit “postsynchronisée”) de l’anglosaxonisme, de même substance même si le second (le panaméricanisme) liquida le premier (le pangermanisme) comme un grand groupe du corporate power liquide un concurrent pour le monopole du même marché... Nous restons entre suprématistes, qui se retrouvent en Ukraine un gros demi-siècle plus tard, avec le même but : la bataille contre les “sous-hommes”, comme dit l’idéologie, et plus spécifiquement pour le cas la bataille pour l’élimination du “sous-homme” russe, le fameux Untermensch des nazis. (Seule diffère la méthode, l’extrême violence pour les nazis, la violence indirecte mais non moins extrême sur le terme pour les soi-disant “libéraux” avec des résultats qui ne le cèdent pas à la première formule, sinon la surpassent... Encore que, en Ukraine, on pourrait croire, à voir la façon dont fut menée la campagne contre la Novorussia, que tout le monde admet pour l’occasion, ou finit par reconnaître la vertu expéditive de la méthode nazie, – car le temps presse.)
Qui plus est, pour nous cette hypothèse suprématiste, cette thèse même, va au cœur des choses. Elle est non seulement utilitariste et opérationnelle, elle est également et décisivement conceptuelle et substantielle. Dans sa version pseudo-libérale, elle proclame l’anéantissement, en commençant par la déstructuration et la dissolution (la dérégulation, en langage de la globalisation), non comme un moyen, comme un outil, mais bien comme un but en soi. Le suprématisme est de ce point de vue, et comme nous l’identifions, intrinsèquement pervers et maléfique, sinon satanique si l’on veut un qualificatif plus imagé. Bien entendu, il ne concerne pas une seule catégorie, une seule “race”, etc., – il concerne une conception même du monde, où l’Occident (le bloc BAO) s’est engagé sous l’impulsion terrible du Système, d’une façon ou d’une autre, avec entrain ou sous la contrainte. Dans ce cas, notre intuition centrale du “déchaînement de la Matière” est une sauvegarde de nous-mêmes, en retrouvant notre conception qui évite la culpabilité suprême puisque dans ce cas le sapiens succombe simplement par faiblesse de la psychologie à la proximité du Mal...
Mais surtout, pour ce propos, l’intérêt de cette hypothèse est également, – et fondamentalement, – de conduire à l’identification de l’adversaire, du seul adversaire possible de cette dynamique suprématiste. Une seule force peut opposer une résistance décidée et acharnée, sinon décisive, parce qu’elle retourne (“faire aïkido”) naturellement, puisque constituée par leur contraire, les armes du processus “dd&e” contre la dynamique suprématiste, – dito le Système. Au niveau politique comme au niveau métahistorique, il ne s’agit de rien moins que le souverainisme, qu’on retrouve aussi bien chez un de Gaulle que chez un Poutine, qui est fondamentalement structurant et complètement principiel si on le considère d’un point de vue métahistorique. Sur le souverainisme, qui renvoie aussi bien à la souveraineté pour son contenu qu’à la légitimité pour sa forme même, nous ne pouvons que réitérer ce que nous écrivions le 4 juin 2013 à propos d’un commentaires des époux Leverett sur l’Iran, – où l’on voit que les concepts embrassent, explicitent et mettent à nu toutes les crises en cours selon les mêmes références : l’équation “suprémacisme versus souverainisme” a pour elle l’avantage de l’universalité, par conséquent l’effet infiniment vertueux de dissiper tous les faux-semblants, faux-nez, etc., qui servent bien sûr de couverture aux suprémacistes mais aussi à nombre de leurs adversaires qui aimeraient protéger leur propre idéologie en réduisant le concept de suprématisme au “racisme” qui satisfait tout le monde en procurant une belle unanimité de dénonciation . (On ajoutera une ironie que certains sont invités à gouter : selon ce rangement, le souverainisme est la seule tendance conceptuelle forte qui soit, par sa nature évidente et son opérationnalité inévitable, absolument antiraciste.)... Le texte cité avait évidemment comme titre «Considérations sur la souveraineté».
