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645Si l’on s’en tient aux faits tels qu’ils nous sont rapportés, cette historiette suspecte de surréalisme illustre la suspicion où l’on se trouve qu’il y a un fort degré de paranoïa stupide (ou de stupidité paranoïaque, — au choix) dans l’Occident sous conduite policière et démocratique. Cela se passe au Royaume-Uni, sous la férule du moderniste et fort peu suspect Tony Blair.
Le metteur en scène Michael Winterbottom a tourné un documentaire sur la fameuse station balnéaire de l’U.S. Army sous le titre de “The Road to Guantanamo”. Déjà suspect, ça. Il est allé à Berlin pour recevoir un “Ours” d’argent, au festival cinématographique. Avec lui, se trouvaient des acteurs de son film, qui jouent des Britanniques d’origine arabe détenus à Guantanamo, traités avec toute la sollicitude qu’on sait, relâchés depuis puisqu’on ne savait pas pourquoi on les avait arrêtés.
Hier, on rentrait au Royaume-Uni. A l’aéroport de Luton, les quatre acteurs de “The Road to Guanatanamo” ont été interpellés, et avec eux deux des détenus relâchés de Guantanamo dont ils interprètent la tristement suspecte aventure à l’écran, et qui les accompagnaient à Berlin. Ils ont été interrogés habilement pendant quelques heures, avant d’être relâchés parce que nous sommes en démocratie. Un conseil : si l’on vous propose d’interpréter Hitler ou Landru, méfiez-vous et suspectez-vous vous-même avant d'accepter (non, de refuser!). Cela facilitera la tâche policière.
(Mais sans doute l’habile police de Bedfordshire ne tient-elle pas à notre disposition quelques solides éléments secrets transmis par l’obligeant FBI et qu’elle ne peut nous communiquer, montrant que ces suspects de cinéma pourraient être des suspects tout court. D’ailleurs ils interprètent des suspects qui n’ont été relâchés que du bout des lèvres. C’est bien suffisant pour nourrir la suspicion que tout cela est suspect.)
Quelques détails sur le grotesque fait du jour (du Guardian d’aujourd’hui.)
« In a statement, Rizwan Ahmed said police swore at him and asked if he had become an actor to further the Islamic cause. He said he was at first denied access to a lawyer and was questioned about his views on the Iraq war by a policewoman. “She asked me whether I intended to do more documentary films, specifically more political ones like The Road to Guantánamo. She asked ‘Did you become an actor mainly to do films like this, to publicise the struggles of Muslims?’”
» Mr Ahmed alleged that he had a telephone wrestled from his hand as he tried to contact a lawyer and was later abused. He claimed that one police officer had called him a “fucker”.
» Melissa Parmenter, co-producer of the film, described the detention and questioning as outrageous. »
Mis en ligne le 21 février 2006 à 09H34