Sur Michel Audiard et son antigaullisme 

Les Carnets de Nicolas Bonnal

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Sur Michel Audiard et son antigaullisme 

Audiard est l’auteur de cette fameuse envolée : « Je suis un vétéran de l'antigaullisme, depuis le 18 juin. »

Le 18 juin c’est le début d’un culte et d’une escroquerie à laquelle tous nos politiciens se sont ralliés, surtout les euro-mondialistes. On aura aussi diabolisé toute une partie (l’essentiel en fait) des Français promus collabos depuis le départ du Général. 

On rappellera que le colonel Rémy, créateur du fameux monocle avec Paul Meurisse, grand seigneur du cinéma, fut un preux résistant aussi qui en voulut terriblement à de Gaulle du désastreux dénouement de l’affaire algérienne. Je pense aussi à Jean Devaivre, résistant et auteur du magnifique Alerte au sud, qui lui aussi refusa le devenir-gaulliste de la France éternelle muée en cinquième république non impériale. En fait pas mal de gens de droite ont compris que les années soixante ouvraient la litière de la chienlit et que ce n’était pas le fruit d’un complot, mais d’une politique technocratique voulue par les gaullistes. Même Jean Gabin s’en rend compte dans Tonnerre de Dieu ou dans la Horse : voyez mon livre sur la destruction de la France au cinéma.

Le grand Audiard c’est celui du début des années soixante, lettré anar qui résiste à la France nouvelle des technocrates et des yéyés (voir le grand conflit des tontons flingueurs et le « touche pas au grisbi salope », car il fallait les remettre leur place ces jeunes déjà trop mal élevés et américanisés). La grande envolée méconnue du Cave se rebiffe (sur le cul, un sujet qui lui tient légitimement à cœur à Audiard), c’est celle de Ginette Leclerc : 

« Quand ils rouvriront, il sera trop tard : tu ne trouveras plus ni un homme ni une femme capable de tenir convenablement une taule. C'est toute une école, ça. T'auras du bobinard standard mais les manières seront perdues. »

Les manières sont définitivement perdues en effet, et avec la mort de Guitry ou de Cocteau, et la fin de Pagnol cinéaste…

A cette époque chez Audiard cela sent bon l’ancien régime, l’ancienne France, celle des gentilshommes et des manières. Comme on sait grâce à Vigny, Guénon ou Tocqueville, c’est les rois centralisateurs qui ont mis fin à cette vieille France. 

Et comme on citait Vigny :

« Ils haïssaient particulièrement l’uniforme, qui donne à tous le même aspect, et soumet les esprits à l’habit et non à l’homme. Ils se plaisaient à se vêtir de rouge les jours de combat, pour être mieux vus des leurs et mieux visés de l’ennemi ; et j’aime à rappeler, sur la foi de Mirabeau, ce vieux marquis de Coëtquen, qui, plutôt que de paraître en uniforme à la revue du Roi, se fit casser par lui à la tête de son régiment : «Heureusement, sire, que les morceaux me restent», dit-il après. C’était quelque chose que de répondre ainsi à Louis XIV. »

Depuis c’est le kolkhoze fleuri.

Mais reprenons même si c’est brièvement. 

La surestimation du gaullisme ne frappe pas assez les bons esprits. Car De Gaulle, c’est la Liberté et la Grandeur de la France, De Gaulle, c’est la prospérité et la voix de la France libre (bis), De Gaulle, c’est une époque bénie… Or dans les années soixante toute l’Europe en voie de reconstruction se développait.

En fait le gaullisme repose sur une mythologie et une hypnose collective proche de celle de 1789, de Napoléon ou de la vieille République.