«En vérité, l’exposition que font les Leverett des cas iranien et israélo-américaniste n’a pas besoin de “narrative”. La chose parle d’elle-même, là aussi, et elle est intéressante parce qu’elle n’est pas connue, parce que, justement, les Iraniens n’ont pas de “narrative”. Ils présentent naturellement, selon des comportements et des réflexes qui renvoient à des antécédents historiques fondamentaux, une politique extérieure principielle, donc respectueuse du principe de la souveraineté selon, par exemple, la définition qu’en faisait Talleyrand (voir le 16 août 2007, sur la légitimité qui induit la souveraineté, définie par Talleyrand) : principe qu’on veut respecter pour soi-même, et qu’on respecte nécessairement chez les autres pour ne pas le détruire ; il s’ensuit nécessairement une politique d’équilibre entre les nations et les forces qu’elles représentent. (C’était évidemment le cas de l’axe fondamental du gaullisme : affirmer le principe de souveraineté [d’indépendance] pour soi, donc l’affirmer et le respecter également pour les autres pour ne pas le vider de sa substance.) L’appréciation des Leverett, et de cette politique principielle, a la vertu selon nous, particulièrement dans le cas de l’Iran, de pulvériser toutes les “narrative” (c’est le cas d’employer le mot) sur l’influence irrationnelle et maléfique de la religion, qui est le principal moteur de l’appréciation à connotation sans aucun doute suprématiste que font les pays du bloc BAO de l’Iran et de nombre de pays musulmans. (Suprématisme plutôt que racisme, et suprématisme bien pire que racisme puisque racisme impliquant nécessairement la notion prioritaire de la supériorité à finalité prédatrice qui entre dans la logique oppressive de l’“idéal de puissance”.) Dans d’autres cas qui voient ce jugement suprématiste, comme pour la Russie et la Chine par exemple, le facteur “religion” est remplacé par le facteur “idéologie”, – mais la démarche suprématiste demeure bien entendu, puisqu’elle est la maladie même du Système lui-même. (Nous disons bien “Système” et n’employons sur ce point l’expression “bloc BAO” que parce que les exceptions et les singularités historiques ont disparu, étouffées par le Système. Du temps de la France gaulliste, la politique gaullienne était un modèle pour tous les pays du tiers-monde, non-occidentaux, etc., par son refus de l’hégémonie, notamment occidentaliste et américaniste. Alors, il n’y avait pas de bloc BAO. Depuis, la France a comme l’on sait intégré le bloc BAO qui s’est formé dans les conditions qu’on connaît, mais l’essence historique, sinon métahistorique, qui a produit le gaullisme, qui se manifeste régulièrement [Talleyrand], demeure en latence.)»
Il est évident qu’une telle définition désigne le souverainisme comme ennemi principal et même seul véritable ennemi du suprématisme, – exactement comme la structure principielle est la seule réelle opposition au processus “dd&e” du Système. Et, par conséquent, que fait Kiev sinon attaquer le souverainisme lorsqu’il attaque la Novorussia où une population entend être souveraine sur le sol qui est sien, au nom de ses spécificités mises en cause par le nouveau pouvoir ? Que fait le bloc BAO en mettant la Russie dans la position où elle la met, sinon attaquer le souverainisme de Poutine, sous sa forme d’affirmation nationale, culturelle et spirituelle ? Le simulacre de la morale et le mensonge comme moyen de proclamer la vérité nous confirment sans aucun doute que nous nous trouvons devant des adversaires des principes et du souverainisme, parce que leur bassesse d’esprit, leur faiblesse psychologique, l’inversion de leur raison en sont de très solides garants. La qualité des sapiens ne trompe pas, dans de tels cas.
