START-II à condition(s)

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START-II sera-t-il ou non ratifié ? Comme on sait, suspens, lié à la situation kafkaïenne à Washington. Pourtant, quelque chose pointe le bout de l’oreille et, c’est visible, ou lisible dans tous les cas, à notre sens dans l’éditorial du Washington Times du 2 décembre 2010.

Le texte passe en revue tout ce que la droite extrême et belliciste reproche au traité, aux Russes, à Obama et à tout le reste, appuyée sur la certitude d’intentions bellicistes des Russes, et d’une naïveté suspecte d’Obama. Par conséquent, précise l’édito, si l’on voulait ue ratification de START-II (sous-entendu : pour que les républicains marchent), il faudrait deux amendements…

• Le premier autoriserait le développement de nouveaux systèmes d’arme nucléaires… «The Obama administration has pledged a 10-year, $80 billion plan to upgrade the U.S. nuclear stockpile and is sweetening the deal with an additional $8 billion if the Senate acts quickly on START. Some senators, notably John Kyl, Arizona Republican, aren't confident such a promise will be fulfilled. As Mr. Obama's reversal on allowing offshore oil drilling on the East Coast illustrates, his word isn't necessarily his bond. A practical solution would be to amend the treaty language to explicitly authorize development, testing and deployment of new, modern, more secure nuclear weapons. The White House and Senate Democrats should have no problem with this, assuming Mr. Obama is being above-board.»

• Le second, beaucoup plus important, beaucoup plus délicat, porterait sur la matière sensible et explosive des antimissiles, d’autant plus explosive qu’il y a différences d’interprétation entre Moscou et Washington sur une phrase du préambule du traité concernant ces mêmes antimissiles… « A second amendment to the treaty language could clarify that START II has no bearing on or governing authority over U.S. missile-defense programs in any form. Since the White House has downplayed the linkage between the treaty and missile defense, it should welcome this clarifying language. Without this amendment and the modernization language, the Senate would be passing a flawed agreement that significantly weakens America's strategic posture. Senators should get Mr. Obama's promises in writing or scrap this dangerous treaty.»

Notre commentaire

@PAYANT Il ne fait guère de doute que cet éditorial n’est pas innocent, lorsqu’on a à l’esprit les connexions droitières, bellicistes, républicaines et neocons du Washington Times. Il se pourrait bien, – ce n’est pas loin d’être notre conviction, – que ce texte, avec sa proposition de deux amendements présentés comme le bon sens même qui va dans un sens constructif, représente les conditions officieuses des républicains posés au président Obama pour ratifier le traité. Si c’est le cas, Obama aura bien des difficultés à les refuser, en raison du prix qu’il attache au traité, et encore plus à les faire accepter les Russes.

Une des conditions politiques implicites accompagnant la promesse conjointe d’Obama et de Medvedev d’une rapide ratification de START-II, était que le texte, âprement négocié, devait rester en l’état. D’autre part, la Douma, qui a déjà étudié et accepté le traité depuis plusieurs mois, ne l’a pas ratifié parce qu’elle a décidé de ne le faire qu’en même temps que le Sénat US, pour ne pas mettre la Russie dans les contraintes d’un traité alors que les USA ne le seraient pas, et alors que le Sénat ferait traîner l’affaire. Mais le texte accepté par la Douma ne comprend évidemment pas d’éventuels amendements qui seraient introduits du côté US, et certainement pas ceux qu’évoque le Washington Times. On imagine, devant cet énoncé de conditions extrêmement fragiles et impératives, le trouble considérable qu’apporteraient un ou des amendements à l’actuel texte du traité. D’autre part, il n’est pas dit que certains démocrates ne soient pas tentés de soutenir l’idée de l’un ou l’autre amendement, notamment sur les antimissiles.

Une fois de plus s’impose à l’esprit qu’il est extrêmement probable que, d’une façon ou l’autre, l’affaire du traité START-II est loin d’être finie, même dans le cas où le traité serait effectivement ratifié d’ici la fin de cette année, – même, dans le meilleur des cas pour Obama, sans amendement(s). A côté de cette forte possibilité, sinon probabilité d’amendements exigés par les républicains pour permettre sa ratification (il faut 67 sénateurs pour ratifier un traité et les démocrates ne sont que 59), il y a des bruits persistants selon lesquels, de toutes les façons, les républicains devraient chercher, avec le soutien de certains démocrates, à imposer une législation parallèle extrêmement précise sur la possibilité pour les USA de développer un réseau antimissile sans aucune restriction, et hors de tout lien de contrainte avec START-II. Dans tous ces cas envisagés, il est très probable qu’une forte opposition apparaîtrait en Russie, qui pourrait remettre en question l’esprit de la coopération avec les USA sur les armes stratégiques.

Le problème politique central dans cette affaire, c’est sans aucun doute l’autorité affaiblie du président Obama. Sa position actuelle le prive de l’influence nécessaire sur le Congrès pour imposer une issue qui soit complètement satisfaisante pour les Russes. On voit très difficilement comment la question de la coopération et de la réduction des armes nucléaires entre les deux pays ne pourrait pas devenir, dès 2011, une pomme de discorde majeure entre les USA et la Russie. Le désordre washingtonien en serait naturellement la cause principale.


Mis en igné le 3 décembre 2010 à 15H25