Surprises et arrière-pensées de Gates

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La direction du Pentagone surprend de plus en plus les commentateurs parce qu’elle prend des initiatives à long terme, qui sont bien sûr des engagements théoriques (il ne peut en être autrement), mais alors qu’elle n’est théoriquement en place que pour six mois encore. Deux événements, dont nous avons parlé par ailleurs, reflètent cette attitude.

• Parlant de la “guerre contre la Terreur” le 3 août, nous citions le document sur la “National Defense Strategy 2008”, diffusée par le Pentagone à partir du 1er août et présenté dans la presse US (Washington Post) le 31 juillet. Dans ce même article, le journaliste Josh White remarquait :

«It is unusual for a defense secretary to offer a comprehensive military strategy so late in an administration's tenure, and in a foreword to the document Gates acknowledges that a new president will soon reassess threats and priorities. Gates wrote that he perceives this document as a “a blueprint to success” for a future administration.

»Michele Flournoy, president of the Center for a New American Security, said she was surprised to see Gates issuing such a strategy so close to a presidential election, calling it a “strategy destined to be overtaken by évents” because one of the new administration's first tasks will be to write such a defense plan. She said the document appropriately emphasizes irregular warfare – focused on terrorists and rogue regimes bent on using insurgency or weapons of mass destruction – but might go too far.»

• Dans le F&C de ce jour, nous citons la nouvelle, dans le Star Telegram, de Fort Worth, du 3 août, selon laquelle le général Schwartz, nouveau chef d’état-major de l’USAF, a annoncé qu’il disposerait de budgets supplémentaires pour accélérer la production du JSF/F-35. Le journal publiait dans le cours de l’article ce commentaire sur les conditions impliquées par cette annonce:

«The general’s comments surprised some in Washington and reportedly even the Air Force, since a new president and administration will take office in January with their own budget priorities. Most defense experts have said they don’t expect a big increase in weapons.

»But one defense analyst said the Bush administration has told the Air Force and Navy to develop six-year spending plans assuming that significantly more money will be available.»

Dans les deux cas, on peut effectivement se demander pourquoi la direction civile du Pentagone prend des décisions dont les effets recherchés dépassent manifestement le terme de son mandat (janvier 2009, avec la nouvelle administration), alors qu'ils ne lient pourtant en rien les futures autorités. Une réponse qui pourrait être évidente pour notre compte serait que Gates envisagerait déjà de se succéder à lui-même, comme nombre de spéculations en soulèvent l’hypothèse. Pourtant, il ne semble pas que les circonstances permettent encore d'accréditer fermement l'hypothèse, à un moment encore si incertain pour la course à la présidence, ni que ce soit conforme à l’état d’esprit du secrétaire à la défense d’après ce qu’on en sait. D’autre part, l’une au moins des décisions, celle de prévoir un budget pour accélérer la production du JSF/F-35, serait pour le moins prématurée (en cas de succession de Gates par Gates) dans la mesure où la nouvelle administration devra nécessairement faire une revue générale de la situation du Pentagone et prendre des décisions de restriction; dans la mesure, aussi, où cette décision ne semble pas rencontrer l’état d’esprit du Congrès, qui pèsera lourd dans la situation à partir de janvier 2009, surtout si Obama est élu.

Par conséquent, ces décisions de Gates doivent pour l’instant être considérées avec prudence, et peut-être comme une interrogation de plus. D’autre part, l’explication du désordre (celui qui règne au sein de l’administration Bush) peut être aussi avancée. Elle implique que les habitudes de fonctionnement du système sont bouleversées, que chacun tend à jouer un jeu personnel, dans l’espoir d’influer sur les événements.


Mis en ligne le 6 août 2008 à 09H52