Entre “libéraux” du bloc BAO et “nazis d’Ukraine”, il n’y a donc pas d’“alliance contre-nature”, d’“entente tactique”, d’“idiots utiles” de l’un par rapport à l’autre ou de l’autre par rapport à l’un, mais bien rencontre et retrouvailles, convergence de conceptions, d’ambitions et d’objectifs opérationnels (l’anéantissement, dans tous les sens du terme, jusqu’au plus terrible qui soit, que ce soit anéantissement par les camps ou anéantissement par entropisation des structures). On retrouve tout cela intégré logiquement dans les concepts du “déchaînement de la Matière”. La pureté de cet agglomérat renvoie à une égale pureté, mais dans un rapport d’inversion évidemment, du discours souverainiste, le seul possible pour tenir l’esprit et la psychologie face au suprématisme. Nous dirions même qu’il s’agit d’un cas patent d’hygiène mentale : si vous n’appuyez pas votre pensée sur la structure du principe qu’implique le souverainisme, votre pensée s’étiolera à un moment ou l’autre sous la poussée déstructurante/dissolvante du suprémacisme ... Avant l’anéantissement physique, le suprémacisme postule l’anéantissement spirituel et psychologique du Untermensch. Dans ce cas, on ne peut hésiter une seconde pour la riposte...
(1) ... Molev aborde indirectement un problème fondamental dans son article, lorsqu’il annonce d’ailleurs d’une façon très avisée qui montre qu’il sait de quoi il parle, qu’il va dire “quelque chose d’hérétique”. Lorsqu’on s’attache à l’idéologie officielle, la métaphysique-simulacre de l’Holocauste, on comprend bien vite à quoi et à qui l’on a affaire, juif ou pas juif ... Norman G. Finkelstein, l’un des juifs les plus dénoncés par les juifs-Système pour antisémitisme, avait déjà nommé cela en 2000 Shoah-business ou L’industrie de l’Holocauste... Le juif-sioniste (à la différence de Finkelstein qui serait plutôt un juif antisioniste) Molev ne dit pas autre chose : «Let me say something heretical here. Maybe for the members of Israeli Establishment, for all these Holocaust officials – all this Holocaust business is just that – profitable business...» Voici ce que nous disons de ce cas de la Shoah-business dans La Grâce de l’Histoire, Tome II :
«L’inversionnisme de la Shoah. A ce point, tout de même, [nous dirions] rapidement quelques mots à propos de l’objet dont s’est saisi le Système du déchaînement de la Matière pour tenter de fabriquer une métaphysique postmoderniste. Il s’agit de la Shoah, l’Holocauste comme l’on dit également. Le fait même de l’utilisation de cet événement constitue une manipulation et, au-delà, quand on mesure les résultats, une manipulation pour aboutir à un simulacre qui entache gravement l’événement en question. Pire que cela et à l’exemple inversé de la façon dont les coupables de ce crime intellectuel aiment à accuser les autres de “négationnisme” ou de “révisionnisme”, nous parlerions à leur encontre d’“inversionnisme” qui est évidemment l’intervention la plus basse possible. En étant utilisé comme le simulacre dans la “métaphysique-simulacre”, l’Holocauste est érigé lui-même en Simulacre, ou faux symbole, c’est-à-dire en une idole dans le sens du relaps, ou en événement complètement vidé de son sens, de ses souffrances, de sa tragédie. Il ne s’agit plus, ni de la dimension morale, historique ou tragique, ni de la dimension eschatologique de l’Holocauste, mais de cette fausse dimension métaphysique qui le transforme en simulacre et en une caricature idolâtre de symbole, qui le place dans la logique de “la fin de l’Histoire”, qui accomplit enfin le dessein sous-jacent de la démarche en réduisant effectivement la mémoire qu’on doit en avoir au simulacre de métaphysique qu’on en a fait. Il va sans dire qu’ainsi présentée, et pressurée comme un citron dans sa substance d’événement catastrophique, cette représentation, ce simulacre d’Holocauste est la plus grave insulte qu’on puisse imaginer, qu’on puisse concevoir, qu’on puisse faire enfin aux souffrances et aux morts des victimes. Le Système ne dément pas, à cet égard, son origine du “déchaînement de la Matière” ; le Mal dont cet événement est le représentant pour la période considérée a donc frappé l’Holocauste d’une dimension maléfique supplémentaire. Les contempteurs postmodernistes de l’Holocauste en sont également les fossoyeurs, et bien entendu les fossoyeurs inconscients et manipulés par le Système, – les “idiots utiles” du genre, avec leur psychologie affaiblie en sautoir.»