Spéculations sur la stratégie de BHO: en attendant leur chute

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Il est maintenant couramment admis que l’administration Obama, BHO en tête, a adopté une stratégie complètement acquise à Wall Street et aux grands établissements financiers. Tout est fait pour dissimuler leur véritable situation, y compris bien entendu les considérables “stess tests”.

Sans débattre de grande théorie économique ou financière à ce propos, Robert Kuttner, qui est un des rédacteurs en chef de The American Prospect fait cette observation de bon sens dans un texte que publie Alternet.org (et Huffington.post) le 11 mai 2009, à propos d’une conférence où il intervenait et où le principal intervenant était le président de la Federal Reserve Ben Bernanke, – tout cela, le jour où furent connus les résultats extrêmement rassurants des “stess tests”:

«At one point in his remarks, Bernanke, recounting just how rigorous the stress tests were, explained that “More than 150 examiners, supervisors, and economists” had conducted several weeks of examinations of the banks. That kind of let the cat out of the bag. If you do the arithmetic, that is about seven supervisors per bank, and all of the stress-tested 19 banks were hundred-billion and up outfits. When an ordinary commercial bank, say a $10 billion outfit, undergoes a far less complex routine examination of its commercial loan portfolio, it involves dozens of examiners.

»So the stress test was not a set of rigorous examinations at all, but a modeling exercise using the banks' own valuations of their assets. The most serious outside observers think the hole in the banks' balance sheets is much larger than $75 billion or even the Fed's worst-case estimate of $599 billion in losses. The International Monetary Fund estimates the hole as more like 2.7 trillion dollars, and informed economists like Nouriel Roubini put the number at as much as 3.6 trillion.»

La stratégie du trio Summers-Geithner-Bernanke, selon Kuttner, est qu’il faut à tout prix maintenir les grands établissement financiers à flots, au moins pendant les quelques mois qui viennent, pour susciter un redémarrage de l’économie, – lequel, à son tour, devrait réalimenter les dits-établissements. Cette appréciation explique notamment, dans tous les cas en bonne partie, la colossale opération de relations publiques pour annoncer que la crise a cessé de s’aggraver et qu’on se dirige vers la reprise, pour effectivement susciter cette reprise. Kuttner, lui, croit au processus inverse, à savoir que les grands établissements bancaires ne se redresseront pas et continueront à entraîner l’économie vers le bas: «Why is the Fed low-balling the problem? The hope is that by keeping the banks afloat for a few more months, and trying to entice private capital back to the table, the recovery in other parts of the economy will spill over onto the banks. But the greater likelihood is that weakened banks will continue dragging down the rest of the economy.»

En attendant, Kuttner décompte les dégâts causés par cette stratégie, notamment dans les banques et établissements bancaires à travers le pays (hors-Wall Street), furieux de voir la faveur du gouvernement fédéral pour les grands de Wall Street alors qu’ils subissent eux-mêmes des dégâts considérables. Quant à l’économie elle-même, Kuttner ne partage certainement pas l’optimisme officiel et se range dans les cohortes des commentateurs indépendants qui continuent à observer les choses avec pessimisme, – ou, disons plus simplement, avec réalisme. Mais comme il reste plutôt partisan d’Obama, comme il reste un de ceux qui s’interroge précisément sur le compte du nouveau président US, il en vient finalement à cette question centrale: que fait BHO dans cette galère? Aussi nous rapporte-t-il la dernière théorie, ou, plutôt, “la plus élégante” à ce propos… Il s’agit d’Obama acceptant pour l’instant de jouer le jeu de Wall Street (le jeu d’Obama prisonnier de Wall Street”), avant d’affronter le système à ce niveau. “Elégante théorie”, certes, mais pourquoi attendre? Kuttner explique qu’il s’agit de laisser un peu de temps pour que le parti républicain se désintègre, – et là, effectivement, il faut admettre qu’il est en bonne voie. D’autre part, peut-être aurons-nous la preuve par l’absurde du caractère irrécupérable du système avec, finalement, les grands “too big to fail” (“…to fall”) de Wall Street s’effondrant effectivement…

Bref, voyons comment l’histoire peut être encore élégante…

«My guess is that the Obama administration will be back next fall, asking Congress for the money and authority to do the bank rescue right, after the current policy proves inadequate to restore the banking system and the economy to health. That would mean taking the insolvent banks into receivership, deciding how much public capital was required and where to get it, and then returning the banks to private ownership. Better late than never, but it's a pity to waste six months. […]

»Why had the administration made this perverse alliance with Wall Street, and decided to prop up large zombie banks rather than taking them into receivership and getting on with it? You could blame it on campaign finance, or you could blame it on the quirk of history that Obama, once he became the nominee, decided to hire the Wall Street-oriented Clinton economic team.

»The most hopeful and elegant theory I've heard is that for now, Obama's main political project is to let the Republicans self-destruct; co-opting Wall Street (for now) is part of that game plan. He'll get around to reforming Wall Street next year. Even Roosevelt had to take things one step at a time, as public opinion moved. The Second New Deal was more radical than the first. I've often said that Obama is smarter than I am, and if he is politically shrewd enough to have come up with that strategy, hats off to him. I'm also a Red Sox fan, and anything is possible. But for the moment, it looks more like a case of political expediency and even political capture.»


Mis en ligne le 13 mai 2009 à 13H49