STRATFOR révélé : le pire est toujours la norme

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L’“institut”, ou la “société d’analyse”, largement référencé comme “indépendant” et connu sous le nom de STRATFOR, se révèle pour ce qu’il est, alors que va être diffusée la substance des fruits de l’attaque de WikiLeaks/Anonymous (voir notamment le 31 décembre 2011), avec la mise à jour des 5 millions d’e-mails saisis par les attaquants. Il s’agit d’une agence annexe des différents services de renseignement, de corruption et d’action au service du Système, de la CIA au Department of Homeland Security (DHS), et jusqu’à différents correspondants rétribués dans diverses administrations de divers pays. (Ainsi, un des messages vient d’une “source” rétribuée au sein de la bureaucratie de défense nationale russe, qui donne des informations sur les missiles SS-26 Iskander, déployés ou en cours de déploiement, notamment dans l’enclave de Kaliningrad, durant le conflit avec la Géorgie en août 2008. Le cas indique que nombre de “sources” de STRATFOR vont être évidemment inquiétées, et cette sorte de recrutement ainsi rendue plus difficile.)

Toutes les pratiques de STRATFOR sont mises à jour à cette occasion, allant du renseignement classique à la désinformation et à la corruption, ainsi que les informations confidentielles, certaines utilisées pour le service régulier d’abonnement de STRATFOR, d’autres communiquées à des entreprises et à des services de sécurité nationale US. Les cinq millions de messages couvrent une période allant de juillet 2004 à décembre 2011.

Une organisation privée de renseignement et de subversion d’une rare ampleur, voilà ce qui doit ressortir du déluge d’e-mails de STRATFOR que WikiLeaks et Anonymous ont lancé à partir de la blogosphère, et dont l’essentiel va aller pour publication dans 25 quotidiens internationaux, dans les semaines qui viennent. Nous aurons donc notre dose de révélations, à mesure, pour les deux ou trois mois prochains… WikiLeaks et Anonymous comparent ce déluge d'informations, en importance quantitative et qualitative, à celui qui a suivi l'affaire des e-mails “fuités” du département d’Etat à la fin de 2010.

Russia Today donne un aperçu de l’opération WikiLeaks/Anonymous, ce 27 février 2012.`

«The think-tank is operating as an outsourced spy agency, recruiting sources and pumping them for insider information (and, as skeptics say, disinformation). It lacks capabilities that true special services have, like using spy drones or secretly raiding governmental archives James Bond-style. But otherwise Stratfor operates successfully, turning secrets into cash outside of the usual restrictions and need for accountability that their state counterparts face.

»The company’s spy network scoured for info on things ranging from health condition of Venezuela’s President Hugo Chavez to the laundering of drug profits by Mexican cartels, to the loss of faith in the Obama administration by US business elites. WikiLeaks itself was also an important topic of research for Stratfor, with more than 4,000 of the emails mentioning the website or its founder Julian Assange. It also reveals Stratfor’s close ties with US agencies, from Marines Corps to Department of Homeland Security and what WikiLeaks calls a pro-American neoconservative political bias. “Stratfor claims that it operates 'without ideology, agenda or national bias', yet the emails reveal private intelligence staff who align themselves closely with US government policies and channel tips to Mossad,” the whistleblower website says in a statement.»

STRATFOR, de son côté, se pare des habituelles ripostes du Système en affirmant qu’il y a de nombreux faux dans ces e-mails, parfois un vrai tout de même, et qu’il n’y répondra en aucune façon, que ce comportement de la bande WikiLeaks/Anonymous est d’ailleurs illégal et fort peu dans les habitudes de notre civilisation. La vertu est de son côté et il n’y a rien à craindre, – point final.

«Stratfor dismissed the leak, calling it “a deplorable, unfortunate – and illegal – breach of privacy.”“Some of the emails may be forged or altered to include inaccuracies; some may be authentic. We will not validate either. Nor will we explain the thinking that went into them. Having had our property stolen, we will not be victimized twice by submitting to questioning about them,” the company said in a statement. It went on to confirm that the WikiLeaks disclosure must come from the Anonymous hack.»

…L’intérêt de l’affaire, pour l’instant, en attendant de déguster les e-mails à petites doses, c’est bien de montrer une fois de plus, de confirmer et recouper qu’avec le Système, le pire est toujours, non seulement possible et probable, mais simplement certain, – le pire est toujours le vrai, et souvent le pire au-delà de ce qu’on imaginait soi-même. (Précieuse conformation pour la façon dont il faut traiter l’information, qui ne dispose plus d’aucune référence stable sérieuse, dans le système de la communication.) STRATFOR se révélant égal, si pas supérieur au pire de ce qu’on avait envisagé à son propos, on en déduira qu'il y a une sorte de norme de l’infamie, qui est suivie avec une parfaite discipline, une conscience sans hésitation ni incertitude.

Le plus beau à cet égard étant que STRATFOR continue, imperturbable, son travail d’analyse “indépendante”, comme une machine bien huilée ; une sorte de chef d'oeuvre d'inculpablité, si l'on veut ; sauf que, évidemment, certains relais humains de la machine ne montreront plus autant d’enthousiasme pour la soutenir, et certains lecteurs encore innocents pour la croire sur parole… Ainsi s’érodent une réputation et, par conséquent, une influence.


Mis en ligne le 27 février 2012 à 12H17