Suite à l'interview de “eh Joe”, droit de réponse d'Hillary

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Le Wall Street Journal va-t-il nous interviewer, nous autres à dedefensa.org, pour que nous ajoutions notre grain de sel, ou notre grain de sable après tout, dans la mécanique du “reset the button” avec la Russie? Dans tous les cas, les éminences se succèdent, pour se contredire. Hillary a eu, en quelque sorte, une sorte de “droit de réponse” à l’interview de Joe Biden, du 25 juillet, présenté dans notre F&C du 27 juillet 2009. Bien entendu, la pétulance américaniste et agressive du vice-président est remplacée par une aimable ritournelle pétrie de bonnes intentions.

Novosti, qu’il faut pardonner dans ce bordel sonore que commence à être la politique russe des USA, type “reset the button, présente la chose, le 27 juillet 2009, comme une interview d’Hillary Clinton au Wall Street Journal.

«L'administration de Barack Obama prône l'amélioration des relations avec Moscou et veut voir une Russie puissante, pacifique et prospère, a déclaré dimanche la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton interviewée par le Wall Street Journal. “Les Etats-Unis considèrent la Russie comme une grande puissance. Actuellement, tous les pays font face à des problèmes. Nous avons les nôtres, la Russie a les siens”, a indiqué Mme Clinton en commentant des propos de Joe Biden, vice-président des Etats-Unis.

»Toutefois, la secrétaire d'Etat a précisé que la Russie ne devait pas imposer sa volonté aux pays qui faisaient jadis partie de l'URSS, notamment à la Géorgie et à l'Ukraine. “Si l'Ukraine et la Géorgie sont un jour en droit d'adhérer à l'OTAN, cela doit être leur propre volonté”, a souligné Mme Clinton.

…Car, si le Wall Street Journal présente effectivement, ce 27 juillet 2009, les déclarations d’Hillary Clinton dans un bel article qui fait pendant à l’interview de Biden, il s’agit en fait d’un commentaire de déclarations d’Hillary à NBC.News, lors de l’émission Meet the Press, ce dimanche. La chose est explicitement présentée comme une réponse indirecte aux propos de Joe Biden (ici, dans le WSJ).

«U.S. Secretary of State Hillary Clinton said the Obama administration considered Russia a “great power” and wanted it to be a strong and prosperous country, in an apparent effort to reassure Moscow that the White House remains committed to efforts to "reset" bilateral relations. Mrs. Clinton made the remarks in response to a question about Vice President Joe Biden's suggestion, during a Wall Street Journal interview published on Saturday, that Russia's weakening economy was likely to make it more amenable to cooperate with the West on national security issues.

»“We view Russia as a great power,” Mrs. Clinton said on NBC News's ‘Meet the Press’ on Sunday. “Every country faces challenges. We have our challenges, Russia has their challenges. There are certain issues that Russia has to deal with on its own.”

»She said the Obama administration didn't believe it has an upper hand in its ties with Moscow, and noted that Mr. Biden had been the first senior administration member to publicly call for a “reset” in the two countries’ relationship, in an address in Munich, Germany, in February.»

L’interview d’Hillary elle-même constitue une démonstration que la question du conseiller diplomatique de Medvedev sur le fait de savoir qui exactement est chargé de la politique extérieure des USA n’est pas sans intérêt. On a d’ailleurs posé la question à la secrétaire d’Etat. Elle a répondu que la multiplicité des problèmes dans le monde nécessité une égale multiplicité de personnes en charge de ces questions, sans que nous soyons rassurés pour autant sur la possibilité assez préoccupante qu’on ait ainsi une égale multiplicité de voix discordantes. Dans tous les cas, la politique russe des USA représente un beau champ de manœuvre de la diversité de la société multiculturelle des USA. Ainsi le monolithisme de l’administration Bush est-il remplacé par une sorte de politique extérieure à la carte, sinon à la tête du client.

«With its numerous special envoys and foreign-policy czars – Mr. Biden was recently tapped to oversee Iraq strategy – the Obama White House is facing a similar question: Can the administration speak with one voice on foreign-policy issues?

»Ms. Clinton said she believed such concerns were unwarranted, arguing that with the U.S. fighting two wars and facing a growing number of international crises, it would be “diplomatic malpractice not to have people of stature and experience handling some of our most difficult problems on a day-to-day basis.” She said that without such division of labor, the Obama administration risked repeating mistakes of the Bush White House, in which countries other than Iraq and Afghanistan “felt that they were kind of second tier.”»

Quoi qu’il en soit, Hillary n’a pas dù se faire prier pour cette interview, qui a sans doute été chaudement recommandée par BHO pour tenter de remettre les pendules à l’heure de Moscou, après les exploits de “eh Joe” Biden. Elle qu’on disait un peu mise à l’écart, notamment au profit de franc tireur type Biden, se permet de revenir en force et de faire une leçon de mesure et de bon sens, notamment au franc-tireur en question. C’est toujours ça de pris, et toujours un peu moins de crédit pour le vice-président.

Cela suffira-t-il pour rétablir la plomberie du bouton qui actionne un “nouveau départ”? Les Russes ne cachent plus du tout leur trouble et leurs interrogations. Medvedev en a profité pour taper sur le clou, dimanche, en se demandant à quoi cela correspondait de réaffirmer le droit des pays tels que l’Ukraine et la Géorgie de solliciter l’entrée dans l’OTAN (réaffirmé par Biden, mais aussi par Hillary), alors que leurs populations étaient en majorité hostiles à la chose. Ce faisant, Medvedev ne fait que citer Barack Obama, autre voix discordante de la politique US, affirmant le 7 juillet lors de sa conférence à l’université de Moscou, qu’il fallait que les populations de ces pays soient consultées avant de décider une demande d’entrée dans l’OTAN.

Nous hésiterions à qualifier aujourd’hui, exactement et précisément, la politique russe des USA, – relance d’une détente, néo-Guerre froide, ruse & manigances dans le genre farces & attrapes, etc. Un mot, en attendant, fait notre affaire: désordre.


Mis en ligne le 27 juillet 2009 à 12H45