Je n’ai aucune envie de m’étendre sur cette question qui mériterait un bon livre  - un de plus... Mais au moins rappelons les faits principaux :

- De Gaulle, c’est une Résistance et une Libération bâclées: voyez par exemple le livre de Kerillis, De Gaulle dictateur. De Gaulle a détruit l’armée explique Kerillis, on n’avait pas de quoi débarquer en 44. Pour lui le gaullisme manque aussi d’assise politique. Que voulait-il au juste ? En 44, on est procommuniste mais le RPF quelques années plus tard pourfend le stalinisme…

De Gaulle c’est aussi une inutile malédiction portée sur l’extrême-droite collabo et une sanctuarisation de la Résistance dont se réclament tous les escrocs qui nous gouvernent. Ses Mémoires de guerre sont le livre de chevet (au moins officiel) de Macron. De Gaulle c’est aussi l’oubli de la trahison et de la désertion incroyable des communistes qui sont chargés ensuite de cette impayable épuration qui ne cessera jamais.

- De Gaulle, c’est la trahison des pieds noirs et la perte brutale, sanglante et bâclée de l’Algérie (voyez les livres publiés par mon éditeur Dualpha, notamment celui de Manuel Gomez).

- De Gaulle, c’est les Trente Glorieuses (disparition des paysans et mauvais traitements des ouvriers) et la destruction de la France rurale traditionnelle, la transformation et l’américanisation d’un Hexagone mué en France défigurée pour reprendre le titre d’une émission célèbre de Michel Péricard, lui-même UDR. Comparez Farrebique et Biquefarre.

- De Gaulle, c’est aussi le début de la massive immigration africaine qui suit la décolonisation ratée – Audiard s’en moque dans son libertaire et jubilatoire Vive la France. D’autres cinéastes ont bien vu les maléfices en œuvre sous de Gaulle : voyez Weekend ou Deux ou trois choses de Godard sans oublier Alphaville ; voyez Play Time de Jacques Tati, le début de Mélodie en sous-sol...

- Sur le plan des Français, on voit une dégradation du matériel humain: société de consommateurs, d’informaticiens, de féministes, d’assistés, de téléphages, d’automobilistes. L’enlaidissement du pays modernisé entraîne l’enlaidissement des gens, la fin de l’élégance parisienne, le déclin de la culture française. Voyez Debord qui rejoint Pierre Etaix. Et ne parlons pas de mai 68, de l’explosion de la pornographie et de la destruction finale de Paris sous Pompidou, ancien laquais de Rothschild (pour ceux qui se plaindraient de l’autre). De Gaulle nous laissera aussi Chirac, Delors, Giscard…

- Déclin de la culture? Lisez mon livre sur la comédie musicale. Paris enlaidi depuis les années soixante (saccagé, disait Debord) cesse d’influencer ou d’inspirer Fred Astaire, Audrey et les créateurs francophiles américains. Zemmour en parle dans son livre sur la Mélancolie française: Malraux a tourné le dos à la France traditionnelle et africanisé notre culture. Sinistre politique de l’Etat culturel livré au gauchisme (dixit Debré, comme Zemmour ou Fumaroli)

- Enfin sur le plan de la vie politique, on souffre de cette catastrophique constitution ultra-présidentielle et des effets du scrutin majoritaire. Ils ont Macron et on le gardera.

- Politique étrangère ? On a gardé l’Otan, l’Europe : quant à la politique arabe…

- On relira avec intérêt notre texte sur Michel Debré qui voyait l’effondrement français arriver avec cette Cinquième. Debré montre sans le vouloir que De Gaulle œuvra en destructeur ET en fantôme.

 

https://www.lemonde.fr/archives/article/1972/08/17/qu-on-ne-me-derange-pas-dans-ma-petite-boutique_2400090_1819218.html

https://www.dedefensa.org/article/la-culture-comme-arme-de-destruction-massive

https://www.dedefensa.org/article/la-destruction-de-la-france-au-cinema

https://www.dedefensa.org/article/debre-et-le-general-face-au-kali-yuga-francais

La destruction de la France au cinéma, Nicolaqs Bonnal

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