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366717-04-2024 (20H25) – Il y a un peu moins d’une quinzaine d’années (on délimite cette période sur 2006-2008), s’ouvrit au large de l’Iran une longue séquence d’affrontement. Elle faisait partie des conceptions ‘neocons’ pour lesquels Bagdad était une étape acceptable, mais pour lesquels finalement, – selon une phrase fameuse de Michael Ledeen , ‘neocon’ fameux pour ses innombrables chemins détournés, affaires tordues, constructions complexes et visions pleines de champs de différentes orientations, – homme pour qui, Ledeen,
« les vrais hommes ont pour plus sérieux et plus important objectif de conquérir Teheran ».
Ledeen n’était certainement pas le plus insupportable des ‘neocon’, parce qu’évitant de l’être de façon excessive dans certains nombres de cas, et parfois même avec des échappées originales (lorsqu’il travailla avec les Italiens dans des entreprises aveugles où l’aveuglement ‘neocon’ n’était pas requis) ; mais pour le cas qui nous occupe, c’est bien ce qui nous occupe...
A cette époque (citation ici d’avril 2007) les ‘neocon’, toujours si parfaits dans leur rôle d’idiots sans faille, faisaient pression pour que l’U.S. Navy attaque l’Iran, si nécessaire et même si possible avec des armes nucléaires ; cela suscita des bruits sur l’éventuelles démissions de cinq amiraux (et généraux) puis d’une dizaine si cette idée était seulement examinée... Les secrétaires à la défense (Rumsfeld jusqu’en novembre 2006, puis Robert Gates) soutenaient plus ou moins discrètement ces diverses rumeurs et leur amiraux.
« La question de la position, voire du “moral” des chefs militaires par rapport aux diverses entreprises bellicistes de l’administration GW est un sujet aujourd’hui classique. Il n’a jamais été aussi insistant et dramatique qu’avec la possibilité d’une attaque de l’Iran. On a déjà lu qu’un analyste et commentateur aussi réputé que William S. Lind recommande rien moins qu’une sorte de “putsch” des chefs d’état-major pour tenter d’empêcher une telle attaque.
» Le Sunday Times donne des échos du climat actuel chez les généraux et amiraux US. L’image est dramatique. Dans l'article qu'il publie aujourd'hui, le journal signale qu’au moins cinq généraux et amiraux sont prêts à démissionner en cas d’attaque. Cette idée même est, sans aucun doute dans ces circonstances et avec cette publicité, sans précédent dans l'histoire militaire des Etats-Unis. [...]
» Une autre précision intéressante du texte est l’interprétation de la position [du secrétaire à la défense] de Gates, qui ne cesse de répéter que les USA ne vont pas attaquer l’Iran. La précision ci-après, rapportée par l’article, fait de Gates un “complice” objectif des chefs militaires, et plus que jamais un “représentant” des modérés du groupe Baker-ISG (dont Gates a fait lui-même partie) “planté” au sein de l’administration :
» “Robert Gates, le secrétaire à la défenses, a répété à plusieurs reprises son opposition à une attaque contre l’Iran et il est présenté comme représentant le point de vue des chefs militaires.” »
Il y eut, pendant deux ans, un grand affrontement à Washington entre les partisans et les adversaires d’une attaque massive contre l’Iran. Les principaux adversaires d’une telle attaque furent le ministre Gates et l’US Navy, avec les amiraux Mullen (président du JCS) et Fallon (commandant les forces US de Central Command, dont fait partie l’Iran. Seymour Hersh donna (le 30 juin 2008) un récit impeccable de cet épisode 2006-2008. C’est à cet épisode que nous faisions allusion hier :
« Un point essentiel doit être mis en évidence : la démonstration de la faiblesse militaire des États-Unis. En temps normal, – par exemple, pour prendre le dernier exemple en date, en 2006-2008, – les USA menaient la danse. C’était leur puissance qui réglait l’évolution de la crise, et leur puissance qui était notamment représentée par la présence de trois groupes de porte-avions d’attaque directement face aux côtes iraniennes, en position d’attaque. »
L’extrait ci-dessus, qui nous semble venir d’un autre monde, avait figuré dans notre texte d’hier pour illustrer l’effondrement de la puissance US. Mais ce qui est également remarquable, c’est l’absence complète de dirigeants, militaires (dans ce cas comme il y a absence complète de dirigeants civils d’envergure et d’influence), capables d’affirmer quelque autorité et quelque influence, sinon quelque finesse, dans ce domaine des guerres et des risques de guerre (voyez des généraux comme un Ben Hodges et ses compagnons de l’OTAN, absolument ignares et stupides, y compris sur les plateaux TV).
On notera aussitôt, – remarquable également, et ce n’est pas la moindre ironie, – l’absence complète de de ‘neocon’ ayant assez de poids (comme Perle, Wolfowitz, etc., Cheney bien entendu) pour espérer déclencher, comme ils firent en Irak et en Afghanistan, l’un ou l’autre de ces conflits dont ils rêvent ; à cet égard, la lignée Kagan qui voudrait bien jouer ce rôle semble être tombée dans la même voie de l’impuissance à force de la répétition des mêmes sottises-simulacres, jusqu’à une Nuland qui parvient à se faire balancer... Leur réussite apocalyptique en Ukraine et en Iran laisse énormément à désirer.
Ce désert extraordinaire de personnalités d’envergure est bien la marque des paroxysmes de crise que nous vivons quotidiennement, et notamment celui d’Israël-Iran-USA. Il n’y a aujourd’hui aucun officier général US de l’envergure d’un Mullen ou d’un Fallon, c’est-à-dire avec quelque chose à dire qui sorte des domaines de l’antiracisme, du transgenrisme, du féminisme et du transgenrisme en général, – ou bien du F-35 puisqu’on en parle depuis 1995 en le faisant voler le moins possible. On peut relire en mesurant l’engagement intellectuel de cet officier une interview d’un Fallon au ‘Financial Times’, fustigeant comme d’une extrême stupidité l’idée d’une attaque de l’Iran, contre le conformisme des “idées” autour de Cheney à la Maison-Blanche.
Note de PhG-Bis : « On ne va pas trop insister là-dessus tant c’est l’évidence mais il est bien entendu, comme la rappelle PhG, que nous parlons des “élites” américanistes-occidentalistes. La situation est complètement différente “de l’autre côté”, quoi qu’on ait des difficultés à la définir. Mais la façon dont ils interviennent (les Russes en Syrie et en Ukraine, les Iraniens et les Houthis dans leurs manœuvres si habiles, si on les compare aux exploits des Israéliens disons) montre que leurs généraux et leurs équivalents en chefs militaires savent faire leur métier sans trop s’attarder aux plateaux-TV et à l’inclusivité de leurs forces. Quant aux propagandistes, – ici encore, les Israéliens, – ils arrivent à se faire prendre la main dans le sac pour avoir affirmé que les Saoudiens les avaient aidé contre les Iraniens, et se voir démentis le lendemain par les susdits Saoudiens. »
Cette nullité totale de nos élites militaires américanistes-occidentalistes hors du service (les bons s’en vont le plus vite possible pour monter leurs sites subversifs) correspond parfaitement à la nullité des élites civiles pour la direction politique (toujours américanistes-occidentalistes). Cette commune nullité constitue finalement des arguments pour au moins trois voies paradoxales.
• L’impossibilité totale de redresser la situation, y compris aux seuls niveaux de l’ingénieurerie et de l’organisation industrielle. Les chefs militaires ont découvert grâce à l’Ukraine que les canons devaient être présents en grand nombre sur le terrain en cas de guerre, qu’ils tiraient des obus et qu’il fallait fabriquer des obus. Cette exceptionnelle trouvaille devrait déclencher un processus bureaucratique qu’on nomme “industrie de guerre” qui devrait se mettre en place dans quelques dizaines d’années et permettre effectivement d’envisager des plans de déploiement de canons sur la ligne de front, en nombre suffisant d’ici 2060-2070.
• L’impuissance complète de trouver des tactiques nouvelles et originales s’adaptant aux nouveaux types de conflits. C’est un aspect important de la situation, commençant par des difficultés de traduction des échanges parlés entre adversaires, des recherches d’authentification de sectes de type-Houthis, et autres préparations à l’intervention. Ensuite, il faut faire étudier par les théoriciens des Écoles de Guerre en quoi ces tactiques hors-normes répondent aux exigences diverses concernant le sexe, le genre, le style d’habillement et les coloris divers (si possible arc-en-ciel) des uniformes de camouflages à faire développer pour des évolutions discrètes et efficaces dans les champs, les collines, les montagnes et les acsensions difficiles des sommets neigeux.
• Enfin, une même “impuissance totale” à se risquer vers des responsabilités qu’on leur a décrites comme énorme et totalement épouvantables pour aller vers des conflits du plus haut niveau. Et bien entendu, d’évoquer le nucléaire, dont nul ne doit parler ni ne jamais employer et dont tout le monde ne sait comment l’employer, à pourquoi la fin des fins ! (Ni même comment ne pas l’employer, d’ailleurs...) Eh bien, et pourtant c’est si simple : il faudra s’en remettre à l’intelligence artificielle.
« Des événements précédemment documentés, tels que le système Gemini AI de Google et Firefly d’Adobe affichant des préjugés discriminatoires à l’égard des Blancs, soulignent les préoccupations exprimées dans la déclaration commune. Plus tôt cette année, des simulations de guerre ont été réalisées avec des modèles de langage étendus (LLM) d’IA, tels que ChatGPT d’OpenAI, et ont révélé que les programmes avaient tendance à transformer les conflits en guerre nucléaire. »
C’est ainsi que naissent les nouvelles formes de guerre... Ainsi comprenez-vous ce qui s’est passé entre Israël et l’Iran ? Les Israéliens, eux-mêmes non encore calibrés IA, jugèrent les Iraniens bien trop stupides pour passer la main à l’IA.